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Dans une déclaration faite hier lundi à Kinshasa : les évêques catholiques tirent la sonnette d’alarme

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Dans une déclaration faite hier lundi à Kinshasa : les évêques catholiques tirent la sonnette d’alarme

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Alors que les Congolais sont dans l’attente du Gouvernement que doit former le nouveau Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde, les évêques catholiques membres de la Conférence Episcopale du Congo, CENCO en sigle, viennent de rompre le silence. Dans une déclaration faite devant la presse hier lundi, à Kinshasa, les prélats catholiques invitent le Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, à inscrire parmi ses priorités les réformes électorales et celles de la loi portant organisation et fonctionnement de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), en vue d’améliorer la gouvernance électorale et de consolider la démocratie.

Visiblement opposés à tout éventuel glissement du calendrier électoral à l’échéance 2023, les évêques membres de la CENCO exhortent aussi le Président de la République à « tout mettre en œuvre pour gagner le pari de l’organisation des élections crédibles, transparentes et apaisées en 2023 et pas plus tard », tout en prenant à témoin la communauté internationale.

Pour les prélats catholiques, le président de la République doit également veiller davantage à garantir la cohésion nationale et la sécurité sur toute l’étendue du territoire national. A propos du Gouvernement que s’affaire à former le Premier ministre nouvellement nommé, les évêques membres de la CENCO disent attendre du Chef de l’Etat et du chef de l’éxecutif national la prise en compte du profil éthique des membres du prochain Gouvernement afin de doter le pays d’un exécutif national efficace. Ils expriment la même préoccupation concernant la nomination des gestionnaires des entreprises publiques.

Dans sa déclaration faite hier lundi, la CENCO appelle aussi au respect de la Constitution et des lois de la République. Il est également demandé au prochain Gouvernement de prendre en compte les cris de la population qui, selon les évêques catholiques, croupit dans la misère, et de s’atteler à combler le fossé créé entre la majorité de la population et une minorité qui a concentré entre ses mains et confisqué les richesses du pays.

Les prélats catholiques appellent également à la régularisation de la situation des enseignants, notamment les Nouvelles Unités et les Non Payés, afin de consolider et pérenniser la gratuité de l’enseignement de base. La session parlementaire qui s’ouvre le 15 mars 2021 a également retenu l’attention des évêques membres de la CENCO. Pour les prélats catholiques, « le Parlement doit consacrer, en priorité, la session de mars aux lois sur les réformes électorales et sur l’organisation de la CENI, afin de garantir la tenue des élections dans le respect du délai constitutionnel (2023) et d’éviter tout prétexte pour un glissement quelconque ».

A ce sujet, les évêques et archevêques lancent un appel à la Communauté internationale pour qu’elle aide les Institutions congolaise à faire aboutir les réformes en faveur des populations pour une préparation adéquate du scrutin de 2023. Le parlement est également invité par les prélats catholiques à  se préoccuper de voter des lois concourant à l’amélioration des conditions de vie de la population.

Quant aux Cours et Tribunaux, ces derniers sont priés de dire le droit, en âme et conscience, sans « céder à la pression politique ». Ils doivent traiter avec diligence les cas de ceux qui sont dans les prisons, par surcroit surpeuplées, sans être jugés. Le Parlement est par ailleurs invité à davantage accompagner les organisations de la Société civile dans leur combat pour le respect des droits humains et dans l’éducation civique et électorale de la population.

Dans leurs déclaration, les prélats catholiques encouragent la population à ne pas tomber dans l’attentisme, à ne pas se comporter en complice des auteurs de violences en cédant aux sentiments tribaux, ethniques et partisans ; mais d’être le prochain sans barrières de tous, mais de s’inscrire dans la dynamique du changement, à veiller à défendre à tout prix ses droits fondamentaux et à veiller au strict respect des mesures barrières contre la covid-19, afin d’éviter une catastrophe qui ne serait pas facile à maîtriser.

