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La crise de légitimité ignorée, l’alternance crédible en danger

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La crise de légitimité ignorée, l’alternance crédible en danger

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En misant sur l’échéance de 2016

Le paysage politique et social en RDC est fortement en ébullition et l’on entend l’orage gronder terriblement dans l’air, ce qui est de mauvais augure. La toile de fond qui sous-tend cette effervescence est sans doute le départ constitutionnel de Joseph Kabila à l’issue de son présent second mandat pour les uns, ou son maintien au pouvoir en le gratifiant astucieusement d’une présidence à vie contre vents et marées pour ceux qui gravitent dans son orbite, ses mauvais anges de la cour.

En termes clairs, ceux qui se dissent opposants et adversaires de Joseph Kabila, misent énormément sur l’échéance de 2016, pour laquelle le chef d’Etat actuel ne devrait plus songer à concourir, car constitutionnellement réputé hors concours après deux mandats consécutifs.

Les partisans obséquieux du statu quo qui bataillent avec acharnement pour leur propre bifteck et non pour les beaux yeux de Joseph Kabila, recourent fébrilement à toutes sortes de combines pour le maintien du système converti en présidence à vie.

Les uns et les autres misent uniquement sur cette échéance de 2016, qui devient une question de vie ou de mort. Mais quid alors de la vérité des urnes du scrutin de 2011, qui est pourtant l’équation majeure de la crise de légitimité ?

Comment les opposants (FAC, Sauvons la RDC, Société civile progressiste) entendent-ils résoudre cette crise de légitimité en enjambant la vérité des urnes du scrutin de 2011 dont ils ont étonnamment cessé d’emboucher la trompette, pour tabler désormais uniquement sur l’échéance de 2016 ?

Cette cohorte d’opposants à la mouvance présidentielle avait un seul objectif commun au lendemain de la publication des résultats controversés de 2011, pour lequel tout le monde se battait de concert, à savoir la lutte pour le triomphe de la vérité des urnes en faveur de celui que tous croyaient fermement être le vrai vainqueur du match, en la personne du président de l’UDPS Etienne Tshisekedi. Même l’Eglise catholique semblait s’intéresser à la recherche de l’éclatement de la vérité des urnes selon la volonté du peuple. A preuve cette déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa : ” Les résultats publiés ne sont conformes ni à la justice ni à la vérité “.

A mi-chemin du combat, presque tous ceux qui s’étaient engagés dans cette croisade ont pratiquement jeté lâchement l’éponge. Ils mettent aveuglement et passionnément le cap sur 2016 ! Pour eux, la vérité des urnes serait une page tournée ! Ils se trompent lourdement, et risquent, et risquent d’être rattrapés par leur erreur à l’échéance tant escomptée de 2016.

Des opposants à Kabila mais pas au système

Cette capitulation ignoble joue en faveur des thuriféraires zélés du sérail, car tant que le système actuel qui les abreuve de privilèges et de passe-droits sera tel quel, l’échéance de 2016 sera identique à celles de 2011 et 2006. Le statut quo l’emportera sur l’alternance démocratique.

La redistribution des cartes sera chimérique. C’est cela se dessine à l’horizon, et le pouvoir et ses laudateurs sont peu scrupuleux sur le choix des moyens pour réaliser leur rêve.

A moins que les impérialistes occidentaux tireurs de ficelles en décident autrement, car ce sont eux qui décrètent le sort des dirigeants africains au mépris de la volonté des peuples de ce contient.

Ce qui est en cause et qu’il faut absolument combattre c’est le système mais pas un individu qui l’anime. Les tireurs de ficelles peuvent, au pis allé, provoquer la déchéance d’un animateur devenu encombrant ou un mauvais élève, mais le système restera inchangé.

Ils sont capables de trouver un autre animateur parmi tous ces opposants gueulards, versatiles et corruptibles, qui sera l’intendant de leurs intérêts à la tête du même système. Celui d’autres fois sous le règne de Mobutu, n’est pas différent de celui d’aujourd’hui. C’est pareil au même.

Ils sont opposants à Joseph Kabila mais pas au système. C’est la raison pour laquelle ile sont désintéressés du combat pour le triomphe de la vérité des urnes, n’étant plus préoccupés dorénavant que du départ de l’animateur actuel du système, qu’ils escomptent remplacer en 2016.

Ce ne serait d’ailleurs qu’avec le consentement discret des parrains occidentaux persuadés de la soumission et de la servilité du nouvel animateur à adopter peut être leur a-t-on fait miroiter une nouvelle donne en leur faveur, à condition toutefois de rayer la vérité des urnes de leurs tablettes.

