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L’histoire des Amazones du Bénin décrite dans le film «The Woman King»

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L’histoire des Amazones du Bénin décrite dans le film «The Woman King»

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Par YHR

Aujourd’hui sera diffusé à travers le monde le film «The Woman King ». Il s’agit de l’histoire des Agojie, une unité de guerrières protégeant au XIXème siècle le royaume de Dahomey, en Afrique de l’Ouest. Elles étaient réputées pour leur compétence au combat, férocité et leur loyauté à leur souverain.
Le film, diffusé par la plateforme étasunienne Netflix, suit en 144 minutes le destin de la Générale Nanisca (Viola Davis), aux ordres du roi Roi Ghezo (John Boyega) qui entraine une nouvelle génération de recrues et les prépare à la bataille contre un ennemi déterminé à détruire leur mode de vie.

Combattantes féroces

Il y a aussi la seconde protagoniste, Nawi (Thuso Mbedu). Une jeune femme de dix-neuf ans, envoyée au palais du Roi pour intégrer le corps des Agojie. S’ensuit alors toute une période d’entrainement. On suit tour à tour les points de vue des deux protagonistes, qui sont liées plus qu’elles ne le pensent. Au travers de cette histoire, nous avons évidemment des thèmes d’émancipation et d’affirmation avec le personnage de Nawi et pour Nanisca. Lashana Lynch , ex James Bond girl, participe à l’opus, dans le rôle d’Izogie. Quant à la chanteuse d’origine béninoise Angélique Kidjo, elle incarne la Meunon.

Réalisé par Gina Prince-Bythewood, qui a cosigné le scénario avec Dana Stevens, le long-métrage est inspiré par l’existence des vrais Agojie, que les colonisateurs français avaient surnommés les Amazones du Bénin. Le roi Aho Houegbadja (qui a régné de 1645 à 1685), troisième roi du Dahomey, est censé être à l’origine de la création du groupe qui devient ensuite les Mino, un corps de chasseurs d’éléphant, appelé gbeto. Durant le XVIIIème  siècle, le roi entraîne certaines de ces femmes à devenir gardes du corps.

Déterminé à détruire leur mode de vie…

La reine Tasi Hangbè (ou Nan Hangbe), sœur jumelle d’Houessou Akaba, règne sur le royaume du Dahomey de 1708 à 1711 après la mort soudaine d’Akaba en 1708. Elle est la vraie créatrice du corps des Mino du Dahomey, comme régiment combattant, intégré aux armées professionnelles du royaume.

Lors d’une campagne contre les voisins Ouéménou du royaume, elle prend la tête de l’armée, travestie – pour galvaniser ses troupes – à l’image de son frère jumeau défunt, Akaba. Elle a été largement effacée de l’histoire officielle du Dahomey, sous le roi Agadja son successeur, dont les partisans obligent la reine à abdiquer. Le fils de Houegbadja, Agadja (roi de 1708 à 1732), développe le groupe de femmes gardes du corps en une milice et les utilise avec succès pour vaincre le Royaume houéda en 1727.

Les marchands européens notent leur présence ainsi que celle d’autres femmes guerrières parmi les Ashantis. Durant les années suivantes, les guerrières acquièrent une réputation de combattantes sans peur. Elles combattent rarement, mais avec vaillance.
Le groupe de femmes guerrières est appelé Mino (Mi-No), ce qui signifie « nos mères » en langue fon, par l’armée masculine du Dahomey. À l’époque du roi Ghézo (qui gouverne de 1818 à 1858), le Dahomey se militarise de plus en plus.

Ghézo donne une grande importance à l’armée, augmente son budget et améliore sa structure. Les Mino sont entraînées, obtiennent des uniformes et sont équipées avec des fusils danois (obtenus via le commerce des esclaves). À cette époque, les Mino sont entre 4 000 et 6 000 femmes et représentent environ le tiers de l’armée du Dahomey.

Des acteurs hollywoodiens

Les Mino étaient sélectionnés parmi les enfants d’esclaves et seules les jeunes filles étant gardées, affranchies et intégrées au harem du roi. Après une formation, elles intègrent le corps des femmes de guerre du roi, l’« Agoledjié ». Certaines femmes de la société fon devenaient Mino volontairement alors que d’autres se voyaient enrôlées de force.

Tous les trois ans, les sujets du roi devaient présenter leurs filles devant un conseil de révision qui désignaient celles admises dans la maison du roi. Elles devenaient soldates ou officières selon le rang social de leur famille.

Tant qu’elles étaient Mino, les femmes n’étaient pas autorisées à avoir des enfants ou à être mariées mais, elles pouvaient être offertes aux meilleurs guerriers ou choisies comme épouses par le roi. Beaucoup d’entre elles étaient vierges, car d’après certaines sources, les rapports sexuels sans autorisation étant punis de mort.

Signalons que le film a été tourné dans son intégralité en Afrique du Sud, notamment dans le KwaZulu-Natal et au Cap. Il a commencé en novembre 2021, mais a été interrompu après quelques semaines en raison de l’apparition de la variante Omicron du Covid-19. Après plusieurs semaines de retard, la production a repris à la mi-janvier 2022 et s’est finalement achevée au début du mois de mars de la même année.