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Pour un conflit foncier dans le secteur de Baluba Lubilanji, Kasaï Oriental : génocide à Katanda !

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Pour un conflit foncier dans le secteur de Baluba Lubilanji, Kasaï Oriental : génocide à Katanda !

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Les villages de Bena Kapuya et Bena Muembia rasés et incendiés par une milice instrumentalisée par un prétendu chef de Bena Nshimba, avec la complicité d’un député provincial
Par DMK

Un génocide est entrain d’être perpétré dans le territoire de Katanda, province du Kasaï Oriental, en plein 21ème siècle, contre les groupements de Bena Kapuya et Bena Muembia, sous l’œil indifférent sinon complice des autorités politico-administratives tant au niveau provincial que national.

Pour preuve, les deux villages habités par près de vingt mille personnes viennent d’être rasés et incendiés par une milice du groupement voisin de Bena Nshimba. La milice auteur de ces actes constitutifs de crimes contre l’humanité serait entretenue par un prétendu chef coutumier répondant au nom de Mutombo Vincent de Paul alias Mbuyamba Konji III et qui bénéficierait du soutien du député provincial Numbi.

Le conflit qui ne date pas d’aujourd’hui, porte sur les terres ainsi que les limites entre les différents groupements de ce secteur de Baluba Lubilanji, dans le territoire de Katanda. Le contentieux a encore dégénéré le 29 août 2020, lorsque le commandant de la police d’intervention rapide locale s’est permis d’aller prendre quelques habitants de Bena Kabeya (village du prétendant chef Mutombo Vincent de Paul)pour que ces derniers cultivent sur la zone neutre créée jadis par le gouvernement suite aux incidents du même genre survenus en 2007.

La petite altercation qui s’en est suivie au sujet de cette zone neutre a curieusement servi de prétexte au prétendant chef Mutombo Vincent de Paul, pour déclarer la guerre aux Bena Kapuya et Bena Muembia. De la parole, le pyromane Vincent de Paul Mutombo qui se comporterait comme sur un terrain conquis à Katanda, est vite passé aux actes. Certains habitants des villages détruits joints au téléphone par notre rédaction lui attribuent notamment la destruction des champs de maïs et des puits d’eau appartenant aux Bena Kapuya et Bena Muembia, sans oublier la source d’eau souillée avec des matières fécales !
Des cas de morts et des disparitions sont déplorés parmi les populations de deux villages rasés.

Fort du soutien du responsable de la police Katanda, le prétendu chef de Bena Nshimba Bena Kabeya a multiplié des actes de provocation jusqu’à la journée fatidique du 02 septembre 2020, lorsque sa milice, sur son instruction, a déterré les poteaux du terrain de jeu des Bena Kapuya.

Profitant ensuite de la confusion ainsi créée, la milice de Bena Nshimba Bena Kabeya, aidée par quelques éléments de la police, a rasé et incendié toutes les habitations et installations sanitaires des Bena Kapuya et celles de Bena Muembia dont les villages sont aujourd’hui réduits en un champ de ruines.

Chronologie des faits

Tout a commencé le 29 août 2020 lorsque l’adjudant Célé, commandant de la police d’intervention rapide basée dans un des villages des Bena Nshimba (à Kalenga Lenga) est allé prendre des habitants de Bena Kabeya (village du prétendant chef des Bena Nshimba, Vincent de Paul Mutombo alias Mbuyamba Konji III pour cultiver dans la zone neutre placée jadis par le gouvernement provincial suite aux incidents du même genre survenus en 2007.

Mais, lorsque les habitants de Bena Kabeya sont arrivés sur les lieux, ceux de Bena Kapuya se sont opposés à ce qu’ils cultivent sur la zone neutre. Une altercation s’en est suivie, mais le gouverneur de province est intervenu pour calmer les deux parties.

Alors que le calme semblait régner à Katanda, le prétendant chef des Bena Nshimba et originaire de Bena Kabeya quittera curieusement la cité de Katanda, chef-lieu du territoire qui porte le même nom, pour se rendre chez les Bena Kabeya avec un tambour qu’on ne joue qu’à l’occasion d’une guerre. En jouant le tambour, le prétendant chef était habillé en tenue traditionnelle et accompagné d’une foule d’habitants de Bena Nshimba Bena Kabeya menaça et insulta les Bena Kapuya, en demandant à ces derniers de quitter ce qu’ils considèrent comme étant leurs terres !

Dans leurs menaces, les Bena Nshimba Bena Kabeya promettaient aussi de transformer le centre de santé construit à Katabua (village de Bena Kapuya) en résidence de leur prétendant chef coutumier! Pacifistes, les gens de Bena Kapuya n’ont pas rétorqué à ces menaces. Curieusement, les provocateurs venus des villages de Bena Nshimba Bena Kabeya se permettront d’ériger des barrières à Bufua, rivière qui sépare la cité de Katanda du village de Katabua, dans le but d’empêcher les habitants de Bena Kapuya de se rendre à la cité de Katanda.

