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Mort de Kizito Mihigo : Kigali mécontent des critiques des Congolais

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Mort de Kizito Mihigo : Kigali mécontent des critiques des Congolais

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« Sincèrement, que ces politiciens marginaux aient la décence de se taire et de s’occuper de leur pays. Le suicide malheureux d’un jeune Rwandais au Rwanda ne les concerne pas », a écrit  sur Twitter le ministre rwandais en charge de l’Afrique de l’Est, Olivier Nduhungirehe. L’homme réagissait aux critiques de nombreux internautes congolais, qui  ont partagé hier jeudi 20 février sur la toile une chanson du chantre chrétien rwandais  Kizito Mihigo intitulée « Mon frère congolais », exhortant à la réconciliation entre Congolais et Rwandais.

A en croire une  source, la mort de ce artiste  a réveillé en RD Congo la colère anti-rwandaise récurrente chez certains Congolais, qui accusent Kigali de vouloir « balkaniser » l’Est de leur pays.  Deux députés congolais, Patrick Muyaya et André Claudel Lubaya, ont ainsi violemment remis en cause la thèse du suicide, le second dénonçant « les mains ensanglantées du pouvoir réactionnaire de Kigali ».

L’artiste, qui avait survécu au génocide, avait été arrêté trois jours auparavant pour avoir voulu quitter le pays, selon la version des autorités rwandaises. Les chansons de cet artiste provoquaient la colère du gouvernement du président Paul Kagame. Kizito Mihigo était né le 25 juillet 1981 à Kibeho, dans le district de Nyaruguru, l’ancienne préfecture de Gikongoro (aujourd’hui Province du Sud) au Rwanda. Troisième de six enfants d’Augustin Buguzi et de Placidie Iribagiza, il était  un chanteur de gospel, auteur de chants liturgiques, organiste et compositeur rwandais militant pour la paix et la réconciliation.

Rescapé du génocide des Tutsi, formé au Conservatoire de musique de Paris, en 2010 il crée la Fondation Kizito Mihigo pour la Paix. En 2012, il devient animateur de télévision. Au mois d’avril 2014, après avoir publié une chanson critique immédiatement interdite par les autorités rwandaises, Kizito Mihigo est arrêté pour « menace contre l’État ».

Le 27 février 2015, il est condamné à dix ans de prison pour « conspiration contre le gouvernement » du président Paul Kagame. Il est libéré par grâce présidentielle le 14 septembre 2018, en compagnie de Victoire Ingabire Umuhoza.  À nouveau arrêté le 13 février 2020, il meurt dans sa cellule à Kigali le 17 février, officiellement d’un « suicide » par pendaison. Mais, cette version est contestée par certains Rwandais.

Débuts musicaux

À l’âge de 9 ans, il commence à composer des chansonnettes, mais ce n’est que cinq ans plus tard, lorsqu’il est élève au Petit Séminaire de Butare, qu’il devient l’organiste compositeur liturgique le plus populaire dans l’Église catholique au Rwanda. En 1994, il perd sa famille et devient orphelin lors du génocide des Tutsi au Rwanda. Il s’échappe au Burundi, où il retrouve des membres de sa famille ayant survécu.

Il tente en vain de rejoindre l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) pour venger sa famille.  En juillet 1994, il retourne au Rwanda. Après l’école secondaire, il s’inscrit au séminaire pour devenir prêtre et là, à travers la musique et la foi chrétienne, il arrive à pardonner les assassins de son père.

Formation musicale et carrière

En 2001, il participe à la composition de l’hymne national rwandais et il est ensuite envoyé faire des études au Conservatoire de Musique de Paris par les autorités rwandaises (avec le soutien financier du président rwandais Paul Kagame).

À Paris, Mihigo suit les cours d’orgue et de composition dans la classe de Françoise Levechin-Gangloff, titulaire des grands orgues de l’Église Saint-Roch de Paris, professeur au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris— CNSMDP — et présidente du Conservatoire international de musique de Paris – CIMP. Il entame ensuite une carrière musicale internationale en Belgique.

En 2011, Mihigo s’installe définitivement au Rwanda, et devient une personnalité artistique respectée par la population et par le pouvoir. Il est régulièrement invité pour chanter dans toutes les cérémonies nationales de commémoration du génocide. Il se fait connaître aussi par de nombreuses invitations dans les cérémonies officielles au parlement et ailleurs, pour interpréter l’hymne national rwandais, en présence du Chef d’État et d’autres hauts dignitaires.

Œuvres

Après le génocide de 1994, ce chanteur rwandais a composé plus de 400 chansons en 20 ans, dont les plus populaires sont : Arc en ciel, Twanze gutoberwa amateka, Inuma, Iteme, Urugamba rwo kwibohora, Mon frère congolais, Mwungeri w’intama, Yohani yarabyanditse, Turi abana b’u Rwanda, Igisobanuro cy’urupfu, Umujinya mwiza.

Par Asiyeshindwa

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