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Un pas de plus vers la restitution à la RDC des œuvres d’art illégalement acquises par la Belgique

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Un pas de plus vers la restitution à la RDC des œuvres d’art illégalement acquises par la Belgique

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Par YHR

La commission des Institutions fédérales de la Chambre a adopté, le mercredi 18 mai dernier, en première lecture, les articles du projet de loi “reconnaissant le caractère aliénable des biens liés au passé colonial de l’État belge et déterminant un cadre juridique pour leur restitution et leur retour”.

“A priori, désormais, la voie est bien balisée pour que le texte soit voté dans le courant du mois de juin”, explique Thomas Dermine, secrétaire d’État PS, chargé de la Politique scientifique, qui insiste sur le côté innovant de ce texte législatif.

“On n’est évidemment pas les seuls à travailler sur cette question mais notre approche est très différente de celles des autres anciens pays colonisateurs qui, eux, par exemple se focalisent sur une collection spécifique”, poursuit-il. Et d’ajouter, “le texte de loi belge rend aliénable l’ensemble des objets qui sont issus du périmètre géographique qui comprend la République Démocratique du Congo, le Rwanda et le Burundi et qui ont été acquis durant la période coloniale qui va de 1845 à 1960 pour la RDC et jusqu’en 1962 pour le Rwanda et le Burundi”.

85 000 pièces concernées

Autrement dit, rien que pour la République Démocratique du Congo, ce sont plus de 85.000 pièces essentiellement conservées par l’Africamuseum de Tervuren et l’Institut royal des sciences naturelles, qui sont concernées par ce dossier. “Avec cette loi, le statut de tous objets issus de ces régions et acquis lors d’une certaine période est modifié. Jusqu’ici, ils étaient inaliénables, désormais, ce ne sera plus le cas”.

Dans la foulée du vote de la loi, une commission réunissant des scientifiques des deux pays sera mise sur pied pour étudier l’origine frauduleuse ou non de ces objets. “Pour en arriver là, il faudra un accord bilatéral entre nous et l’un des trois pays concernés, pour compléter le texte de loi.

Cet accord doit prévoir notamment les modalités de travail de cette commission et des experts scientifiques désignés pour y participer. J’espère qu’elle sera installée dans la seconde partie de cette année et qu’elle pourra commencer à travailler en 2023″, poursuit le secrétaire d’État.

Un inventaire des objets culturels remis à Sama Lukonde en février 2022

En février dernier, lors de son passage en Belgique à l’occasion d’un sommet Union européenne-Union africaine, le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, s’était rendu au musée de Tervuren en compagnie du Premier ministre belge Alexander De Croo (Open VLD) et du secrétaire d’État Thomas Dermine.

Le Chef de l’Exécutif congolais avait réceptionné un inventaire des 84.000 pièces originaires de son pays se trouvant à l’Africamuseum et qui représentent approximativement 70 % des pièces de cette institution. M. Dermine poursuit, “l’un des objectifs, c’est que les scientifiques puissent travailler dans les meilleures conditions et que ce processus de restitution soit le plus dépassionné possible”. Un processus qui ne concernera que les biens qui sont dans le domaine public de l’État fédéral.

Les biens détenus par les autres niveaux de pouvoir ne sont pour l’instant pas concernés. “Mais nous avons des discussions avec les régions et même certaines communes. Tout le monde est d’accord pour dire que ce qui a été acquis illégalement doit être rendu. Mais il s’agit jusqu’ici de discussions informelles, avançons d’abord sur les biens ciblés par le projet de loi”.

Un retour des œuvres en RDC en 2023 en pleine année électorale?

Un retour des œuvres en 2023 en pleine année électorale en RDC est-il envisageable? ” Pourquoi pas, à partir du moment où c’est un travail scientifique et dépassionné”. Sur la capacité de Kinshasa à gérer dans de bonnes conditions les objets culturels, grâce notamment au nouveau musée national de Kinshasa, inauguré en 2019 et construit grâce à des fonds sud-coréens.