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24 avril 1990 – 24 avril 2021: 31 ans de démocratie en dents de scie

A la une La Tempête des Tropiques Nation POLITIQUE

24 avril 1990 – 24 avril 2021: 31 ans de démocratie en dents de scie

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Par LM

« Comprenez mon émotion ! ». Cette courte phrase est restée gravée dans la mémoire des Congolais qui ont vécu, en direct de la N’Sele, le passage du monopartisme au multipartisme, sous le maréchal Mobutu qui a fondu en larmes devant le monde entier, sentant, sans nul doute, sa fin prochaine.

C’était un certain 24 avril 1990. Le vent de la démocratie avait soufflé sur le continent africain, et le président de la République du Zaïre n’y a pas pu résister. Du coup, l’Udps qui évoluait depuis 1980 dans la clandestinité, s’est dévoilée au grand jour. C’était la première victoire du peuple zaïrois de l’époque face au dictateur Mobutu, secoué également par l’Opposition incarnée par Etienne Tshisekedi de l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps).

A peine les activités politiques libéralisées, Mobutu a repris avec les vieilles habitudes de la dictature, en continuant de martyriser sa propre population. Des marches pacifiques étaient réprimées dans le sang, la conférence nationale guillotinée, la classe politique prise en otage…

Il a fallu attendre le 17 mai 1997 pour voir M’Zée Laurent-Désiré Kabila balayer, d’un revers de la main, 32 ans de dictature du régime Mobutu. Un semblant de démocratie s’est installée, la population s’est sentie « libérée » par l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo.

La page Mobutu tournée, M’Zée a suspendu toutes les activités politiques, emprisonné des acteurs politiques, relégué d’autres dans leur coin d’origine… C’était un véritable recul de la démocratie sous Laurent-Désiré Kabila. Ce dernier a été assassiné le 16 janvier 2001, près de quatre ans après sa prise de pouvoir par les armes.

Joseph Kabila accède au pouvoir le 26 janvier 2001. Dans ses premiers actes, l’opinion a senti une certaine volonté de changer les choses et de faire un bond en avant vers la démocratie. Le premier signal était lors de son premier discours d’investiture, quand il a promis de dialoguer avec toutes les composantes qui se battaient en République démocratique du Congo, réunifier le pays, le pacifier, et organiser des élections « auxquelles je ne participerai pas ».

Après la fin du dialogue intercongolais, le pays était dirigé sous l’architecture 1+4. Symbole de l’unité du pays.
C’est après les élections de 2006 que Joseph Kabila a fait un virage à 190°. L’homme s’est totalement transformé. L’agneau s’est mué en lion. Le tigre a sorti ses griffes. La dictature a repris de plus belle en République démocratique du Congo. Des opposants ont été soit poussés à l’exil, soit arrêtés, ou encore assassinés.

Il a organisé une parodie des élections dont il a été vainqueur, des résultats contestés aussi bien par des Congolais que par des structures chargées d’observer l’organisation des scrutins. Journalistes interpellés, incarcérés, les droits de l’homme bafoués, la liberté d’expression en péril… c’est à cela qu’a ressemblé le paysage politique congolais jusqu’en 2018, lors des élections remportées par Félix Tshisekedi.

Ce dernier a fait de l’Etat de droit et de la démocratie son cheval de bataille. Pour la première fois, on a vu des hauts placés du régime répondre de leurs actes devant la justice et être condamnés. L’Inspection générale des finances (IGF) est mise sur pied pour traquer les criminels économiques. On ne plus parler de l’impunité durant ce régime.
Tout n’est pas encore parfait. La démocratie s’installe au fur et à mesure, mais beaucoup reste à faire. Fatshi a donné le ton. Il ne reste plus qu’à ses collaborateurs de l’accompagner dans sa vision pour que « Le peuple d’abord » ne soit pas un simple slogan.