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Soudan: l’arbitrage de Kinshasa paye!

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Soudan: l’arbitrage de Kinshasa paye!

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Le Premier ministre Hamdok réhabilité, mais la rue maintient la pression
Par GKM

Près d’un mois après avoir été écarté par un coup d’Etat, le Premier ministre soudanais de transition est rétabli dans ses fonctions.
Cette réhabilitation est le fruit du ballet diplomatique activé par Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, président de la RDC et président en exercice de l’Union Africaine, qui a dépêché des émissaires à Karthoum et dans d’autres pays de la région, en vue de la résolution de la crise politique soudanaise un mois après le coup d’Etat militaire.

Après ce coup de force, le président congolais avait envoyé des émissaires, entre autres le Vice-premier ministre et ministre des Affaires Etrangères Christophe Lutundula Apala, dans la région. La crise politique au Soudan a été également au centre des échanges lors du Sommet de G20, en Italie, entre Félix Tshisekedi et le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinkin, pour le retour au régime civil avec la réhabilitation du premier ministre déchu, Abdallah Hamdok.

La légalité a fini par être rétablie. Le Premier ministre déchu retrouve son poste. Et, la signature d’un accord avec les militaires a été suivie d’une déclaration faite dimanche dernier après-midi, au palais présidentiel, à Khartoum.  

La rue ne décolère pas

L’accord trouvé entre le Premier ministre Abdallah Hamdok et l’armée n’a pas calmé la colère des manifestants. Des milliers de personnes continuent à manifester dans les rues de plusieurs villes, pour exiger un gouvernement composé uniquement des civils.
De leur côté, les organisations qui avaient mené la révolte de 2019 ayant mis fin à 30 ans de dictature militaro-islamiste du général Omar el-Béchir, ont déclaré leur refus de l’accord en le qualifiant d’ « accord des traîtres qui n’engagent que ses signataires», selon les termes de l’Association des professionnels soudanais.

Le fer de lance de la contestation de 2019 va jusqu’à accuser le Premier ministre Abdallah Hamdok de «suicide politique».
À Khartoum, le cortège de manifestants , qui tentait d’avancer vers le siège des autorités, a été dispersé par la police à coups de grenades lacrymogènes et de tirs.

L’armée sort gagnant

Abdallah Hamdok et le général Abdel Fattah al-Burhan se sont engagés à «remettre sur les rails» la transition vers la démocratie. L’armée a par ailleurs accepté de libérer tous les détenus politiques, sans préciser de date ni revenir sur les termes de l’accord constitutionnel signé avec les révolutionnaires en 2019, après la chute d’Omar el-Béchir.

Mais les détails restent flous. Beaucoup s’interrogent sur le pouvoir de décision dont disposera désormais le Premier ministre. Selon la chercheuse soudanaise Kholood Khair, l’accord est favorable à la junte, qui n’y fait pas de réelles concessions. «La junte a réalisé qu’elle n’avait pas d’argent et pas de légitimité. Les militaires ont décidé de ramener  Abdallah Hamdok pour  blanchir le coup d’Etat.

Tout en donnant l’impression de faire un compromis, ils conservent ainsi la main sur le pouvoir, pour éviter de devoir rendre des comptes et conserver leurs intérêts économiques», explique la chercheuse. L’accord conclu ce dimanche va inévitablement diviser le mouvement d’opposition, entre ceux qui prônent la stabilité et ceux qui ne veulent plus des militaires sur la scène politique soudanaise.

La communauté occidentale qui avait condamné la prise de pouvoir par les militaires et suspendu des centaines de millions de dollars d’aide, pourrait, quant à elle, s’accommoder de ce compromis. À Khartoum, la rue craint de ne devoir compter que sur elle-même.

Prudence de la communauté internationale

Pendant que les grands alliés arabes de l’armée soudanaise, l’Egypte et l’Arabie saoudite, saluent l’accord, les Etats-Unis se disent «encouragés». Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken appelle les forces de sécurité soudanaises à «s’abstenir de recourir à une force excessive contre les manifestants pacifiques».

Sous la présidence tournante de Félix Tshisekedi, l’Union Africaine qui a suspendu le Soudan après le putsch, parle d’un « pas important vers le retour à l’ordre constitutionnel», tandis que la Norvège, membre de la Troïka à la manœuvre au Soudan, «salue le retour de M. Hamdok» et appelle à «des mesures concrètes pour construire la confiance».