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Tanganyika : l’insécurité grandissante à Nyunzu

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Tanganyika : l’insécurité grandissante à Nyunzu

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Par GKM

La situation sécuritaire autour de la localité de Kisengo, au nord de Nyunzu, reste toujours préoccupante. L’incursion d’un groupe armé vers fin juillet avait entrainé le déplacement d’environ 10 000 personnes des villages environnants vers Kisengo, note le Bureau de coordination des affaires humanitaires des nations unies (Ocha).

Depuis lors, les familles continuent de se déplacer : plusieurs ménages dont le nombre n’est pas encore connu se sont dirigés vers un site spontané à Kabeya Mayi qui abrite déjà près de 1 600 déplacés d’avril 2021. Selon des sources humanitaires, d’autres personnes se sont dirigées vers la cité de Nyunzu.

Cet afflux de personnes déplacées à Kisengo risque d’exercer une pression démographique ainsi que sur les moyens d’existence limités des populations hôtes dans cette localité qui compte environ 16 000 habitants, note Ocha. Dans le nord du territoire de Kalemie, environ 4 260 personnes ont été également contraintes d’abandonner, vers mi-août, leurs domiciles à cause des attaques armées dans les villages de Kabindi, Kateke et Mojomoja.

Lors de ces incidents, plus de 220 maisons ont été incendiées et des civils tués. Six femmes ont également été violées et d’autres enlevées, fait savoir Ocha. A l’heure actuelle, les déplacés sont installés dans un site spontané, entre les localités de Rogo et Kasenge (à environ 5 km de distance entre les deux villages).

La majorité d’entre eux étant des femmes et enfants, leur situation risque de se détériorer davantage, surtout en cette période de pluie, si une assistance d’urgence n’est pas fournie, alerte ocha. La population de ces villages d’accueil est estimée à environ 4 750 habitants. Le nombre de déplacés représente près de 90% de la population des villages d’accueil. Tout comme les déplacés, la population locale exprime aussi des besoins énormes.

Les ménages manquent de nourriture, d’articles ménagers essentiels, d’eau potable et n’ont pratiquement pas accès aux soins médicaux. La protection constitue aussi un défi, car cette partie du territoire subit les violences dues à l’insécurité causée par les groupes armés. La Croix-Rouge locale cible les déplacés et populations hôtes vulnérables pour une assistance en articles ménagers essentiels.

Mouvement des populations à Kongolo

Environ 23 000 personnes ont fui, depuis octobre 2020, leurs villages répartis dans le territoire de Kabambare (Maniema) et ont trouvé refuge à Kongolo, à cause des activités des hommes armés. 13 500 d’entre eux sont arrivés de Kabambare entre mai et juillet 2021, d’après une évaluation humanitaire inter agence conduite par OCHA en fin juillet 2021.

Des besoins humanitaires sont énormes auprès des déplacés : manque de nourriture, d’eau potable, de soins médicaux et d’articles ménagers essentiels. D’après la mission, plus de 240 femmes et filles de plusieurs localités du nord de Kongolo ont été violées, près de 20% des cas sur mineures, au premier semestre de cette année. A la même période, environ 160 femmes ont été enlevées durant plusieurs jours à des fins d’esclavage sexuel.

A ce jour, seule la Caritas via Catholic Relief Service (CRS) a distribué à quelques 9 500 déplacés de 2020 des
vivres et articles ménagers essentiels, mais cette assistance n’avait ciblé qu’une partie d’entre eux, faute de ressources disponibles. Le HCR, à travers ses partenaires locaux, vient d’installer une maison d’écoute pour une prise en charge psychologique des survivantes de violences sexuelles dans une localité du nord de Kongolo.

La communauté humanitaire continue à faire son plaidoyer pour que la protection des civils soit assurée et la sécurité restaurée de façon générale au nord de la province pour permettre une intervention humanitaire efficace.

Une réponse humanitaire s’organise

Du 11 au 17 août dernier, la Caritas Manono a appuyé près de 6 500 personnes retournées en articles ménagers essentiels dans les groupements Kazingu et Kayumba (axes Kiambi – Kizungu et Kaimbi – Kayumba), de la zone de santé de Kiambi (Territoire de Manono). En juin dernier, ACTED avait aussi fourni le même type d’assistance à environ 9 200 retournés sur les axes Mbayo – Kitendu et Kiambi – Nsange.

Au 30 juin 2021, la Zone de Santé de Kiambi abritait environ 35 000 retournés qui nécessitent une réponse humanitaire, selon la Commission Mouvement de Populations (CMP). Actuellement, environ 9% d’entre eux ont bénéficié d’une assistance en articles ménagers essentiels. Les ONGs CONCERN, Médecins d’Afrique et AVSI mènent aussi des projets de résilience et d’urgence dans les secteurs de la nutrition et de la santé qui couvrent 18 des 26 aires de santé.

Le manque de financement est la principale entrave à la fourniture d’assistance en faveur de ces personnes retournées touchées pour la plupart par la faim et le manque de moyens de subsistances. Le territoire de Manono est actuellement frappé par une insécurité alimentaire sévère (phase 4 sur une échelle de 5), selon les derniers résultats de l’évaluation de la sécurité alimentaire (IPC 19ème cycle). Plus de 365 210 personnes sont actuellement menacées d’insécurité alimentaire aiguë. Plus de 162 315 personnes (soit 44% de la population) sont considérées comme « les plus vulnérables ».