C’est ainsi que ne sont plus désormais à l’ordre du jour de leur combat que le respect de la constitution par le pouvoir, le respect de l’échéance de 2016 et la disqualification de Joseph Kabila qui ne doit plus concourir après son second mandat finissant. Bonsoir la vérité des urnes !

Mais ils risquent d’être rattrapés par cette fausse appréciation des rapports de force, en s’attaquant seulement et essentiellement à l’épiphénomène qui est la partie visible de l’iceberg. Mobutu a disparu sans le mobutisme.

Et le mobutisme qui lui a survécu est cette partie immergée de l’iceberg, le système dont il était l’animateur principal et dans lequel s’empêtrent irrésistiblement tous ses successeurs.

Danger de pérennisation du système

C’est pour préserver ce système que Laurent-Désiré Kabila a été liquidé ignominieusement. C’est pour préserver ce système que les élections de 2006 et 2011 ont été bidouillées délibérément pour barrer la route aux leaders jugés nationalistes et patriotes, capables de restaurer la vrai démocratie et l’Etat de droit dans ce pays.

Ceux qui cherchent seulement à remplacer Joseph Kabila pour assouvir leur soif de pouvoir, sont à considérer comme les continuateurs du système, mis en condition et pistonnés par les impérialistes occidentaux, les maîtres du système. Ils changent les animateurs au mieux de leurs propres intérêts à sauvegarder.

Seul le triomphe de la vérité des urnes du scrutin de novembre 2011 aurait dû provoquer finalement le bouleversement du système, en tant que l’expression de la volonté du peuple souverain.

Abandonner le combat pour l’éclatement de la vérité des urnes, est une façon de souscrire implicitement à la pérennisation du système, ce qui implique l’aliénation de la souveraineté et de l’indépendance aux mains des maîtres impérialistes du système.

C’est accepter qu’ils décident du sort des dirigeants en 2016 comme ils l’ont fait en 2006 et 2011. C’est ça l’évidence à laquelle doivent se rendre ceux des opposants qui misent dorénavant uniquement sur l’échéance de 2016 sans ne préoccuper du changement de système.
Et le changement de système n’a rien à voir avec le départ de Joseph Kabila. Il peut s’en aller, mais le système subsistera toujours.

Par Jean N’saka wa N’saka/ Journaliste indépendante
En misant sur l’échéance de 2016

Par Jean N’saka wa N’saka/ Journaliste indépendante

Le paysage politique et social en RDC est fortement en ébullition et l’on entend l’orage gronder terriblement dans l’air, ce qui est de mauvais augure. La toile de fond qui sous-tend cette effervescence est sans doute le départ constitutionnel de Joseph Kabila à l’issue de son présent second mandat pour les uns, ou son maintien au pouvoir en le gratifiant astucieusement d’une présidence à vie contre vents et marées pour ceux qui gravitent dans son orbite, ses mauvais anges de la cour.
En termes clairs, ceux qui se dissent opposants et adversaires de Joseph Kabila, misent énormément sur l’échéance de 2016, pour laquelle le chef d’Etat actuel ne devrait plus songer à concourir, car constitutionnellement réputé hors concours après deux mandats consécutifs.
Les partisans obséquieux du statu quo qui bataillent avec acharnement pour leur propre bifteck et non pour les beaux yeux de Joseph Kabila, recourent fébrilement à toutes sortes de combines pour le maintien du système converti en présidence à vie.
Les uns et les autres misent uniquement sur cette échéance de 2016, qui devient une question de vie ou de mort. Mais quid alors de la vérité des urnes du scrutin de 2011, qui est pourtant l’équation majeure de la crise de légitimité ?
Comment les opposants (FAC, Sauvons la RDC, Société civile progressiste) entendent-ils résoudre cette crise de légitimité en enjambant la vérité des urnes du scrutin de 2011 dont ils ont étonnamment cessé d’emboucher la trompette, pour tabler désormais uniquement sur l’échéance de 2016 ? Cette cohorte d’opposants à la mouvance présidentielle avait un seul objectif commun au lendemain de la publication des résultats controversés de 2011, pour lequel tout le monde se battait de concert, à savoir la lutte pour le triomphe de la vérité des urnes en faveur de celui que tous croyaient fermement être le vrai vainqueur du match, en la personne du président de l’UDPS Etienne Tshisekedi. Même l’Eglise catholique semblait s’intéresser à la recherche de l’éclatement de la vérité des urnes selon la volonté du peuple.
A preuve cette déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa : ” Les résultats publiés ne sont conformes ni à la justice ni à la vérité “.
A mi-chemin du combat, presque tous ceux qui s’étaient engagés dans cette croisade ont pratiquement jeté lâchement l’éponge. Ils mettent aveuglement et passionnément le cap sur 2016 ! Pour eux, la vérité des urnes serait une page tournée ! Ils se trompent lourdement, et risquent, et risquent d’être rattrapés par leur erreur à l’échéance tant escomptée de 2016.

