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1923-2023 : Ousmane Sembène aurait eu cent ans

Cinéma CULTURE & MEDIA La Tempête des Tropiques

1923-2023 : Ousmane Sembène aurait eu cent ans

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L’écrivain, réalisateur et scénariste sénégalais Ousmane Sembène aurait eu cent ans cette année. En effet, l’homme est né le 1er janvier 1923 à Ziguinchor, Sénégal et il est mort le 9 juin 2007 à Dakar . L’artiste a signé des œuvres tant littéraires que cinématographiques figurant parmi les classiques tant de la littérature que du cinéma africain. Il y a notamment les romans ” Ô pays, mon beau peuple ” paru en 1957, retraçant la vie d’Oumar Faye, vétéran sénégalais de la seconde guerre mondiale qui rentre d’Europe avec à son bras une épouse française. De quoi susciter la haine des colons. Il y a aussi ” Les Bouts de bois de Dieu “, paru en 1960, avec pour sujet principal la grève des cheminots africains de la ligne Dakar-Niger, du 11 octobre 1947 au 19 mars 1948. ” Voltaïque ” est un recueil de nouvelles, paru en 1962.

Double casquette

Dans ” Le Mandat “, datant de 1965, on suit Ibrahim Dieng, Dakarois nanti de deux femmes et sept enfants, qui ne peux pas toucher un mandat postal de son neveu vivant en France, car il ne possède pas de papiers d’identité. Il s’agit d’une critique de la nouvelle bourgeoisie sénégalaise, apparue avec l’indépendance. Il adaptera personnellement son livre dans un long-métrage éponyme, sorti deux ans plus tard. Car depuis quelques années, le Sénégalais a appris à manier la caméra.

Critiques tant des sociétés africaines qu’occidentales, ses films lui vaudront d’ailleurs quelques déboires. Ainsi son opus ” Ceddo ” datant de 1979, est interdit de sortie au Sénégal par le président Léopold Sédar Senghor, qui justifie cette censure par une ” faute ” d’orthographe : le terme ” ceddo ” ne s’écrivant (d’après lui) qu’avec un seul ” d “. Le président-poète voulait sans doute de ne pas heurter les autorités religieuses, notamment musulmanes.

Un élément turbulent

Sembène relate dans son film la révolte à la fin du XVIIe siècle des Ceddos, guerriers traditionnels aux convictions animistes, qui refusaient de se convertir à la religion musulmane. Il attaque ainsi avec virulence les invasions conjointes du catholicisme et de l’islam en Afrique de l’Ouest et leur rôle dans la désagrégation des structures sociales traditionnelles, avec la complicité de certains membres des aristocraties locales.

En 1988, son film ” Camp de Thiaroye “, en dépit du prix spécial du jury reçu au Festival de Venise, ne sort pas en France. Ce long-métrage est un hommage aux tirailleurs sénégalais, massacrés en 1944 par l’armée coloniale française. Le film sera finalement diffusé en France, mais seulement dans quelques salles, en 1998.