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Dans un nouveau rapport: Le GEC dénonce l’opacité dans la gestion de l’argent généré dans la vente du Go-Pass par la RVA

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Dans un nouveau rapport: Le GEC dénonce l’opacité dans la gestion de l’argent généré dans la vente du Go-Pass par la RVA

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Dix ans après l’instauration de cette taxe aéroportuaire, le Groupe d’Etudes sur le Congo, fait de révélations dans son rapport dénommé «Leyesipunda, punda a leyisayo» et s’interroge sur son utilité
Par GKM

Où sont passés les 225 millions de dollars ou plus générés entre mars 2009 et décembre 2019 par le Go-Pass ? Difficile aujourd’hui de se faire une idée claire de l’utilisation de cette redevance, officiellement dénommée « Infrastructure Development Fund » (Idef), note le Groupe d’Etudes sur le Congo(GEC) dans un nouveau rapport rendu public le mercredi 5 mai 2021 à New-York.

Selon le GEC, depuis 12 ans que l’Idef a été instaurée en vue de permettre à la Régie des Voies Aériennes (RVA), en déséquilibre financier, de disposer des fonds nécessaires pour le développement des infrastructures aéroportuaires du pays, la gestion des ressources financières provenant de la vente de cette taxe aéroportuaire est opaque.

Au moment où le gouvernement Sama Lukonde, investi le lundi 26 avril, envisage d’intégrer le Go-pass dans le coût des billets d’avion, il est judicieux de s’interroger sur la destination des recettes collectées jusqu’ici par cette redevance, explique le GEC dans son document. Dans son rapport intitulé« Leyisapunda, punda a leyisayo : à quoi sert le Go-pass depuis 10 ans ? », le GEC donne un aperçu de la gestion opaque de l’Idef.

Fonds détournés de l’objectif principal

Selon le communiqué rendu public hier, le GEC a mené des recherches entre avril 2019 et février 2021. « Nos chercheurs ont consulté et épluché des documents comptables de la RVA, des rapports de la Cour des comptes et des bailleurs ainsi que plusieurs correspondances administratives se rapportant à l’Idef. Ils ont également interviewé 97 sources différentes au sein et en dehors de la RVA », indique le document.

Dans ses résultats, le Groupe d’Études sur le Congo révèle que les fonds générés par le Go-pass ont été détournés de leurs objectifs initiaux. L’organisation rattachée à l’université de New-York signale que plus de 37 millions de dollars de redevance collectés durant les deux premières années ont été alloués à la construction du seul pavillon présidentiel à l’aéroport de N’Djili, exclusivement réservé au chef de l’État et aux dirigeants.

Il fait savoir dans son nouveau rapport que la RVA a aussi versé, entre juillet 2015 et décembre 2017, au moins 6,5 millions de dollars générés par l’Idef à Congo Airways, au titre de participation au capital. Plusieurs autres millions collectés ont servi au paiement du personnel de la régie, précise ce rapport, qui risquerait d’enfoncer plus le numéro 1 de la RVA, qui se trouve en détention à cause de sa gestion calamiteuse de l’entreprise.

Manque de transparence

Pour le GEC, il est difficile de savoir exactement comment l’argent restant a été utilisé à cause du manque de transparence. Cette opacité, selon le GEC, a profité aux détenteurs du pouvoir politique qui détiennent jusqu’à aujourd’hui une mainmise sur l’entreprise. « Pour rester en fonction, des mandataires publics doivent leur verser des rétributions, suivant le dicton « Leyisapunda, punda a leyisayo (nourrit le cheval pour que le cheval te nourrisse à son tour, en français) », dénonce le GEC, qui parle de pratiques douteuses persistantes.

L’organisation internationale regrette le fait que ce manque de transparence dans la gestion du Go-pass risque de décourager les bailleurs internationaux, notamment la Banque Africaine de Développement (BAD), et les banques privées d’accorder des dons et prêts importants à la RVA.

De fait, le cas de la RVA n’est qu’une illustration de l’échec du processus de réforme des entreprises publiques, initié en 2009 par l’État congolais, tance le GEC. Pour cette structure de renommée internationale, l’opacité et l’absence de redevabilité sont devenues structurelles dans la plupart des entreprises publiques congolaises transformées en sociétés commerciales. Nous attendons la réaction des responsables de la RVA sur ce rapport détaillé de 15 pages, publié par le Groupe d’études sur le Congo.