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Mines : F.Tshisekedi exige la réévaluation des contrats chinois

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Mines : F.Tshisekedi exige la réévaluation des contrats chinois

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Par Carroll Madiya

La RDC, deuxième plus grand pays d’Afrique en termes de masse continentale, regorge un énorme potentiel de ressources naturelles dont le cuivre et le cobalt qui sont des composants majeurs des véhicules électriques, alors que le pays demeure parmi les moins développés du monde.

La plupart des minerais rd congolais finissent en Chine qui a signé un accord avec le prédécesseur de Félix Tshisekedi en 2008 pour échanger des routes et des bâtiments contre les deux métaux stratégiques. Un accord qui ne fait pas unanimité au sein de l’opinion nationale. C’est pourquoi, au cours de son séjour de travail à Davos, en Suisse, le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a dénoncé cette exploitation illicite des ressources naturelles congolaises.

Avant de quitter Davos, le chef de l’État a donné une interview exclusive au grand réseau médiatique, Bloomberg, spécialisée dans les informations économiques et financières.

Le Président Tshisekedi a, au cours de cette interview, évoqué les grandes questions de géopolitique mondiale, l’actualité des crises qui traversent le monde, et la situation de la RDC notamment sur le plan sécuritaire à l’Est ; mais aussi au point de vue des réformes en cours pour assainir le climat des affaires, renforcer l’attractivité du pays pour les investisseurs et sa vision pour changer de paradigme quant à l’exploitation de nos richesses minières en créant une industrie de transformation sur place dans le pays.

Félix Tshisekedi a critiqué le contrat de 6,2 milliards de dollars de minerais contre infrastructure avec la Chine qui, selon lui, ne profitent pas aux Congolais dont le pays est l’un des plus grands producteurs mondiaux d’un métal clé pour batteries.

“Les Chinois, ils ont fait beaucoup d’argent et ont fait beaucoup de profit grâce à ce contrat”, a déclaré Tshisekedi dans son interview accordée en marge du Forum économique mondial de Davos, en Suisse. “Maintenant, notre besoin est simplement de rééquilibrer les choses de manière à ce que cela devienne gagnant-gagnant.

” La renégociation du contrat fait partie d’une campagne du président congolais pour s’assurer que le pays soit payé pour la pleine valeur de ses ressources, qui sont de plus en plus demandées.

L’accord avec la Chine a été signé à un moment où le Congo sortait de décennies de dictature et de guerre et où le président élu de l’époque (Joseph Kabila) avait désespérément besoin de financement. Il a exigé que les entreprises chinoises investissent 3,2 milliards de dollars dans une mine de cuivre-cobalt et 3 milliards de dollars supplémentaires dans des infrastructures financées par les revenus de la mine.

Le gouvernement congolais constate aujourd’hui que la Chine a débloqué moins d’un tiers des fonds d’infrastructure.
Nous sommes heureux d’être amis avec les Chinois, mais le contrat a été mal rédigé, très mal “, a déclaré Tshisekedi en ajoutant : ” Aujourd’hui, la RDC n’en a tiré aucun profit.

Il n’y a rien de tangible, aucun impact positif, je dirais, pour notre population “. Répondant à M. Zhu Jing, l’ambassadeur de Chine au Congo qui a déclaré, par SMS, que son gouvernement cherchait constamment à améliorer le partenariat avec le Congo, Félix Tshisekedi a souligné : ” Vous savez, les Chinois sont les champions des discussions marathons. Ils sont connus dans le monde entier pour cela. Nous vivons cette expérience maintenant et donc, nous verrons, mais nous restons optimistes “.
Il faut signaler ici que ces discussions sur la manière d’améliorer l’accord durent depuis plus d’un an déjà.

Pour l’intérêt des Africains

Les négociations traînent également sur le site de Grand Inga avec l’australien Fortescue Metals Group Ltd., qui a un protocole d’accord avec le Congo pour développer ce qui pourrait être le plus grand projet hydroélectrique du monde, a fait savoir Tshisekedi.

Le président congolais souhaite que Fortescue permette à d’autres investisseurs de participer à l’accord, en particulier d’Afrique, et éventuellement de réduire ses ambitions afin d’accélérer le développement. “Nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde”, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il avait rencontré à Davos Andrew Forrest, le président milliardaire de Fortescue.

“Nous voulons en faire une sorte d’opportunité pour unir également d’autres intérêts, en particulier les intérêts africains. Nous sommes ouverts à tout, à toutes les discussions, à toutes les rencontres “, a précisé Félix Tshisekedi.

Les discussions avec Fortescue se poursuivent, a confirmé plus tard le directeur des communications de Tshisekedi, Erick Nyindu. Fortescue Future Industries Ltd. Prévoit d’utiliser l’énergie d’Inga, qui pourrait éventuellement être deux fois plus puissante que le projet chinois des Trois Gorges, pour produire de l’hydrogène vert et de l’ammoniac vert.

Selon le directeur général de FFI, Mark Hutchinson, l’entreprise est en discussions actives sur le projet. Tshisekedi prévoit de se rendre en Australie pour poursuivre ces pourparlers.

“Fortescue a une équipe en RDC et continue de travailler en étroite collaboration avec le gouvernement pour faire avancer les choses. Fortescue souhaite la bienvenue à d’autres partenaires dans cet important projet “, a indiqué Hutchinson”.
” Il n’y a pas de calendrier pour la prochaine phase d’Inga, le projet de 10 gigawatts connu sous le nom d’Inga 3 “, a martelé Tshisekedi.

