La merveilleuse histoire d’une femme guérie d’Ebola à Bulape, au Kasaï
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Par NT
L’épidémie d’Ebola officiellement déclarée le 4 septembre 2025 dans la zone de santé de Bulape, territoire de Mweka, au centre de la province du Kasaï, continue de mobiliser les efforts des autorités sanitaires et de leurs partenaires. Il s’agit de la 16e flambée du virus enregistrée en République démocratique du Congo (RDC) depuis sa découverte en 1976 à Yambuku, dans l’actuelle province de la Mongala.
Parmi les 13 survivants recensés jusqu’au 3 octobre, figure Marie Jeanne Kadima, infirmière-accoucheuse de 56 ans, mère de famille, qui a vaincu le virus après 15 jours de traitement intensif. Son témoignage, relayé par le bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique, illustre l’importance d’une prise en charge rapide et de qualité.
Une héroïne de la première ligne
Marie Jeanne travaille à l’hôpital général de référence de Bulape, qui héberge également le centre de traitement Ebola. Lorsqu’elle commence à ressentir les premiers symptômes – fièvre, vomissements, douleurs aiguës – elle pense d’abord à une simple grippe. Mais rapidement, la situation s’aggrave.
« En tant que personnel de première ligne, j’ai choisi de ne pas me cacher. Nous devons montrer l’exemple. Je me suis rendue directement au centre de traitement », témoigne-t-elle.
Son test effectué au laboratoire mobile installé sur place confirme rapidement l’infection par la souche Zaïre du virus Ebola. Grâce aux appareils GeneXpert et Biofire déployés à Bulape, les résultats sont désormais disponibles en 4 à 6 heures, contre plusieurs jours auparavant, lorsqu’il fallait les envoyer à Kinshasa.
Des soins de qualité, une prise en charge efficace
La prise en charge de Marie Jeanne s’inscrit dans le cadre d’une réponse renforcée mise en place par les autorités sanitaires congolaises avec l’appui de l’OMS et de plusieurs partenaires. Le centre de traitement de Bulape, dont la capacité a été portée à 49 lits, est approvisionné en traitements à base d’anticorps monoclonaux (Mab114), efficaces contre le virus.
En plus de 14 tonnes de matériel médical livrées au début de l’épidémie, l’OMS a récemment acheminé 2,5 tonnes supplémentaires, comprenant des équipements de protection individuelle (EPI), des médicaments, du matériel de laboratoire et des tentes pour l’extension des capacités de prise en charge.
Marie Jeanne a ainsi bénéficié d’un accompagnement médical complet : réhydratation, antibiothérapie préventive, soins de soutien et administration de Mab114, une protéine qui agit comme un « soldat » du système immunitaire pour freiner la progression du virus.
« Chaque patient Ebola est une urgence vitale. Mais aujourd’hui, grâce aux formations et à l’appui des partenaires, nous sommes mieux préparés », affirme le Dr Serge Bula, médecin directeur de l’hôpital général de Bulape. « Cela redonne de l’espoir à nos équipes et à nos malades. »
Un retour triomphal dans la communauté
Guérie, Marie Jeanne quitte le centre de traitement le 16 septembre, sous les applaudissements du personnel de santé, des partenaires et des membres de sa communauté. Elle devient un symbole d’espoir.
« On peut survivre à Ebola si on est pris en charge à temps. J’en suis la preuve vivante. La peur est normale, mais il ne faut pas rester seul. Il y a des soins, et il y a des équipes prêtes à aider ».
Pour le Dr Mory Keita, responsable de la riposte à l’OMS, cette guérison illustre l’efficacité d’une réponse coordonnée :
« La lutte contre Ebola repose sur une intervention rapide et des soins de qualité. Chaque vie sauvée montre que nous pouvons vaincre cette maladie, ensemble ».
Une riposte multisectorielle pour briser la chaîne de transmission
En collaboration avec les autorités locales, l’OMS a déployé une réponse intégrée : prévention, traitement, sensibilisation et vaccination.
Jusqu’au 28 septembre, 64 cas (53 confirmés et 11 probables) ont été recensés à Bulape, dont 42 décès. Plus de 8 500 personnes ont été vaccinées, dont de nombreux agents de santé. Les campagnes de sensibilisation communautaire ont permis de toucher plus de 500 personnes à travers des forums, cérémonies de deuil et visites de proximité.
Des actions de décontamination ont également été menées dans 7 structures de santé et 23 foyers affectés, et 130 agents formés aux pratiques de prévention et contrôle des infections (PCI).
L’histoire de Marie Jeanne Kadima rappelle que malgré la virulence d’Ebola, dont le taux de létalité dépasse souvent 50 %, l’espoir demeure lorsque les soins adéquats sont accessibles. Et que derrière chaque statistique, il y a une vie sauvée, une famille réunie, une communauté renforcée.







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