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L’ancien président français Jacques Chirac est mort à l’âge de 86 ans

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L’ancien président français Jacques Chirac est mort à l’âge de 86 ans

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Jacques Chirac, acteur omniprésent de quatre décennies de la vie politique française et internationale, est mort jeudi matin à l’âge de 86 ans, a annoncé à l’AFP le gendre de l’ancien président. «Le président Jacques Chirac s’est éteint ce matin au milieu des siens. Paisiblement», a déclaré Frédéric Salat-Baroux, l’époux de Claude Chirac.

Les hommages ont afflué aussitôt après l’annonce du décès de celui qui présida la France pendant douze ans (1995-2007), apogée d’une vie tout entière consacrée au pouvoir, avant d’affronter la maladie pendant de longues années. «C’est une part de ma vie qui disparaît aujourd’hui», a commenté Nicolas Sarkozy, son successeur immédiat à l’Élysée, tandis que François Hollande saluait «un combattant» qui «avait su établir un lien personnel avec les Français». Le président Emmanuel Macron prononcera à 20H00 une allocution télévisée en hommage à son prédécesseur. Le chef de l’État a renoncé à se rendre à Rodez, où il devait lancer le débat national sur les retraites dans la soirée.

De l’étranger, la chancelière allemande Angela Merkel a salué «un formidable partenaire et ami», alors que le président de la Commission européenne, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a considéré qu’»aujourd’hui, l’Europe perd une de ses figures de proue, la France un grand homme d’État et moi un ami fidèle». Le Premier ministre libanais Saad Hariri a salué l’un des «plus grands hommes» de la France.
Dans le monde politique français, une minute de silence a été observée à l’Assemblée nationale, ainsi qu’au Sénat, où le décès a été annoncé en séance.

La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a salué le président «capable de s’opposer à la folie de la guerre en Irak» tandis que son père Jean-Marie, battu par M. Chirac au second tour de la présidentielle en 2002, estimait que «mort, même l’ennemi a droit au respect».
La chanteuse et comédienne Line Renaud a expliqué que «c’est comme si c’était (son) frère» qui disparaissait, alors que l’industriel François Pinault, ami intime du couple Chirac qui a fait part de son «infinie tristesse», est passé une vingtaine de minutes au dernier domicile parisien de Jacques Chirac, au 4 rue de Tournon dans le VIe arrondissement.

De nombreux badauds convergent depuis la mi-journée dans cette rue qui donne sur le Sénat. Antoine,un jeune voisin de 14 ans de l’ancien président, ne l’a jamais croisé personnellement, mais voyait souvent sa fille. «Il avait un jardin personnel où il sortait en chaise roulante pour prendre l’air», a-t-il raconté à l’AFP en décrivant «l’esprit pesant» derrière la lourde porte cochère.

Coincé derrière le cordon de sécurité, Omar Kerkoudi est un inconditionnel. Sur un cadre, il a rassemblé plusieurs photos prises avec «Jacques», comme au salon de l’agriculture. «Je l’avais rencontré en 1965, j’avais tracté pour lui quand il s’était présenté aux municipales. Je l’ai vu pour la dernière fois il y a un an, il était sorti de son domicile», dit-il les yeux embués de larmes.

Attaché à l’»unité des Français»

«Paris est en deuil», a assuré Anne Hidalgo, maire de la capitale dirigée pendant 18 ans par Jacques Chirac.
L’ex-chef de l’État était l’un des grands fauves de la droite française. Sa longévité, entre succès brillants et échecs cuisants, a démontré une exceptionnelle capacité de rebond. Celui qui n’apparaissait plus en public depuis plusieurs années fut président de la République pendant douze ans (1995-2007), deux fois Premier ministre, trois fois maire de Paris, créateur et chef de parti et ministre à répétition.

Ses mandats élyséens resteront marqués par son «non» à la deuxième guerre d’Irak, la fin de la conscription militaire, la reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans les crimes nazis, le passage au quinquennat, le cri d’alarme («notre maison brûle») face à la dégradation de l’environnement, une première victoire importante sur l’absurde mortalité routière.
Jacques Chirac était parvenu à conquérir l’Élysée – rêve d’une vie pour ce fils unique – en 1995 après deux défaites (1981 et 1988).

Populaire, mais à l’image abîmée

En 2007, affaibli par un accident vasculaire cérébral qui l’a frappé deux ans plus tôt, il doit voir triompher Nicolas Sarkozy pour lequel il est loin de manifester la ferveur indéfectible de son épouse Bernadette. «Perte de mémoire», «absences», surdité: Jacques Chirac apparaîtra ensuite de plus en plus rarement en public. L’ancien premier ministre Édouard Balladur, qui vécut au tournant des années 90 une impitoyable rivalité avec son ancien ami, a ainsi dit «son émotion» d’un décès intervenu «après tant d’années de souffrance».

Sa dernière sortie publique remonte à novembre 2014, au Musée du Quai-Branly consacré aux arts premiers, et qui porte depuis son nom.
L’ancien président, affaibli mais souriant, était aux côtés de l’un de ses successeurs, François Hollande. Ironie de l’histoire, l’ancien chef du RPR avait indiqué trois ans plus tôt qu’il allait voter pour le socialiste à la présidentielle, contre le sortant Sarkozy.

Particulièrement populaire depuis qu’il avait quitté le pouvoir, Jacques Chirac avait pourtant essuyé de cuisants échecs. En 1988, sèchement battu par François Mitterrand, son épouse Bernadette s’était désespérée que «les Français n’aiment pas (son) mari». Neuf ans plus tard, la dissolution qui devait conforter sa majorité à l’Assemblée a provoqué une humiliante déroute de la droite.

C’est enfin sur le terrain judiciaire que l’animal politique s’était abîmé: protégé par l’immunité attachée au mandat présidentiel, il avait été rattrapé par les juges après son retrait de la politique. En 2011, il devint le premier ancien chef de l’État condamné au pénal, à deux ans d’emprisonnement avec sursis, pour une affaire d’emplois fictifs à la Mairie de Paris. Il avait eu deux filles, Laurence, anorexique mentale depuis sa jeunesse décédée en avril 2016, et Claude, qui fut sa conseillère en communication.

AFP

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