Ce message que nous publions intégralement ci-dessous, a été rendu public à l’issue de la réunion du Comité Permanent de la CENCO, tenue du 22 au 25 février 2021, à Kinshasa.

Voici l’intégralité du message des évêques membres de la CENCO

«Fléchirez votre cœur, et non vos vêtements » (Joël 2, 13)
Le Peuple attend toujours

  1. Nous, Cardinal, Archevêques et Evêques membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo(CENCO), réunis en Comité Permanent, à Kinshasa, du 22 au 25 février 2021, fidèles à notre mission prophétique, en ce temps de carême, temps de conversion, nous sommes penchés entre autres sur la situation socio-politique, sécuritaire et humanitaire de notre pays.
  2. Vivons pleinement ce temps de grâce, prenant appui sur une foi agissante, armés d’une joyeuse espérance et animés d’une charité inventive. En effet, «vivre un carême de charité, c’est prendre soin de ceux qui se trouvent dans des conditions de souffrance, de solitude ou d’angoisse… » (Message du Saint Père, Pape François, pour le carême 2021).
  3. Nous saisissons cette occasion pour féliciter Son Excellence Monsieur Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République, Chef de l’Etat, pour sa prise de fonction à la tête de I’Union Africaine en cette année 2021. Nous le rassurons de nos prières pour un mandat fructueux avec des retombées sur le développement et la paix en Afrique.
    Situation sociale et politique
  4. Nous avons assisté à la fin de la coalition dont nous avons dénoncé à maintes reprises l’inefficacité. Ce qui a donné lieu à l’avènement de l’Union Sacrée de la Nation et au changement des animateurs de grandes institutions.
  5. Cependant, ces changements ont été opérés dans une atmosphère de tensions et de manière à se poser des questions sur la moralité de ces actes.
  6. Tout en félicitant les nouveaux animateurs des Institutions de la République, nous les invitons à se mettre au travail conformément aux dispositions légales en privilégiant le bien-être de la population et la cohésion nationale,
  7. L’adhésion massive à l’Union Sacrée de la Nation ne doit pas être motivée seulement par le positionnement politique. Il ne suffit pas de changer simplement de camps politiques (vêtements), faut-il encore rompre avec les antivaleurs (cf Joël 2, 13) et s’engager à travailler (cœur).
  8. Raison pour laquelle, seuls les hommes et les femmes qui ont fait preuve d’une bonne éthique dans leur passé et qui ont une expérience dans le domaine requis, soucieux du bien-être de la population, méritent d’être cooptés pour gérer les Institutions de l’Etat et les Institutions de l’Etat et les entreprises publiques. Le Peuple sera frustré de voir revenir au pouvoir ceux qui ont participé au pillage, à l’insécurité, à la violation des droits humains, et ne font aucun signe de repentance et de conversion.
  9. Nous sommes convaincus que le bien-être du Peuple congolais passera nécessairement par la consolidation de la démocratie. Ainsi, les reformes électorales et celles de la loi portant organisation et fonctionnement de la CENT en vue d’améliorer la gouvernance électorale devraient figurer parmi les priorités du prochain Gouvernement.
    Situation sociale et économique
  10. A l’instar de tous les pays du monde, la RDC subit les effets néfastes de la covid-l 9. Tout en rendant grâce à Dieu de nous avoir épargnés du pire redouté à cause de la précarité de notre système sanitaire, nous sommes préoccupés par la négation de la réalité par une bonne partie de nos compatriotes. Ce qui justifie le relâchement presque général de l’observation des mesures barrières vivement recommandées par les autorités sanitaires.
  11. Nous saluons avec beaucoup de joie la réouverture des écoles et des universités à partir de ce 22 février. Cependant, il importe que les enseignants soient motivés pour aider les élèves et les étudiants à rattraper le retard dû à la longue interruption des cours. La modicité des salaires et de frais de fonctionnement, l’impayement des Nouvelles Unités (NU) et des Non Payés (NP), l’insuffisance et le délabrement des infrastructures scolaires, risquent de porter gravement atteinte à la qualité de l’enseignement.
