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Bukanga-Lonzo : Matata Ponyo dès aujourd’hui devant la cour constitutionnelle

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Bukanga-Lonzo : Matata Ponyo dès aujourd’hui devant la cour constitutionnelle

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Son avocat français conteste la compétence de cette juridiction
Par YHR

Le procès de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon, soupçonné de détournement de fonds publics sur le projet agro-alimentaire de Bukanga-Lonzo, s’ouvre aujourd’hui lundi 25 octobre à 10 heures devant la Cour constitutionnelle. C’est ce qu’a fait savoir sa défense, qui conteste la compétence de cette chambre. ” Il y a un problème de compétence “, a notamment indiqué à l’Agence Français Presse (AFP) Maitre Antoine Vey, avocat français de l’incriminé.

Ce dernier est appelé à prendre au sérieux cette affaire. Lavé de tout soupçon dans l’affaire de zaïrianisation mais Matata restait à la disposition de la justice du fait qu’un délai de trois mois était accordé aux victimes de se manifester. C’est fort de cette brèche trouvée pertinente au Sénat que Matata se trouve devant la Cour constitutionnelle avec Patrice Kitebi, son ancien ministre, et le Sud-Africain Glober Christe.

Dans le collimateur de l’IGF

Aujourd’hui sénateur, Matata Ponyo a été ministre des Finances du 19 février 2010 au 18 avril 2012. Il exerce comme Premier ministre de 2012 à 2016, sous le régime de l’ex-président Joseph Kabila Kabange.
C’est en novembre 2020, l’Inspection Générale des Finances (IGF) conclu dans un rapport que 205 millions de dollars américains, sur 285 millions décaissés par le Trésor public pour le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, un projet pilote dans la province du Kwilu, à 250 kilomètres au sud-est de Kinshasa, avaient été détournés. L’ancien locataire de l’Hôtel du Gouvernement se voyait nommément mis en cause, comme ” auteur intellectuel ” du délit.

Sollicités par la justice, les sénateurs congolais s’étaient alors prononcés contre des poursuites visant l’homme à l’éternelle cravate rouge dans cette affaire, évoquant l’immunité parlementaire de l’ancien Premier ministre. Le 5 juillet, six membres du bureau du Sénat ont consenti à une demande du procureur près la Cour constitutionnelle de lever l’immunité parlementaire du sénateur Matata Ponyo pour une autre affaire judiciaire.

L’ancien Premier ministre avait alors comparu devant la Cour constitutionnelle pour des soupçons de détournement de fonds destinés à payer les créanciers de la “Zaïrianisation”, une mesure d’expropriation sans indemnisation d’entrepreneurs étrangers décidée en 1973 par le dictateur Mobutu Sese Seko.

En résidence surveillée

A l’issue d’une audience, le parquet près la Cour constitutionnelle avait décidé le 13 juillet de placer le sénateur Matata Ponyo en résidence surveillée avant de revenir sur cette décision le lendemain.
Augustin Matata Ponyo Mapon est né le 5 juin 1964 à Kindu, chef-lieu de la province du Maniema. Il commence ses études à l’école primaire Mwanga (ex Saint-Gaston) en 1970 à Kindu. Il obtient son certificat en 1976 de l’école primaire à l’école Tuendelee, dans la même ville.

En 1983, l’adolescent décroche son diplôme d’État à l’Institut Bwindi à Bukavu, en section commerciale et administrative. La même année, il commence ses études à l’université de Lubumbashi , où il obtient son diplôme de graduat en sciences économiques en 1986. Matata rejoint la même année l’université de Kinshasa (Unikin), qui le proclame en 1988 licencié en sciences économiques, option économie monétaire et internationale.

Parcours de Mapon

Sa carrière professionnelle commence la même année au sein de la Banque centrale du Congo (BCC) comme économiste. Le jeune homme s’y occupe notamment de la politique du crédit à la direction du crédit, puis de la monnaie et des comptes nationaux à la direction des études. Il est membre du comité de politique monétaire et effectue plusieurs stages de perfectionnement, notamment à la Banque de France, à la banque centrale du Pérou, au Fonds monétaire international, et dans plusieurs autres pays et institutions. Il voyage beaucoup dans le cadre des réunions internationales, où l’économiste représente son pays.

De 2000 à 2003, Matata Ponyo est conseiller au ministère des Finances, chargé des questions macro-économiques et des relations avec les institutions internationales. Il travaille étroitement à la création du Bureau central de coordination (BCECO), dont il devient le premier président du comité de pilotage. En octobre 2003, il en est nommé directeur général. C’est en février 2010 qui il prend les commandes du ministère des Finances.

Il convient d’indiquer que son successeur au BCECO a été condamné le 21 septembre à 10 ans de prison ferme pour avoir surfacturé dans la construction de la centrale hydroélectrique de Bukanga-Lonzo et perpétré un détournement de 5 millions de dollars américains de TVA autour du même projet. Trois anciens ministres du gouvernement dit des surdoués qu’il dirigeait l’ont aussi reconnu comme le grand responsable du fiasco de ce projet pilote.