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Vacance du siège apostolique 2025 : Ces Africains bien placés pour succéder à François

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Vacance du siège apostolique 2025 : Ces Africains bien placés pour succéder à François

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Par Armando Mananasi

La nouvelle de la mort du Pape François a ému des millions de fidèles catholiques à travers le monde. Pendant cette période dite «Apostolica Sedes Vancas», des obsèques sont organisées pendant neuf jours et la dépouille mortelle de l’Evêque de Rome a été même exposée du lundi à mardi, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, cadre dans lequel, ses proches collaborateurs et les membres de la Curie ont pu se recueillir en toute intimité.

Après, un délai de 15 à 20 jours, tel que fixé par la constitution du Vatican, un conclave sera organisé à huit clos dans la chapelle Sixtine sous la direction du doyen des cardinaux, le cardinal Giovanni Battista Re. Lors de ce conclave, les électeurs, auront la lourde tâche d’élire le nouveau Saint-Père de l’Église catholique. Et c’est dans ce cadre que plusieurs noms des princes de l’Église africaine circulent parmi les potentiels successeurs de l’ancien Archevêque de Buenos Aires, à la tête de la Curie romaine.

Fridolin Ambongo, le juste milieu

Pour plusieurs analystes, le cardinal Fridolin Ambongo Besungu est bien parti pour devenir le premier Pape africain de l’ère moderne. En effet, l’archevêque de Kinshasa nommé cardinal, au titre cardinalice de «Cardinal-prêtre de San Gabriele Arcangelo all’Acqua Traversa» en 2019 par le Pape François, représente l’équilibre entre les Progressistes et les Conservateurs dans l’Église. Très proche de François, Fridolin Ambongo, actuel président du Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) était très proche du souverain Pontife «Progressiste», qui l’a nommé membre du conseil des Cardinaux, un conseil qui constitue, en quelque sorte, le gouvernement de l’église catholique. Mais ce prélat de l’ordre religieux de «Frères mineurs capucins» s’est fait un nom dans le milieu Conservateur après avoir signé, au nom du SCEAM, une note contre la «Fiducia supplicans», une déclaration pontificale qui permet «de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage». Avec des partisans dans chaque camp, le Cardinal Ambongo est donc mieux loti pour devenir le 267ème pape de l’Église catholique.

Robert Sarah, «l’opposant»

Le cardinal guinéen, ultra-conservateur Robert Sarah, 79 ans, est aussi cité parmi les possibles futurs papes. Nommé archevêque de Conakry en 1979 par Jean-Paul II, à seulement 34 ans, ce prélat originaire de la Guinée est un traditionaliste, nommé cardinal en 2010 par Benoît XVI.

Reconnu comme un opposant farouche à toute réforme de l’église sous François, il a contesté ouvertement les réformes initiées par le Saint-Père, sous l’impulsion des Progressistes, comme en 2015, où François avait convoqué un synode sur la famille. Alors que ce synode devait traiter de la question du célibat des prêtres et celle des couples divorcés, Robert Sarah réunira, dans une petite salle, 51 évêques opposés à cette initiative avec pour objectif, tuer cette réforme dans l’œuf. C’est ainsi que, sous l’impulsion de celui qui est considéré comme le chef naturel de la faction conservatrice au sein de la Curie, le synode convoqué par Pape François sera un échec !

Il s’était retrouvé, après, mêlé à une polémique après la sortie d’un livre défendant avec force le célibat des prêtres, thème brûlant de l’Église, cosigné avec le pape émérite Benoît XVI !

Peter Kodwo Appiah Turkson, «l’outsider»

Issu d’un petit village du Ghana, Peter Kodwo Appiah Turkson pourrait devenir le premier pape d’Afrique subsaharienne. Doté d’une longue expérience pastorale et vaticane, il est également un bon communicant. Il a été nommé cardinal en 2003, puis président du Conseil pontifical justice et paix, conseiller du pape sur des sujets comme le climat. En 2021, il a démissionné de son poste et a été nommé à la tête des académies pontificales des sciences et des sciences sociales. En 2023, il déclarait prier «contre» son élection, mais ses détracteurs l’accusent de faire campagne à travers ses apparitions médiatiques.

A noter que Mgr Turkson parle six langues et s’est rendu à plusieurs reprises au Forum économique mondial de Davos pour alerter les chefs d’entreprise des dérives de l’économie libérale.

Dieudonné Nzapalainga, «l’homme de la paix»

Né le 14 mars 1967 à Bangassou en République centrafricaine (RCA), l’Archevêque de Bangui connaît bien Rome et la Curie pour avoir été père synodal lors la troisième assemblée des évêques sur la famille (2014) et comme membre de la congrégation pour l’évangélisation des peuples. Il est proche du pape François pour l’avoir accueilli à Bangui lors de son tout premier voyage en Afrique, en 2015. Avec son pour le dialogue interreligieux et la paix il a mené beaucoup d’activités saluées par l’Eglise notamment les pourparlers pour la libération de la travailleuse humanitaire française Claudia Priest et la création de la plateforme de paix interreligieuse, fondée avec l’imam et le pasteur de Bangui. Lors de la réception du prix Sergio Viero de Mella, le cardinal Dieudonné Nzapalaingaa a dit «Faire la paix, c’est marcher à travers la brousse, franchir une rivière en pirogue, essuyer des rafales de tirs… et tenter, par des mots, de toucher le cœur d’un général rebelle dérangé en plein repas afin d’épargner des vies»

Il sied de noter cependant que les Cardinaux africains sont loin d’être les seuls favoris à la succession de François à la tête de l’Eglise. En effet, dès son vivant alors que la santé de François ne cessait de se détériorer, plusieurs noms circulaient en parallèle de noms africains. Il s’agit notamment de l’archevêque Robert Francis Prevost des USA, dont le Vice-président, JD Vance a été le dernier officiel à échanger avec François !

Il y a également le Cardinal français Jean-Marc Aveline, l’Allemand Reinhard Marx, le Philippin Luis Antonio Tagle mais aussi le secrétaire d’Etat du Vatican, Pietro Parolin ou encore le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa.

Cependant, les Cardinaux du continent africain peuvent compter sur les mesures prises par François. En effet, pour la première fois dans l’histoire de l’Église, les cardinaux électeurs européens ne seront pas majoritaires lors du conclave. Sur un total de 135 cardinaux en âge de voter lors du prochain conclave dont 108 nommés par François, les cardinaux européens représentent 37 % (contre 52% en 2013) tandis que 21 % sont issus d’Amérique latine, 19 % d’Asie-Pacifique et 11,8 % d’Afrique subsaharienne.