La grossesse chez les adolescentes et ses conséquences
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Par N.T.
Dans une récente note d’information destinée à la presse, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a décrit l’ampleur de la grossesse chez les adolescentes à l’échelle mondiale et ses conséquences. La grossesse chez les adolescentes est un phénomène mondial dont les causes sont clairement connues et dont les répercussions sanitaires, sociales et économiques sont graves.
Selon les estimations, dans les régions en développement, 21 millions de jeunes filles âgées de 15 à 19 ans tombent enceintes chaque année et environ 12 millions d’entre elles mettent au monde des enfants. À l’échelle mondiale, le taux de natalité chez les adolescentes a diminué, passant de 64,5 naissances pour 1000 adolescentes (15-19 ans) en 2000 à 41,3 naissances en 2023. Toutefois, les variations sont inégales d’une région à l’autre, la baisse la plus forte ayant été enregistrée en Asie du Sud et la plus lente en Amérique latine et dans les Caraïbes ainsi qu’en Afrique subsaharienne. Même si toutes les régions ont connu une baisse, l’Afrique subsaharienne et l’Amérique latine et les Caraïbes continuent d’afficher les taux les plus élevés au monde, avec respectivement 97,9 et 51,4 naissances pour 1000 adolescentes en 2023.
Le taux de natalité chez les adolescentes affiche en outre des différences marquées au sein d’une même région. Dans la Région africaine de l’OMS, il s’élevait à 97 pour 1000 adolescentes en 2023, contre 13,1 dans la Région européenne. On constate aussi des écarts considérables au sein même des pays. Par exemple, en 2018, en Zambie, le pourcentage d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans qui avaient entamé une grossesse (c’est-à-dire qui avaient accouché ou qui étaient enceintes au moment de l’entretien) allait de 14,9 % à Lusaka à 42,5 % dans la province du Sud. Aux Philippines, en 2017, il allait de 3,5 % dans la région administrative de la Cordillère à 17,9 % dans celle de Davao.
D’après les données pour 2019, 55 % des grossesses non désirées chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans se terminent par un avortement, qui, dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, est souvent pratiqué dans des conditions dangereuses. En comparaison avec les femmes âgées de 20 à 24 ans, les mères adolescentes (âgées de 10 à 19 ans) ont un risque accru d’éclampsie, d’endométrite puerpérale et d’infections systémiques. En outre, les nourrissons nés de mères adolescentes sont exposés à un risque accru de faible poids de naissance, de naissance prématurée et de graves affections néonatales.
La prévention de la grossesse chez les adolescentes ainsi que de la mortalité et de la morbidité liées à la grossesse est essentielle si l’on veut améliorer le bilan sanitaire tout au long de la vie, et impérative si l’on veut concrétiser les objectifs de développement durable (ODD) liés à la santé maternelle et néonatale.
Les facteurs de risque
Selon les études sur les facteurs de risque et de protection liés à la grossesse chez les adolescentes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, les niveaux ont tendance à être plus élevés chez les personnes peu instruites ou en situation de précarité économique. Les progrès sont plus lents en ce qui concerne la réduction des premières naissances chez les adolescentes parmi ces groupes, ce qui creuse les inégalités.
Plusieurs facteurs contribuent aux grossesses et aux accouchements chez les adolescentes. Premièrement, dans de nombreuses sociétés, les filles subissent des pressions pour se marier et avoir des enfants. En 2021, on estimait à 650 millions le nombre de filles mariées dans le monde. Les mariages d’enfants exposent les filles à un risque accru de grossesse car les filles mariées très tôt ont généralement peu de chances d’influer sur la prise de décision concernant le report d’une grossesse ou l’utilisation de moyens de contraception. Ensuite, dans de nombreux endroits, les filles choisissent d’avoir un enfant car leurs perspectives d’éducation et d’emploi sont limitées et la maternité est valorisée.
Dans bien des endroits, les adolescentes n’ont pas facilement accès aux moyens de contraception. Même lorsqu’elles peuvent en obtenir, elles n’ont pas toujours la capacité ou les ressources nécessaires pour les payer, ni les connaissances nécessaires pour savoir où les obtenir et comment les utiliser correctement. Elles peuvent être victimes de stigmatisation lorsqu’elles tentent de se procurer des moyens de contraception. En outre, elles sont souvent plus susceptibles d’en interrompre l’utilisation en raison des effets secondaires, de l’évolution des conditions de vie et de leurs intentions en matière de procréation.
Une législation ou des politiques restrictives concernant la fourniture de moyens de contraception en fonction de l’âge ou de la situation matrimoniale constituent un obstacle important à la mise à disposition et à l’utilisation de moyens de contraception chez les adolescentes. Cette situation est souvent associée aux préjugés dont font preuve les agents de santé et/ou à leur refus de reconnaître les besoins des adolescentes en matière de santé sexuelle.