  12. Par ailleurs, l’Eglise Catholique qui a assuré la mise en pratique de la gratuité dans 98,8% de ses écoles, reste disponible à collaborer avec l’Etat congolais pour une gestion saine de l’enseignement et pour la consolidation et la pérennisation de la gratuité de l’enseignement de base.
  13. Sur le plan économique, tout en reconnaissant les efforts faits par les gouvernants pour stabiliser le franc congolais, nous sommes préoccupés par le fait que la situation de la population congolaise ne s’améliore pas du tout au quotidien.
  14. Cette situation justifiée aujourd’hui en partie par la crise de la covid-19 est un défi majeur pour le gouvernement attendu à qui nous proposons, comme antidote la rigueur dans les dépenses publiques, l’équilibre entre les dépenses relatives au fonctionnement des institutions et celles destinées aux programmes du développement du pays.
  15. Le Gouvernement ne devrait-il pas doter le pays d’une politique de décentralisation économique effective et de développement régional qui transforme les provinces en véritables centres de production, de distribution, d’échanges et de consommation des biens et de services? Il est surprenant que l’on se soit préoccupé de la subdivision des provinces, sans s’investir réellement pour leur intégration par des routes adéquates et d’autres voies de communication.
  16. Aussi, le plan de relance économique ne devrait-il pas s’accompagner de la remise sur pied des entreprises de l’Etat par l’assainissement de leur gestion et le renforcement de leur capital?
  17. De même, la revanche du sol sur le sous-sol devrait s’accompagner de projets concrets en faveur de l’agriculture familiale et des projets intégrateurs comme le Service National.
    Situation sécuritaire et humanitaire
  18. La situation sécuritaire de notre pays, notamment dans la partie Est, reste délétère et aggravée par la présence récurrente des groupes armés que l’Armée nationale, appuyée par la MONUSCO, n’arrive toujours pas à éradiquer. Les massacres des populations, les enlèvements et le déplacement des personnes, dans le Nord-Kivu et en Ituri, et récemment l’assassinat ignoble de l’Ambassadeur d’Italie en RD Congo avec son Garde de corps et le Chauffeur, le prouvent à suffisance.
  19. Nous présentons nos condoléances les plus chrétiennes à l’Etat Italien, aux familles biologiques et aux proches des illustres disparus, et recommandons leurs âmes au Seigneur pour le repos éternel.
  20. Mus par notre sollicitude pastorale à l’égard de nos frères et sœurs meurtris par les atrocités récurrentes dans la région de l’Est du pays, nous avons dépêché une mission conjointe d’écoute et de réconfort de l’Association des Conférences Episcopales d’Afrique Centrale (ACEAC) et la CENCO dans les diocèses de Butembo-Beni au Nord-Kivu et de Bunia en Ituri. Nous sommes profondément peinés par les informations reçues et l’écart entre les promesses faites et la réalité sur terrain que vivent les populations de ces contrées sinistrées par des groupes armés. Forte de ces informations la CENCO prépare une communication et un plaidoyer conséquents.
    Situation de justice et de droits humains.
  21. Dans nos messages antérieurs nous avons salué des avancées en matière de respect de droits humains. Cependant, nous constatons une régression dans ce domaine. Nous déplorons et condamnons les répressions d’activistes des droits humains, les attaques menées contre les civils par des groupes armés ou les forces gouvernementales, l’entrave de la liberté d’expression et de manifestation.
  22. Le souci de la justice qui s’est manifesté au procès sur le programme de 100 jours, ne semble plus continuer sur la même lancée. II s’est estompé et paraît sélectif. La lutte contre la corruption ne peut être menée à bon port si l’impunité perdure.
  23. Une vraie justice au service du redressement du pays, de la paix et de la réconciliation, ne devrait-elle pas s’étendre, sans distinction aucune, à tous les auteurs de crimes économiques et de violation des droits humains. Nous saisissons cette occasion pour demander que les procès Floribert Chebeya, Rossy Mukendi et compagnons, soient exécutés sans complaisance et que les responsables répondent de leurs actes.

