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Rachel Kitsita Ndongo : « Il faut donner la chance à la femme de pouvoir étudier… »

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Rachel Kitsita Ndongo : « Il faut donner la chance à la femme de pouvoir étudier… »

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Rédactrice en chef adjoint (RCA) à la chaîne de télévision Numerica TV, Rachel Kitsita Ndongo évolue au sein de cet organe de presse depuis maintenant 10 ans. Graduée en journalisme à l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication (IFASIC), elle a d’abord commencé comme stagiaire avant d’être engagée.

Kitsita se dit fière d’être le produit de Numerica Tv à qui elle doit son parcours et son expérience dans la profession. Cette jeune cadre est également reporter, présentatrice du journal télévisé (JT) et de l’émission « Noticias », consacrée à l’actualité politique.

La Tempête des Tropiques : Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans la profession ?

Rachel Kitsita Ndongo : Comme tout début, j’ai beaucoup hésité et trébuché dans la profession. Comme on dit, « c’est en forgeant qu’on devient forgeron », je n’ai pas baissé les bras même face aux reproches les plus durs et méchants. Du moins, j’ai maintenu le cap parce que j’avais envie de travailler, de faire le journalisme étant donné que la passion bouillonnait en moi.

Une chose est vraie, je ne me suis jamais découragée ni laissée tomber car je voulais continuer et atteindre mon objectif. Je dirais notamment que ce n’était pas du tout facile de travailler auprès d’un journaliste aussi chevronné que Mr Kibambi.

Au premier contact avec lui, vous y perdez votre latin en disant en vous-même qu’est-ce que je lui dirais ? J’étais intimidée par sa carrure et complexée à la fois tout en me demandant si j’aurais au moins une place au sein de cette rédaction. Je vous avoue que j’avais trouvé dans cette rédaction de grands reporters, de grandes journalistes.

Et je voulais également devenir comme elles parce qu’elles étaient nombreuses. Donc, je me suis faite petite et j’ai appris aux côtés de ces aînées dans la profession. Au finish, j’ai été acceptée et je me suis trouvée une place au sein de cette rédaction.

TDT : Vous êtes RCA, reporter, présentatrice du JT et d’une émission. Comment faites-vous pour concilier toutes ces tâches ?

RKN : Cela paraît beaucoup à la fois, mais je trouve toujours du temps pour me départager. Le jour de la présentation du JT, si j’ai un reportage, je fais de mon mieux pour être à la rédaction à 15h afin de monter mon élément, faire la mise en bouche de mon journal et préparer mon invité. Alors que mon émission est diffusée une fois la semaine. En ma qualité de RCA, je suis chargée de coordonner la rédaction et suivre notamment les différents reportages de la journée.

Je dirais qu’avec la nouvelle technologie, je peux, même à distance, suivre l’évolution de la préparation du journal, surtout quand je me retrouve dans un reportage. Le métier que nous exerçons est vraiment libéral et nous permet de ne pas être toujours concentré mais de bouger aussi en faisant des reportages. Personnellement, ça ne me dérange pas du tout d’assurer toutes ces tâches.

Je tiens à préciser que lorsque je suis arrivée à Numerica Tv, j’avais fait au moins 2 ans avant de passer à la télé comme co-présentatrice du JT en lisant juste deux ou trois chapeaux seulement deux fois la semaine. Raison pour laquelle, j’étais censée faire les reportages pour ne pas être inactive. C’est par des reportages qu’on découvre un vrai journaliste.

Et ces reportages permettent à ce dernier d’améliorer son écriture. En un mot, les reportages ouvrent des horizons à un journaliste. En outre, c’est facile de gérer une rédaction lorsqu’on sait déjà faire des reportages.

TDT : Qu’est-ce qui motive votre détermination dans l’exercice de votre profession malgré certaines difficultés ?
RKN : C’est la passion du métier. Le fait d’aimer le journalisme me permet de transcender les difficultés. Celles-ci ne manqueront jamais.

Par moment, il faut regarder en avant et savoir surmonter ces difficultés pour grandir dans le métier. Pour être franche, c’est la passion du boulot qui me tient encore jusque-là.

TDT : Pourquoi avez-vous choisi la télé ?

