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Au terme d’une journée de réflexion organisée à Kinshasa: le CERJI lance un groupe de travail sur les peuples autochtones pour accompagner leurs plaidoyers

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Au terme d’une journée de réflexion organisée à Kinshasa: le CERJI lance un groupe de travail sur les peuples autochtones pour accompagner leurs plaidoyers

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Par GKM

Le Centre d’Echanges pour des Réformes Juridiques et Institutionnelles (CERJI), une institution indépendante et apolitique engagée dans la lutte contre les violations graves des droits humains et du droit international humanitaire et qui milite pour la mise en place des mécanismes de Justice Transitionnelle en RDC, a organisé un atelier d’échanges sous le thème ” Justice transitionnelle en RDC : Quels types de réparations octroyer aux peuples autochtones victimes des crimes internationaux, des violations graves des droits humains et du droit international humanitaire ? “.

Cette activité importante et première en RDC a été appuyée par ” International Funders for Indigenous Peoples ” (IFIP), dans la petite salle des conférences du Centre culturel Boboto, commune de la Gombe, en présence de plusieurs experts venus des ministères de la Justice, des Droits humains, de l’Agriculture, Développement Rural… et des représentants des organisations de la société civile ainsi que des pygmées.

Faire un diagnostic sérieux des situations des peuples autochtones

En organisant cette journée d’échanges et de réflexion, il était question pour le CERJI d’enrichir l’analyse contextuelle des crimes et violations dont les peuples autochtones sont généralement victimes, notamment sur les plans politique, social, économique et culturel.
Il était également question d’amorcer les possibles mécanismes de réparations pouvant compenser à suffisance les préjudices subséquents aux crimes dont les peuples autochtones ont été victimes ou dont ils continuent à être victimes en RDC en vue de mettre en place un groupe de travail sur ” les peuples autochtones et la justice transitionnelle en RDC “.

Puis élaborer une ébauche d’un plan de travail dudit groupe et de plaidoyer pour une implication active des peuples autochtones dans les processus de justice transitionnelle en RDC, spécialement pour ce qui est des réparations. C’était une occasion pour les participants à cet atelier de passer en revue les difficultés auxquelles font face les peuples autochtones à travers 21 provinces de la RDC où ils se trouvent. D’où la mise en place par le CERJI en vue d’accompagner les plaidoyers des peuples autochtones de la RDC ; à savoir les pygmées.

Ils ont débattu sur les défis majeurs liés à la participation des peuples autochtones à la pratique de la justice transitionnelle en RDC, défis majeurs liés aux réparations des crimes graves dont ils sont continuellement victimes et proposer des solutions adéquates, souples, réalistes, réalisables et durables en vue de défendre et promouvoir les droits des peuples autochtones.

A en croire Me Charles Mushizi, directeur national de CERJI , nonobstant leur préséance d’occupation des terres, les peuples autochtones sont souvent ” exclus des processus décisionnels ” dans les Etats régis par des principes d’une gouvernance ” moderne “. Il a fait savoir que certains d’entre eux sont marginalisés, exploités, assimilés par la force et même de fois soumis à la répression, à la torture et aux traitements cruels et dégradants, notamment lorsqu’ils osent revendiquer leurs droits.

Me Charles Mushizi a indiqué que les discriminations et les violences auxquelles font face les peuples autochtones sont soumises parfois par la tendance à les dominer et à les asservir sur le plan politique et même sur le plan socioculturel par les bantous.
La destruction de leur logis naturel, la privation des terres, les actes de violences y compris sexuelles, les assassinats et tueries, la privation du droit à la scolarisation et à l’occupation des fonctions au sein de l’administration publique, etc. sont parmi les violations graves des droits humains dont ils sont continuellement victimes, notamment dans la province du Tanganyika.

Pour lui, l’implication des peuples autochtones dans des réflexions sur la pratique de la justice transitionnelle trouve sa justification au regard de ce contexte des violations dont ils sont continuellement victimes. La conduite de cette réflexion trouve davantage sa justification dans le fait qu’entretemps tous ces crimes demeurent, presque tous, peu documentés et surtout impunis.

Se référant aux mécanismes de la justice transitionnelle dont CERJI s’est engagé il y a plusieurs années, Me Charles Mushizi affirme sans ambages que les peuples autochtones ont aussi, en premier lieu, droit, comme toutes les autres victimes, à la vérité, à la justice, aux réparations et aux garanties de non-répétition.

D’après le Directeur national de CERJI, le recours à ces mécanismes spécifiques est ensuite consécutif de la nature des violences que les peuples autochtones subissent, qui sont tout à la fois graves et systématiques, notamment sur l’île d’Idjwi, dans le Bunyakiri, dans l’ancienne province de l’Equateur, dans la province de Tanganyika.

” Il faut, non seulement leur rendre Justice de manière individuelle, mais aussi collective pour des préjudices subséquents aux violations à caractère massif ou, même sans être massif, mais dont les effets préjudiciables ont atteint l’une ou l’autre de leurs communautés “, préconise Me Mushizi.

Vivement l’implication de tous à tout le niveau

De manière générale, l’analyse des questions liées à la justice transitionnelle nécessite d’entrecroiser les disciplines en mêlant au droit, la science politique, l’histoire et la psychologie, note Me Charles Mushizi. En raison de cette interdisciplinarité, la journée de réflexion a intégré des interventions magistrales de différents experts venant de plusieurs domaines scientifiques comme Pablo Muke qui a fait sa communication sur le cadre général de la justice transitionnelle et Bruno Bahati qui a fait un bref aperçu sur les droits des peuples autochtones dont les pygmées.