RECOMMANDATIONS

  1. Face à la situation qui prévaut actuellement dans notre pays et soucieux de la consolidation de la démocratie ainsi que de l’amélioration de conditions de vie de la population, nous en appelons:
    Au Peuple congolais:
  • De ne pas tomber dans l’attentisme, mais de s’inscrire dans la dynamique du changement;
  • De veiller à défendre à tout prix ses droits fondamentaux;
  • De ne pas se comporter en complice des auteurs de violence en cédant aux sentiments tribaux, ethniques et partisans ; mais d’être le prochain sans barrières de tous (cf. Pape François, Fratelli Tutti, n. 1);
  • De veiller au strict respect des mesures barrières contre la covid-19 afin d’éviter une catastrophe qui ne serait pas facile à maîtriser.
    Au Président de la République, en sa qualité de garant de la Nation:
  • De veiller toujours davantage à garantir la cohésion nationale et la sécurité sur toute l’étendue du territoire national;
  • De tenir compte du profil éthique des membres du prochain Gouvernement et des gestionnaires des entreprises publiques;
  • De garantir la moralité dans le respect de la Constitution et des lois de la République;
  • De veiller à la formation d’un gouvernement efficace.
    Au Gouvernement:
  • De prendre en compte les cris de la population qui croupit dans la misère;
  • De s’atteler à combler le fossé créé entre la majorité de la population et une minorité qui a concentré entre ses mains et confisqué les richesses du pays;
  • D’inscrire parmi les priorités les réformes électorales et celles de la loi portant organisation et fonctionnement de la CENT en vue d’améliorer la gouvernance électorale et de consolider la démocratie;
  • De tout mettre en œuvre pour gagner le pari de l’organisation des élections crédibles, transparentes et apaisées en 2023 et pas plus tard;
  • De régulariser la situation des enseignants, notamment les Nouvelles Unités et les Non Payés afin de consolider et pérenniser la gratuité de l’enseignement de base.
    Au Parlement
    Institutions de l’Etat et les entreprises publiques. Le Peuple sera frustré de voir revenir au pouvoir ceux qui ont participé au pillage, à l’insécurité, à la violation des droits humains, et ne font aucun signe de repentance et de conversion.
  1. Nous sommes convaincus que le bien-être du Peuple congolais passera nécessairement par la consolidation de la démocratie. Ainsi, les reformes électorales et celles de la loi portant organisation et fonctionnement de la CENT en vue d’améliorer la gouvernance électorale devraient figurer parmi les priorités du prochain Gouvernement.
  2. Situation sociale et économique
  3. A l’instar de tous les pays du monde, la RDC subit les effets néfastes de la covid-l 9. Tout en rendant grâce à Dieu de nous avoir épargnés du pire redouté à cause de la précarité de notre système sanitaire, nous sommes préoccupés par la négation de la réalité par une bonne partie de nos compatriotes. Ce qui justifie le relâchement presque général de l’observation des mesures barrières vivement recommandées par les autorités sanitaires.
  4. Nous saluons avec beaucoup de joie la réouverture des écoles et des universités à partir de ce 22 février. Cependant, il importe que les enseignants soient motivés pour aider les élèves et les étudiants à rattraper le retard dû à la longue interruption des cours. La modicité des salaires et de frais de fonctionnement, l’impayement des Nouvelles Unités (NU) et des Non Payés (NP), l’insuffisance et le délabrement des infrastructures scolaires, risquent de porter gravement atteinte à la qualité de l’enseignement.
  5. Par ailleurs, l’Eglise Catholique qui a assuré la mise en pratique de la gratuité dans 98,8% de ses écoles, reste disponible à collaborer avec l’Etat congolais pour une gestion saine de l’enseignement et pour la consolidation et la pérennisation de la gratuité de l’enseignement de base.