Une chasse à l’or, coltan et autres minerais

S’agissant de l’insécurité à l’Est du pays, le Chef de l’Etat qui fait également face à une multitude de conflits violents dans son pays et à une campagne de réélection à la fin de l’année, s’est montré plus franc à l’encontre des étrangers qui profitent des ressources du Congo pour leur propre profit.

Cela a été particulièrement vrai dans l’est du pays, où une offensive du groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda voisin, a fait déplacer plus de 450 000 personnes. Le Rwanda nie soutenir les éléments du M 23 qui disent se battre pour les droits des Congolais d’origine rwandaise.

L’Est du Congo est ravagé par le conflit depuis les années 1990, lorsque la violence issue de la guerre civile et du génocide rwandais s’est propagée à travers la frontière. Plus de 100 groupes armés restent actifs dans la région, dont certains profitent du commerce illégal des ressources naturelles, qui transitent souvent par les pays voisins.

“Le Rwanda est à la base de l’instabilité en République démocratique du Congo depuis vingt ans”, a rappelé le Chef de l’Etat Tshisekedi. ” C’est grâce à cette instabilité qu’elle peut créer des réseaux mafieux d’exploitation illicite de l’or, du coltan et d’autres minerais”, a-t-il expliqué. Ce soutien du Rwanda aux groupes armés dans cette partie du pays, bloque le développement économique de la région, a confirmé Tshisekedi.

Le Congo est responsable d’environ 70 % de la production mondiale de cobalt, dont 30 % proviennent de mineurs dits artisanaux.

4 Jours de dur labeur en Suisse

Il faut signaler que le Chef de l’État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a quitté la Suisse le mercredi 18 Janvier 2023 au terme de son séjour de travail de 4 jours durant lequel il a participé au Forum économique mondial de Davos. Le Mercredi 18 janvier, pour sa seconde journée de participation au Forum de Davos, le Président Congolais a multiplié les rencontres et réunions de travail avec des dirigeants du Monde.

Félix Tshisekedi a participé à un petit déjeuner de travail sur la ZLECAF, la zone de libre-échange continentale africaine, aux côtés, entre autres, de la présidente de la République de Tanzanie, Samia Suluhu, et du secrétariat général de la Zlecaf, Wamkele Mene. La réunion avait pour objectif de passer en revue les avancées de la mise en place de la Zlecaf et d’échange rsur les opportunités d’investissement étranger créés par la mise en œuvre de la Zlecaf.

Echanges entre pays détenteurs de matières premières stratégiques

Félix Tshisekedi a ensuite participé à une réunion avec des pays tels que la Colombie, l’Equateur, l’Indonésie, le Nigéria ou le Timor Oriental dont le président de la République, José Ramos Hirta, était également présent.

Cette réunion inédite avait pour but de créer un cadre de concertation pour la coopération SUD-SUD au sujet d’une meilleure exploitation de nos matières premières stratégiques en développant dans nos pays respectifs une chaîne de valeur adéquate pour transformer les matières premières sur place et capter ainsi une partie des dividendes de la chaîne d’approvisionnement de
l’industrie mondiale. Les dirigeants ont donc conclu à une augmentation des échanges d’expériences entre pays détenteurs de matières premières stratégiques et un renforcement de la coopération technique et économique entre ces pays du sud pour un vrai co-développement.

Le Président Tshisekedi a pris part à une autre réunion de travail avec le Roi des belges, Philippe et Peter Fearnhead, le patron du réseau africain des parcs nationaux. Leurs échanges ont porté sur les enjeux de la préservation de la nature et de la biodiversité, la défense de l’environnement et des écosystèmes particuliers de l’Afrique.

La RDC et la Belgique travaillent déjà ensemble dans ce domaine de coopération depuis des décennies, notamment dans la gestion du parc national des Virungas, la zone protégée la plus riche en biodiversité d’Afrique.

Félix Tshisekedi a eu également un entretien de travail avec le Président de la Confédération helvétique, son homologue Alain Berset. Les deux personnalités ont échangé sur des sujets d’intérêt commun des deux pays et le renforcement de la coopération bilatérale.
La Suisse est déjà active dans de nombreux domaines pour le bien-être des personnes en RDC tels que la santé et l’éducation.
La Suisse veut élargir les domaines de coopération et d’échanges économiques et commerciaux avec la RDC.

Intenses activités à Davos

Le chef de l’État a également échangé avec une délégation de la République de Slovénie conduite par la vice-première ministre et ministre des affaires étrangères slovène, Mme TanjaFajon. Les échanges ont porté sur des sujets d’intérêt commun et notamment le renforcement des liens diplomatiques entre les deux pays.

Il a aussi reçu une délégation des trois pays signataires du partenariat sur la préservation et la gestion des bassins forestiers. Accord qui lie la RDC, le Brésil et l’Indonésie.

La Vice-première ministre et ministre congolaise de l’environnement, Eve Bazaiba, était accompagnée de : Marina Silva, Ministre de l’environnement du Brésil et Luhut Binsar Pandjaitan, Ministre des affaires maritimes et des investissements de l’Indonésie ont fait rapport au Chef de l’État sur les avancées de la concrétisation du partenariat sur les forêts tropicales signé le 14 novembre 2022 en Egyptelors de la COP 27.

Ces trois pays possèdent, ensemble, 60 % des forêts tropicales du Monde. De ce fait, ils ont une lourde responsabilité et jouent un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique.

Le Président Tshisekedi a instruit ces ministres à poursuivre ce travail de matérialisation du partenariat et qu’ils fassent rapport aux deux autres chefs d’État concernés pour un suivi du dossier et la préparation prochaine d’une rencontre au sommet des 3 pays leaders en matière de gestion de forêt tropicale dans le monde.