Selon l’une des sources, lors de l’érection de ces barrières, on a déploré des cas d’agression sur quelques habitants de bena Kapuya. Surtout des femmes. Pour preuve, un certain Mukoku qui était parti acheter quelques produits pharmaceutiques à la cité de Katanda a été copieusement tabassé. La victime était même hospitalisée, apprend-on.

Informés de ces incidents, quelques notables locaux de Bena Kapuya et Bena Muembia, deux groupements jumeaux qui entretiennent de bonnes relations depuis toujours sont allés voir le ministre provincial de l’Intérieur pour lui faire part de ces incidents.

Car, la crainte était d’éviter que les élèves des deux villages concernés ne passent pas les épreuves de Tenafep.
Malgré les assurances données par le ministre provincial de l’Intérieur, les élèves de Katabua n’ont pas passé les épreuves de Tenafep à la cité de Katanda. Curieusement on a créé pour eux un centre spécial à Bakwa Kanda, à environ 10 kilomètres de Katabua.

Quant aux élèves de Bena Muembia, ils ont passé les épreuves de Tenafep à Katanda, mais sous forte protection policière.

Escalade d’actes de provocation

Le 02 septembre, la tension monte encore d’un cran, lorsque les habitants de Bena Kapuya constatent, le matin, que leurs champs de maïs ont été ” visités ” nuitamment et complètement ravagés par des inconnus. Le jour suivant, soit le 03 septembre, un autre constat sera fait. Il s’agit de la destruction de leurs puits d’eau. Et comme si cela ne suffisait pas, les assaillants se sont aussi permis de déféquer dans ces puits et tout autour de ces derniers, pour les souiller !

Vers 9 H du matin, le prétendant chef Vincent de Paul Mutombo Mbuyamba Konji III se présentera encore au village de Bena Kapuya, accompagné de sa milice et de quelques éléments de la police. Sur place, la milice de Mutombo Vincent de Paul a déterré les poteaux du terrain de jeu du village de Bena Kapuya. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il s’en est suivi alors une panique généralisée. Dans cette confusion, les habitations de Bena Kapuya ont été complètement rasées et incendiées par la bande à Mutombo Vincent de Paul.

Un jour après cette attaque, le fameux Mutombo reviendra sur les lieux du crime avec sa milice pour parachever son œuvre diabolique de destruction du village de Bena Kapuya. Le vendredi vers 11H, Mutombo accompagné de sa fameuse milice, vont se rendre au village de Bena Muembia où ils ont tout détruit et incendié tout sur leur passage. Si bien que Bena Kapuya et Bena Muembia sont devenus des villages fantômes.

Les habitants de ces deux villages ont tout perdu et vivent actuellement à la belle étoile, à la merci des intempéries, alors que la province du Kasaï Oriental est déjà en pleine saison. Ce qui constitue un grand drame humanitaire, quand on sait que près de dix mille personnes de différents âges vivaient dans les deux villages aujourd’hui rasés. Et les plus vulnérables de ces villageois sont les femmes, enfants, et les personnes de troisième âge.

Les villages détruits réclament justice !

Au moment où nous mettons sous presse cette édition, diverses sources jointes par téléphone indiquent que les populations de ces deux villages vivent encore à la belle étoile en brousse, sans la moindre assistance humanitaire de la part des autorités provinciales.

Plus grave encore, le Gouverneur de province, M. Maweja, n’est jamais descendu sur les lieux pour tenter de restaurer la paix à Katanda, ni consoler les habitants des deux villages rasés et incendiés. Un cas flagrant de non assistance à personnes en danger !

Face à ces actes constitutifs de crimes contre l’humanité, plusieurs voix s’élèvent parmi les notables originaires de Bena Kapuya et Bena Muembia, et même dans divers milieux du Grand Kasaï au pays comme à l’étranger, pour condamner cette barbarie et exiger une enquête indépendante sur ce drame, afin que les auteurs et commanditaires de ces actes répondent de leurs forfaits devant la justice.

Certains notables Bena Kapuya et Bena Muembia contactés disent aussi attendre des explications claires du ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité au sein du Gouvernement dirigé par le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba.
Pour rappel, les groupements de Bena Kapuya et Bena Muembia, à l’instar de celui de Bena Nshimba, font partie du secteur de Baluba Lubilanji, territoire de Katanda, dans la province du Kasaï Oriental.

Si les Bena Kapuya ont toujours entretenu de bons rapports avec leurs voisins de Bena Muembia, ces deux groupements sont souvent l’objet des attaques de la part des Bena Nshimba.

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