Le stress professionnel épuise le corps et tue à petit feu
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Par N.T.
Dans un article publié le 28 juin 2025 sur son site web, la chaîne britannique BBC Afrique fournit des explications sur le » burn-aout » ou l’épuisement professionnel dû au stress qui prend de plus en plus de l’ampleur à travers le monde. Fatigue persistante, démotivation, irritabilité, perte de sens… Et si c’était plus qu’un simple coup de mou ? Le burn-out, ou épuisement professionnel, touche de plus en plus de salariés, cadres comme employés.
Dans un contexte professionnel marqué par des objectifs toujours plus exigeants et un manque de prise en charge psychologique, de nombreux travailleurs s’épuisent en silence. Le stress chronique et le burn-out ne sont plus des concepts abstraits : ce sont des réalités vécues dans les entreprises privées, les administrations publiques et les organisations internationales.
Défini comme un mal-être lié au travail, le burn-out est bien plus qu’un simple coup de fatigue. C’est une alerte rouge, un cri silencieux du corps et de l’esprit. Il associe perte d’énergie, inefficacité, sentiment d’échec et dépersonnalisation.
Troubles du sommeil, douleurs musculaires, perte de motivation, isolement, désengagement progressif…les premiers signes du stress professionnel sont multiples et souvent banalisés. Pourtant, leurs conséquences peuvent aller jusqu’à la dépression, en passant par les maladies cardiovasculaires, les troubles digestifs ou les addictions.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’épuisement professionnel comporte trois éléments : un sentiment d’épuisement, un détachement mental de son travail et une baisse des performances au travail.
» Nous devons apprendre à reconnaître nos préférences et nos limites, comprendre nos facteurs de stress, savoir lesquels sont sous notre contrôle « , a indiqué Anna Katharina Schaffner, historienne de la culture et coach de dirigeants spécialisée dans l’épuisement professionnel.
Dans sa vie antérieure d’universitaire, Anna Schaffner a souffert d’épuisement professionnel. Aujourd’hui, elle travaille comme coach spécialisée dans l’aide aux personnes épuisées et a écrit un livre intitulé Exhausted: An A-Z for the Weary (Épuisé : un guide de A à Z pour les personnes fatiguées).
» Je devenais non seulement épuisée, mais aussi irritable, amère…Je m’apitoyais sur mon sort « , a expliqué Anna. » Je n’aimais plus mon travail. Je me trouvais dans un environnement de travail très toxique. J’ai remarqué que cela avait un impact sur tout mon être et que la souffrance au travail avait vidé ma vie de toute joie. Lorsque nous souffrons au travail, cette souffrance se répercute sur tous les aspects de notre vie. Lorsque j’ai pris conscience de cela, j’ai lentement commencé à préparer mon départ. «
Dans son travail de coach, Anna Katharina Schaffner utilise les principes de la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT). Une méthode qui aide à accueillir nos émotions sans les fuir ni les combattre. » Il est normal d’avoir des pensées ou émotions négatives comme la peur ou la colère. Plutôt que de les rationaliser ou de lutter contre elles, on apprend à les observer avec distance. On passe de « Je suis en colère » à « Je remarque que je ressens de la colère ». Ce petit changement donne un sentiment de pouvoir. «
Anna Katharina Schaffner propose des conseils fondés sur des preuves pour faire face au stress que la vie nous impose.
» Plus on donne de soi au travail, plus le reste de notre vie s’appauvrit. On ne se rend compte du vide qu’en s’arrêtant. C’est pourquoi il est crucial de reconstruire d’autres sources de sens, de joie, de plaisir. «
L’épuisement professionnel est en hausse dans le monde
Les études sont formelles : l’épuisement professionnel est en hausse dans tous les secteurs, partout dans le monde. Et pour Schaffner, cela tient à plusieurs raisons :
» Nous vivons dans une culture du travail plus précaire et plus compétitive. Nous avons tendance à surévaluer le travail. Nous lui demandons trop : non seulement un revenu et un statut, mais aussi du sens, une forme de légitimation de nous-mêmes. »
Autrefois, la séparation entre vie privée et professionnelle était plus claire. Mais aujourd’hui, la technologie a brouillé les frontières. Mails, messages, notifications… nous sommes connectés en permanence.
» Il devient très difficile de se déconnecter. Même en dehors du bureau, nos pensées tournent autour du travail. «
Le point de vue de l’OMS
Le burn out ou l’épuisement professionnel n’est (toujours) pas reconnu comme maladie professionnelle et ne figure pas dans la Classification internationale des maladies (CIM-11).
En 2019, lors de la 72ème assemblée mondiale de la santé, l’Organisation mondiale de la Santé a revu la définition du burn out en ces termes : « un syndrome résultant d’un stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès. »
Autrement dit, ce n’est pas une maladie mentale, mais un phénomène lié au travail.
L’OMS recommande aux États de renforcer les politiques de santé au travail, d’assurer un équilibre vie privée / vie professionnelle, et d’intégrer la santé mentale dans les services de santé primaire.