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Kinshasa : des femmes employées dans des hôtels victimes d’abus sexuels de la part des clients !

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Kinshasa : des femmes employées dans des hôtels victimes d’abus sexuels de la part des clients !

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Par Tantia Sakata

L’agression sexuelle est toute atteinte du genre commise avec violence, contrainte, menace et surprise. Elle recouvre un ensemble de gestes : attouchement sur le corps, baisers…
A Kinshasa, capitale de la RD Congo, les femmes travaillant dans des hôtels sont souvent victimes d’abus sexuels de la part des clients. En plein exercice de leur travail, ces femmes subissent des avances sexuelles non désirées, des contacts physiques à connotation sexuelle non consentis, dont le baiser forcé.

” Un client m’a demandé de lui faire visiter nos chambres. Une fois que nous sommes entrés dans une chambre, il m’a prise de force dans ses bras. Son geste m’a surprise, j’ai crié pour qu’il puisse me relâcher. L’homme ne savait quoi dire avant de quitter l’hôtel “, a déclaré Judith, réceptionniste dans un établissement hôtelier de Kinshasa.

Elle dit pouvoir sentir une pression psychologique étant dans un environnement où elle vit des choses chaque jour. ” Des clients prennent les femmes qui prestent dans des hôtels pour des objets de plaisir et d’amusement. Nous ne sommes pas des prostituées. Mon boulot est un gagne-pain pour moi “, s’est-elle indignée face à cette attitude consistant à diminuer les employées d’un hôtel.

Agée d’une vingtaine d’années, une autre travailleuse dit avoir été victime des intimidations pour avoir repoussé des avances sexuelles non désirées. ” Certains clients me menacent d’user de leur accointance avec le patron pour me mettre en chômage. D’autres profèrent même des paroles obscènes sur moi “, a raconté la serveuse ayant accepté de parler sous anonymat.
Gérante d’un hôtel, Jeannette dit avoir été agressée par un client ayant voulu abuser d’elle. ” Un jour, vers 22h, mon boss m’a demandé de passer mon téléphone à un client logé chez nous.

Ayant terminé sa conversation, le monsieur s’est jeté sur moi puis commencer à m’embrasser en désordre. Nous nous sommes tiraillés jusqu’à ce que Dieu m’a aidée à m’en débarrasser et quitter sa chambre “.
Face à cette situation, désormais toutes les femmes de chambre ont été remplacées par des hommes. Aucune serveuse n’a le droit de servir un client dans sa chambre. Mesure prise par cet établissement hôtelier pour protéger ses employées.

Beaucoup d’autres femmes subissent plusieurs autres formes de violences sexuelles dans leur milieu de travail. Dans un rapport intitulé ” Des milieux de travail sûrs et sains exempts de violence et harcèlement “, l’Organisation internationale du travail (OIT) présente la violence et le harcèlement au travail comme une menace importante et persistante pour la santé et la sécurité des travailleurs, ainsi que la productivité et la réputation des organisations.

Apprendre à dénoncer

Les violences sexuelles que subissent les femmes qui prestent dans des hôtels restent cachées, faute de ne pas être portées devant les instances judiciaires. Judith qui voulait porter plainte, s’est dite limitée par manque de preuves matérielles, parce que ces abus sexuels sont commis spontanément.

Cependant, Me Charlène Yangazo encourage ces femmes à dénoncer pour que la justice mette la main sur les présumés coupables et sauver d’autres vies.
Concernant le mécanisme qui peut aider ces femmes à combattre l’impunité, cette avocate du barreau de Kinshasa/Matete précise, tout d’abord, que l’abus sexuel ou la violence sexuelle est une infraction spontanée. ” Lorsque vous voyez peut-être une personne vous faire des attouchements, des gestes qui sont déplacés, dénoncez en ce moment-là. Criez par exemple si vous ne savez pas vous battre contre elle.

Il y aura probablement des témoins qui vont témoigner qu’effectivement vous avez failli ou été victime d’un abus sexuel “, recommande Me Yangazo. Pour ce qui est de la violence sexuelle, la condamnation de l’auteur peut aller de 5 à 20 ans. Dans certaines conditions, pour certaines catégories de coupables, la peine peut-être doublée.

Le Président de l’ONG Go cœur, Dr Lamarck Nyimi Mbambi, indique que les femmes qui subissent des abus sexuels et autres, endurent des conséquences majeures dont la dépression, susceptibles de conduire au suicide. Son ONG prend en charge des femmes ayant subi le stress post-traumatique consécutif à une violation quelconque.

Le médecin conseille à la survivante d’une violence sexuelle de dénoncer à temps, en cas de viol, pour une prise en charge médicale, dans le but d’éviter les maladies sexuellement transmissibles et le VIH/Sida. C’est ainsi qu’il a relaté le cas d’une femme de chambre violée par un client. Et de poursuivre : ” le patron a soumis la victime au silence moyennant certains avantages pour préserver la réputation de son hôtel. Cette dame finira par dévoiler le secret, il s’est fait que le bourreau était connu comme porteur du VIH/Sida. Depuis, cette fille a disparu dans la nature. Nous ne savons pas ce qui lui est arrivée “.

Concernant le psychologue social et des organisations, Nera Chanera, l’accompagnement psycho-social a pour objectif d’aider les victimes d’abus sexuels ou de viols à surmonter leur traumatisme grâce à une thérapie. ” Ce qui est évident, les femmes œuvrant dans les hôtels auront à subir des pressions des clients chaque jour, mais elles doivent dénoncer auprès de l’employeur pour qu’il puisse, à son tour, prendre des mesures pouvant assurer leur sécurité “, conseille le psychologue.