Énième accident naval, dans un pays où les gens sont contraints de voyager par bateau
Par YHR

Onze personnes sont mortes le weekend dans le naufrage d’une baleinière sur la rivière Lukenyi, dans la province du Kasaï. C’est ce qu’a annoncé ce mardi 6 août Dieudonné Pieme, le gouverneur de cette province. Et au moins cinquante personnes sont protées disparues, selon  la même source, soit un bilan de plus de soixante morts !

Les recherches continuent pour retrouver les disparus et des éventuels rescapés

Selon le gouverneur Pieme, les victimes de ce drame venaient, dans leur majorité, du territoire de Kole, dans la province du  Sankuru et se rendaient à Kinshasa. Le gouverneur a précisé que la baleinière avait embarqué plusieurs personnes à Dekese, un territoire du Kasaï et qu’elle a chaviré au niveau d’Oshwe, dans la province du Maï-Ndombe.  L’autorité provinciale du Kasaï fait remarquer que les recherches continuent pour retrouver les disparus et des éventuels rescapés. M. Pieme a dépêché le ministre provincial de l’Intégration communautaire pour porter assistance aux rescapés et établir un bilan définitif du drame.

Baleinières de la mort

Les naufrages sont relativement fréquents en RD Congo, où les quelque 80 millions de Congolais voyagent souvent via les nombreux cours d’eau du pays, le plus important étant le fleuve Congo long de 4.700 km. Des agriculteurs de l’intérieur du pays font jusqu’à 15 jours de bateau pour venir vendre leurs produits agricoles notamment à Kinshasa. L’opérateur public, la société commerciale des transports et des ports (SCTP), l’un des fleurons de la colonisation belge, ne dispose plus d’une flotte suffisante pour desservir le fleuve Congo.

Plus grand pays d’Afrique sub-saharienne (2,3 millions de km2), la RDC ne compte que 3.400 km de routes asphaltées, soit autant qu’un micro-pays comme le Luxembourg. Les baleinières sont des péniches ou de grosses pirogues motorisées, de 15 à 30 mètres de long, sur 2 à 6 mètres de large. Elles  peuvent embarquer jusqu’à 140 tonnes de marchandises et des dizaines de passagers.

Embarcations vétustes, surchargées, mauvais balisage des voies navigables…

Les causes des accidents proviennent de la surcharge des embarcations, du mauvais balisage des voies navigables, de l’absence de signalisation des bateaux et de l’inexpérience des pilotes. La plupart des embarcations, outre le fait qu’ils sont vétustes, ne remplissent aucune condition de sécurité (gilets, bouées de sauvetages, signalisations lumineuses, etc.). De plus, de nombreux Congolais ne savent pas nager. Rien que cette année, plusieurs dizaines personnes sont mortes après que leurs embarcations aient chavirés, que ce soit sur la rivière Mongala, sur le lac Maï-Ndombe ou encore sur le lac Kivu.