  6. Sur le plan économique, tout en reconnaissant les efforts faits par les gouvernants pour stabiliser le franc congolais, nous sommes préoccupés par le fait que la situation de la population congolaise ne s’améliore pas du tout au quotidien.
  7. Cette situation justifiée aujourd’hui en partie par la crise de la covid-19 est un défi majeur pour le gouvernement attendu à qui nous proposons, comme antidote la rigueur dans les dépenses publiques, l’équilibre entre les dépenses relatives au fonctionnement des institutions et celles destinées aux programmes du développement du pays.
  8. Le Gouvernement ne devrait-il pas doter le pays d’une politique de décentralisation économique effective et de développement régional qui transforme les provinces en véritables centres de production, de distribution, d’échanges et de consommation des biens et de services? Il est surprenant que l’on se soit préoccupé de la subdivision des provinces, sans s’investir réellement pour leur intégration par des routes adéquates et d’autres voies de communication.
  9. Aussi, le plan de relance économique ne devrait-il pas s’accompagner de la remise sur pied des entreprises de l’Etat par l’assainissement de leur gestion et le renforcement de leur capital?
  10. De même, la revanche du sol sur le sous-sol devrait s’accompagner de projets concrets en faveur de l’agriculture familiale et des projets intégrateurs comme le Service National.
    Situation sécuritaire et humanitaire
  11. La situation sécuritaire de notre pays, notamment dans la partie Est, reste délétère et aggravée par la présence récurrente des groupes armés que l’Armée nationale, appuyée par la MONUSCO, n’arrive toujours pas à éradiquer. Les massacres des populations, les enlèvements et le déplacement des personnes, dans le Nord-Kivu et en Ituri, et récemment l’assassinat ignoble de l’Ambassadeur d’Italie en RD Congo avec son Garde de corps et le Chauffeur, le prouvent à suffisance.
  12. Nous présentons nos condoléances les plus chrétiennes à l’Etat Italien, aux familles biologiques et aux proches des illustres disparus, et recommandons leurs âmes au Seigneur pour le repos éternel.
  13. Mus par notre sollicitude pastorale à l’égard de nos frères et sœurs meurtris par les atrocités récurrentes dans la région de l’Est du pays, nous avons dépêché une mission conjointe d’écoute et de réconfort de l’Association des Conférences Episcopales d’Afrique Centrale (ACEAC) et la CENCO dans les diocèses de Butembo-Beni au Nord-Kivu et de Bunia en Ituri. Nous sommes profondément peinés par les informations reçues et l’écart entre les promesses faites et la réalité sur terrain que vivent les populations de ces contrées sinistrées par des groupes armés. Forte de ces informations la CENCO prépare une communication et un plaidoyer conséquents.
    Situation de justice et de droits humains.
  14. Dans nos messages antérieurs nous avons salué des avancées en matière de respect de droits humains. Cependant, nous constatons une régression dans ce domaine. Nous déplorons et condamnons les répressions d’activistes des droits humains, les attaques menées contre les civils par des groupes armés ou les forces gouvernementales, l’entrave de la liberté d’expression et de manifestation.
  15. Le souci de la justice qui s’est manifesté au procès sur le programme de 100 jours, ne semble plus continuer sur la même lancée. II s’est estompé et paraît sélectif. La lutte contre la corruption ne peut être menée à bon port si l’impunité perdure.
  16. Une vraie justice au service du redressement du pays, de la paix et de la réconciliation, ne devrait-elle pas s’étendre, sans distinction aucune, à tous les auteurs de crimes économiques et de violation des droits humains. Nous saisissons cette occasion pour demander que les procès Floribert Chebeya, Rossy Mukendi et compagnons, soient exécutés sans complaisance et que les responsables répondent de leurs actes.

