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Justice : le camp Kabila en difficulté

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Justice : le camp Kabila en difficulté

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Trois hommes ayant joué un rôle majeur sous le régime de l’ancien président congolais sont poursuivis par la justice: Numbi, Matata et Kalev
Par GKM avec Deutsche Welle

Mal compris et critiqué par le camp Kabila et Fayulu sans oublier celui de Katumbi, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo maintient le cap pour l’instauration d’un état de droit en RDC caractérisé par une justice distributive, équitable et capable de réprimer les auteurs des crimes graves de violations des droits de l’homme et de détournement des deniers publics.

Lors d’un message à l’étranger, en bon stratège, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo avait, sans montrer sa face cachée, dit qu’il ne va pas fouiner dans le passé. Cette déclaration l’avait coûté des injures et humiliations de la part des organisations de la société civile et de défense des droits humains qui tenaient coûte que coûte à voir un jour les vrais assassins de feu Floribert Chebeya Bahizire et Fidèle Bazana être jugés.

Mais quand la justice s’est mise en action pour que les proches de l’ancien Président Joseph Kabila, auteurs de détournement des deniers publics et des violations graves des droits de l’homme, puissent répondre de leurs actes, ceux qui réclamaient justice changent le ton pour parler de l’»acharnement, chasse aux sorciers…».

Le chien aboie…
Au mois de mars 2021, la justice militaire congolaise a lancé une enquête pour retrouver l’ancien patron de la police nationale congolaise, le général John Numbi, premier suspect dans le double assassinat de feu Chebeya et Bazana.

Le même mois, un avis de recherche a été émis contre l’ancien administrateur général de l’Agence nationale des renseignements (ANR), Kalev Mutond. Enfin, en mai dernier, la justice a demandé la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, mis en cause dans une affaire de détournement d’argent dans le projet de Parc agricole de Bukanga Lonzo. Ces procédures entrent dans la mise en œuvre des promesses faites par le chef de l’État congolais.

A son arrivée au pouvoir en 2019, Félix Tshisekedi avait promis d’instaurer un Etat de droit et de faire de la lutte contre la corruption une des priorités.
Après la condamnation à 20 ans de prison de Vital Kamhere, ancien directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, peine réduite à 13 ans en appel, plusieurs personnalités du camp de Joseph Kabila sont également mises en cause dans des affaires de détournements.

La justice est totalement indépendante avec Tshisekedi

Pour Franck Citende, secrétaire exécutif du Réseau national des ONG des droits de l’homme en RDC(Renadhoc), il y a une différence fondamentale entre la justice sous Joseph Kabila et celle sous Félix Tshisekedi. «Aujourd’hui, nous pensons que la justice a les mains libres pour faire son travail sans subir l’influence de qui que ce soit. La grande différence entre le régime de Kabila et celui de Félix Tshisekedi est à ce niveau-là.

Aujourd’hui, la justice a retrouvé ses lettres de noblesse, elle est en train de faire son travail en toute indépendance», a souligné Franck Citende à nos confrères de Deutsche Welle (DW), la radio publique allemande. Pour sa part, Franklin Tshiamala, président du parti politique Alliés pour un nouveau Congo, ancien vice-ministre du gouvernement Matata, le fait que la justice se penche sur les cas de Kalev Mutondo, John Numbi ou encore Augustin Matata Ponyo montre qu’elle serait au contraire aux ordres du pouvoir.

Tshiamala qui s’est confié à DW estime que la justice sous Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo est un outil visant à éliminer ceux qui pourraient constituer un obstacle pour le scrutin présidentiel de 2023.»Les perquisitions des résidences des collaborateurs de l’ancien président, auxquelles on assiste ces derniers temps, prouvent que tous les soupçons possibles peuvent être montés contre eux, pour les actions que l’on suppose qu’ils pourraient entreprendre pour gêner le pouvoir actuel», souligne Tshiamala.

Dans son communiqué de presse du 24 août dernier, Isabelle Ihemba Kayombo, fille de Kalev Mutondo, ancien directeur de l’ANR, dénonce les faits qui se sont déroulés dans les résidences de sa famille. Des perquisitions qui rappellent celle qui a eu lieu le 3 août dernier à la résidence du sénateur Matata Ponyo, lui aussi proche de Joseph Kabila.

Isabelle Ihemba qui est par ailleurs députée FCC, plateforme politique de Joseph Kabila, qualifie ces perquisitions d’illégales et rappelle que son père est prêt à se présenter devant la justice, mais à certaines conditions. Kalev Mutond est accusé par Jean Claude Muyambo Kyassa et d’autres victimes de répression sanglante de cet homme sous sanctions des USA et l’Union européenne à cause du rôle néfaste qu’il a joué en RDC visant à handicaper le processus démocratique par l’organisation des élections dans le délai prévu par la constitution.

Le cas Eteni confond les détracteurs de Fatshi

Félix Tshisekedi est accusé de pratiquer une justice sélective. Cependant, le 27 août dernier, l’ancien ministre de la Santé, Eteni Longondo, proche du président de la République, a été placé en détention provisoire pour un présumé détournement de fonds alloués à la lutte contre le Covid-19.

Ce haut cadre de l’Udps, le parti présidentiel, a toujours nié avoir détourné cet argent. Pour certains observateurs, cette arrestation est un signal fort envoyé par les autorités congolaises pour renforcer l’Etat de droit. Sous Kabila, la population avait peur de l’ANR, une machine répressive dirigée par le tout puissant Kalev Mutond.

Mais sous Felix Tshisekedi, les mandataires publics ont peur de l’Inspection Générale des Finances (IGF) qui, à travers son chef Jules Alengeti Key, les gestionnaires véreux de l’argent de l’état ont la possibilité de terminer leurs carrières à la prison centrale de Makala. Le travail de Jules Alengeti Key lui a valu les encouragements de l’administration américaine à travers le secrétaire adjoint au Trésor. Une manière de dire que le pouvoir de Fatshi est totalement différent de celui de Kabila.