Des opposants à Kabila mais pas au système
Cette capitulation ignoble joue en faveur des thuriféraires zélés du sérail, car tant que le système actuel qui les abreuve de privilèges et de passe-droits sera tel quel, l’échéance de 2016 sera identique à celles de 2011 et 2006. Le statut quo l’emportera sur l’alternance démocratique. La redistribution des cartes sera chimérique.
C’est cela se dessine à l’horizon, et le pouvoir et ses laudateurs sont peu scrupuleux sur le choix des moyens pour réaliser leur rêve. A moins que les impérialistes occidentaux tireurs de ficelles en décident autrement, car ce sont eux qui décrètent le sort des dirigeants africains au mépris de la volonté des peuples de ce contient.
Ce qui est en cause et qu’il faut absolument combattre c’est le système mais pas un individu qui l’anime. Les tireurs de ficelles peuvent, au pis allé, provoquer la déchéance d’un animateur devenu encombrant ou un mauvais élève, mais le système restera inchangé. Ils sont capables de trouver un autre animateur parmi tous ces opposants gueulards, versatiles et corruptibles, qui sera l’intendant de leurs intérêts à la tête du même système.
Celui d’autres fois sous le règne de Mobutu, n’est pas différent de celui d’aujourd’hui. C’est pareil au même.
Ils sont opposants à Joseph Kabila mais pas au système. C’est la raison pour laquelle ile sont désintéressés du combat pour le triomphe de la vérité des urnes, n’étant plus préoccupés dorénavant que du départ de l’animateur actuel du système, qu’ils escomptent remplacer en 2016.
Ce ne serait d’ailleurs qu’avec le consentement discret des parrains occidentaux persuadés de la soumission et de la servilité du nouvel animateur à adopter peut être leur a-t-on fait miroiter une nouvelle donne en leur faveur, à condition toutefois de rayer la vérité des urnes de leurs tablettes.
C’est ainsi que ne sont plus désormais à l’ordre du jour de leur combat que le respect de la constitution par le pouvoir, le respect de l’échéance de 2016 et la disqualification de Joseph Kabila qui ne doit plus concourir après son second mandat finissant. Bonsoir la vérité des urnes !
Mais ils risquent d’être rattrapés par cette fausse appréciation des rapports de force, en s’attaquant seulement et essentiellement à l’épiphénomène qui est la partie visible de l’iceberg. Mobutu a disparu sans le mobutisme.
Et le mobutisme qui lui a survécu est cette partie immergée de l’iceberg, le système dont il était l’animateur principal et dans lequel s’empêtrent irrésistiblement tous ses successeurs.

Danger de pérennisation du système
C’est pour préserver ce système que Laurent-Désiré Kabila a été liquidé ignominieusement.
C’est pour préserver ce système que les élections de 2006 et 2011 ont été bidouillées délibérément pour barrer la route aux leaders jugés nationalistes et patriotes, capables de restaurer la vrai démocratie et l’Etat de droit dans ce pays.
Ceux qui cherchent seulement à remplacer Joseph Kabila pour assouvir leur soif de pouvoir, sont à considérer comme les continuateurs du système, mis en condition et pistonnés par les impérialistes occidentaux, les maîtres du système. Ils changent les animateurs au mieux de leurs propres intérêts à sauvegarder.
Seul le triomphe de la vérité des urnes du scrutin de novembre 2011 aurait dû provoquer finalement le bouleversement du système, en tant que l’expression de la volonté du peuple souverain.
Abandonner le combat pour l’éclatement de la vérité des urnes, est une façon de souscrire implicitement à la pérennisation du système, ce qui implique l’aliénation de la souveraineté et de l’indépendance aux mains des maîtres impérialistes du système.
C’est accepter qu’ils décident du sort des dirigeants en 2016 comme ils l’ont fait en 2006 et 2011. C’est ça l’évidence à laquelle doivent se rendre ceux des opposants qui misent dorénavant uniquement sur l’échéance de 2016 sans ne préoccuper du changement de système.
Et le changement de système n’a rien à voir avec le départ de Joseph Kabila. Il peut s’en aller, mais le système subsistera toujours.

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