RKN : Parce que c’est la télé que j’aime. Au fait, c’est la journaliste Chantal Kanyimbo qui m’a fait rêver la télé lorsque je la regardais. Bien évidemment d’autres journalistes (françaises, américaines, etc.) m’ont également inspirée et donné le goût du journalisme. Néanmoins, quand j’ai commencé le métier, j’ai découvert plusieurs autres journalistes et grands reporters. Je ne parle pas de visages connus de la télé mais de belles plumes. Ils m’ont donné le goût de travailler pour devenir comme eux.

TDT : Qu’est-ce qui vous a marqué pendant les 10 ans de votre carrière professionnelle ?

RKN : Beaucoup de choses parce que je garde plusieurs souvenirs depuis que j’exerce la profession il y a 10 ans. Le fait déjà d’assurer la couverture médiatique de deux élections en Rd Congo, représente une grande chose pour moi. J’ai assisté à pas mal d’événements dans mon pays.

J’ai couvert la francophonie à Kinshasa, j’ai assisté à la manifestation du Cinquantenaire du pays, et pour la première fois j’ai tendu le micro au secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon et bien d’autres présidents africains. En tant que journaliste, je suis en même temps avec les riches et les pauvres. Comprenez la complexité ! Je suis entre ces deux modes de vie, avec leur réalité. Avec ce métier, j’ai appris tant de choses et rencontré beaucoup d’hommes politiques.

TDT : Un mot par rapport au non accès à l’école des jeunes filles congolaises ?

RKN : Il faut marteler là-dessus parce que la jeune fille doit aller à l’école. L’avenir de la nation, c’est aussi le capital humain qui est composé également de la femme. Cette femme qui élève, éduque, porte et donne la vie, doit étudier. Sans cela,  on aura investi en vain.

Mon souci est que plus les femmes vont étudier, plus elles auront à accéder dans tous les domaines de la vie nationale, et je pense que les choses iront mieux parce que, par moment, là où les hommes échouent, les femmes réussissent et font mieux que leurs semblables. Il ne faut pas qu’il y ait une minorité qui étudie et la majorité reste à la maison sans éducation de base.

A la fin, cette minorité va devenir un poids pour cette majorité qui travaille. Il faut donner la chance à la femme de pouvoir étudier, et que le gouvernement prenne en compte tous les objectifs du développement durable, notamment l’accès à l’éducation de la jeune fille.

TDT : Vous êtes une femme connue du grand public, comment gérez-vous votre vie privée ?

RKN : Je n’ai pas beaucoup de difficultés à gérer ma vie privée. Je vais dire que jusque-là, j’ai encore un grand avantage d’être célibataire. Certes, je suis une femme qui aspire au mariage, mais pour l’instant, je n’ai pas encore de devoirs conjugaux à remplir à la maison.

Je vis pleinement ma vie de célibataire en me consacrant au travail. Donc je peux travailler 24/24h sans aucun souci. A la maison, je mène une vie normale avec mon fils de 12 ans. Seulement, je sais faire la démarcation entre ma vie privée et mon travail. En outre, on ne mélange pas le boulot et l’amitié. Sinon, vous vous perdez.
TDT : Que dire des préjugés qui pèsent sur les femmes des médias ?

RKN : Heureusement vous dites que ce sont des préjugés.

Des préjugés resteront des préjugés, tandis que la vérité reste la vérité. Je ne me fie pas  beaucoup à ce que les gens disent dans la rue. Sinon, on n’avancera pas. Il faut continuer à travailler et être en harmonie avec son Dieu pour ceux qui sont chrétiens, avec soi-même et avec sa famille. Les hommes sont faits pour parler.

Il n’est pas question de se décourager surtout quand on est sur la bonne voie. La justice divine existe. On peut tout dire sur les femmes des médias, d’ailleurs ce n’est plus un secret parce qu’il y a ceux qui se plaisent à raconter n’importe quoi.

TDT : Etes-vous attirée par la politique ?

RKN : Oui, mais Ce n’est pas pour maintenant. Pour l’instant, je suis encore journaliste. Si Dieu nous prête vie, après mes 45 ans, je pourrais voir et y réfléchir. Pour l’instant, j’ai encore presque une dizaine d’années dans la profession.

Propos recueillis par Tantia Sakata

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