RECOMMANDATIONS

  1. Face à la situation qui prévaut actuellement dans notre pays et soucieux de la consolidation de la démocratie ainsi que de l’amélioration de conditions de vie de la population, nous en appelons:
    Au Peuple congolais:
  • De ne pas tomber dans l’attentisme, mais de s’inscrire dans la dynamique du changement;
  • De veiller à défendre à tout prix ses droits fondamentaux;
  • De ne pas se comporter en complice des auteurs de violence en cédant aux sentiments tribaux, ethniques et partisans ; mais d’être le prochain sans barrières de tous (cf. Pape François, Fratelli Tutti, n. 1);
  • De veiller au strict respect des mesures barrières contre la covid-19 afin d’éviter une catastrophe qui ne serait pas facile à maîtriser.
    Au Président de la République, en sa qualité de garant de la Nation:
  • De veiller toujours davantage à garantir la cohésion nationale et la sécurité sur toute l’étendue du territoire national;
  • De tenir compte du profil éthique des membres du prochain Gouvernement et des gestionnaires des entreprises publiques;
  • De garantir la moralité dans le respect de la Constitution et des lois de la République;
  • De veiller à la formation d’un gouvernement efficace.
    Au Gouvernement:
  • De prendre en compte les cris de la population qui croupit dans la misère;
  • De s’atteler à combler le fossé créé entre la majorité de la population et une minorité qui a concentré entre ses mains et confisqué les richesses du pays;
  • D’inscrire parmi les priorités les réformes électorales et celles de la loi portant organisation et fonctionnement de la CENT en vue d’améliorer la gouvernance électorale et de consolider la démocratie;
  • De tout mettre en œuvre pour gagner le pari de l’organisation des élections crédibles, transparentes et apaisées en 2023 et pas plus tard;
  • De régulariser la situation des enseignants, notamment les Nouvelles Unités et les Non Payés afin de consolider et pérenniser la gratuité de l’enseignement de base.
    Au Parlement
  • De consacrer, en priorité, à la session de mars les lois sur les reformes électorales et sur l’organisation de la CENI afin de garantir la tenue des élections dans le respect du délai constitutionnel (2023) et d’éviter tout prétexte pour un glissement quelconque.
  • De se préoccuper de voter des lois qui concourent à l’amélioration des conditions de vie de la population.
    Aux Cours et Tribunaux
  • De dire le droit, en âme et conscience, sans céder à la pression politique;
  • De traiter avec diligence les cas de ceux qui sont dans les prisons, par surcroit surpeuplées, sans être jugés.
    A la Communauté internationale:
  • D’aider les Institutions de la République à faire aboutir les réformes en faveur de la population congolaise pour une préparation adéquate du scrutin de 2023;
  • D’accompagner davantage les organisations de la Société civile dans leur combat pour le respect des droits humains et dans l’éducation civique et électorale de la population.

CONCLUSION

  1. Au terme de ce message, nous invitons les fidèles catholiques et les hommes de bonne volonté à ne pas sombrer dans le découragement et à ne pas tomber dans le fatalisme face aux défis multiples de notre pays, mais à se tourner vers le Seigneur qui dans les moments de tribulations vient à notre secours et nous adresse cette parole: «Confiance, c’est moi n’ayez pas peur» (Mt 14, 27).
  2. Puisse la Très Sainte Vierge Marie, Notre Dame du Congo, intercéder pour nous. Que Dieu nous prenne en grâce et bénisse notre pays (Ps 66).
    Kinshasa, le 25 février 2021
    Les évêques membres du comite permanent, les archevêques et évêques présents à la session ordinaire du comite permanent de la CENCO du 22 au 25 février 2021