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Lutte contre le coronavirus en RDC : On ne peut pas confiner la misère

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Lutte contre le coronavirus en RDC : On ne peut pas confiner la misère

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La gestion de la pandémie de coronavirus, déclarée officiellement en RDC depuis le 10 mars 2020, demeure un véritable casse-tête pour les autorités nationales et provinciales. Des experts sanitaires avaient proposé aux autorités de la RDC d’appliquer la stratégie de confinement total et strict de l’épicentre de l’épidémie qui est Kinshasa, une mégalopole de plus ou moins 15 millions d’habitants dont au moins 80% vivent en dessous du seuil de pauvreté, c.à.d. dans la misère. Ils sont dans l’insécurité alimentaire et vivent dans la précarité au jour le jour.

S’ils ne sortent pas chaque jour pour aller vendre ou se livrer à la débrouille par des petits boulots, ils ne savent pas se nourrir car n’ayant aucune réserve en produits vivriers. Après avoir hésité, les autorités politiques ont rejeté cette option qui présente beaucoup de risques, notamment des éventuelles émeutes de la faim dans une ville-misère où la majeure partie de la population vit au jour le jour.

Elles ont fini par opter pour un confinement partiel de la ville en ciblant le principal centre des affaires, la commune de la Gombe, épicentre de l’épidémie. A l’issue de la période de deux semaines de confinement de la commune de la Gombe, les  autorités nationales et provinciales n’ont pas retenu la proposition des experts de confiner les communes voisines de la Gombe, notamment Kintambo et Ngaliema qui regorgent un nombre assez élevé de cas de Covid-19. Elles ont plutôt opté pour le déconfinement progressif de la Gombe à partir du 20 avril 2020.

Pourquoi les autorités redoutent le confinement total ?

Les autorités se sont rendu compte qu’il n’est pas possible de confiner la misère. Des observateurs avertis estiment que le niveau élevé de pauvreté de la majorité des Kinois ne leur permettra pas de supporter un confinement total ne fût-ce que d’une semaine.

Il y a risque que la plupart des habitants de Kinshasa, poussés par l’instinct de survie, refusent d’obtempérer et sortent chaque jour pour ne pas mourir de faim. Il y a aussi risque que des jeunes de différents quartiers, pour faire face à la pénurie et à la faim, s’organisent en bandes pour piller des dépôts, des magasins ou des boutiques. L’Armée et la Police, compte-tenu de leurs effectifs, ne sauront peut-être pas assurer la sécurité partout en cas d’émeutes de la faim. Des tels scénarios ne sont certes pas souhaitables.

Et pourtant, le confinement des populations des villes, des régions et des pays très affectés par la pandémie de coronavirus est une stratégie qui a donné des résultats encourageants en ce qui concerne l’interruption de la chaine de transmission du virus. Mais ces bons résultats ont été obtenus dans des pays qui ont un niveau de développement économique élevé.

C’est le cas de la Chine, pays d’origine de la pandémie, où toute une région de plus 50 millions d’habitants a été confinée et isolée du reste du pays et du monde pendant près de trois mois. L’Etat chinois, 2ème puissance économique du monde, est intervenu pour secourir les millions de personnes confinées.

L’Afrique du Sud, pays le plus touché d’Afrique, et le Nigeria essayent de copier cette stratégie de confinement strict. Il s’avère que dans ces deux pays, la mise en œuvre du confinement est assez difficile. Des émeutes de la faim ont été signalées dans la ville du Cap en Afrique du Sud alors qu’à Lagos au Nigeria, ville de plus ou moins 20 millions d’habitants, des heurts sont signalés quotidiennement entre des habitants qui violent le confinement pour survivre et les forces de l’ordre.

A Brazzaville au Congo, des commerçants se plaignent du fait qu’en période de confinement et de couvre-feu (20h à 5h), ils constatent en se réveillant le matin que leurs boutiques et magasins sont pillés. Ils soupçonnent des éléments des forces de l’ordre.

Le port obligatoire des masques est aussi efficace que le confinement

Le principal mode de transmission du Covid-19 est la voie aérienne. Lorsqu’une personne infectée parle, tousse ou éternue, des gouttelettes respiratoires contenant le virus sont libérées pour atteindre les personnes qui sont dans son  entourage immédiat et qui peuvent être infectées.

Des chercheurs américains ont indiqué que lorsque des gouttelettes respiratoires sortent de la bouche, elles peuvent rester suspendues dans l’air pendant plusieurs minutes et peuvent être inhalées par une personne qui passe par là. C’est ce qui expliquerait la rapidité avec laquelle le coronavirus se transmet. Ainsi, le port obligatoire des masques est une mesure très efficace pour protéger les personnes non infectées et pour empêcher les personnes infectées de transmettre le virus aux autres.

Le confinement est aussi une mesure efficace, mais elle bloque l’activité économique et plonge des millions de gens dans la précarité.

Par Norbert Tambwe

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