Cette distinction provoque une polémique en France
Par YHR

Lorsque le roman « Batouala » reçoit le prestigieux prix Goncourt, le 14 décembre 1921, son auteur, René Maran, se trouve en Afrique, plus précisément en Oubangui-Chari, où il preste comme fonctionnaire colonial. Cette distinction provoque une polémique en France même, où les critiques sont d’avis partagés. D’autant plus qu’il s’agit de la première personne noire à recevoir ce prix.

Précurseur de la négritude

Beaucoup lui reprochent la critique implicite de la politique coloniale de la France. D’autres trouvent le style de ce texte trop simpliste. Mais certains voient dans le roman un style nouveau et naturel.
Pour vérifier les affirmations présentées dans l »ouvrage plusieurs personnes sont envoyées en Afrique Equatoriale Française (AEF). en 1925, André Gide y effectue une tournée. Cela donnera deux plus tard « Voyage au Congo », dont on peut retenir une des phrases « moins le Blanc est intelligent plus le Noir lui parait bête ».

Un grand quotidien français y envoie le célèbre grand reporter Albert Londres , qui publie à son retour en 1929 « Terre d’ébène », recueil d’articles encore plus critique que le récit de Gide. En attendant, le roman est devenu un classique de la littérature francophone, qui jusqu’à récemment se trouvait au programme de français en République Démocratique du Congo.

Le regard d’un chef africain sur le système colonial

En résumé, « Batouala » raconte le regard porté par Batouala, grand chef du pays banda, excellent guerrier et chef religieux sur la colonisation, la coutume et la vie en général. Alors qu’il est responsable d’une importante cérémonie, il doit dorénavant se méfier d’un concurrent amoureux en la personne du fougueux Bissibi’ngui, qui cherche à séduire sa favorite, Yassigui’ndja. Au terme de tensions consécutives à la mort du père de Batouala lors de la fête des « Ga’nzas », Yassigui’ndja se voit attribuer la mort de celui-ci, hâtant ainsi le projet d’assassinat que Bissibi’ngui nourrit à l’encontre de son rival…

Une enfance entre l’Afrique et l’Europe

René Maran est né le 5 décembre 1887 à Fort-de-France, en Martinique. Fils d’un administrateur colonial, à l’âge de trois ans, il l’accompagne d’ailleurs au Gabon. Quelques années plus tard, sa santé fragile le fait envoyer par son père à Bordeaux. La solitude qui affectera l’enfant durant ses années d’internat est à l’origine de sa vocation d’écrivain. Il trompe la solitude par l’étude et la poésie. Après des études de droit à bordeaux, il entre à son tour dans l’administration coloniale.