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Au terme de la remise et reprise hier:Patrick Muyaya prend les commandes du Ministère de l’Information et des Médias

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Au terme de la remise et reprise hier:Patrick Muyaya prend les commandes du Ministère de l’Information et des Médias

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Le nouveau ministre promet de se battre pour la dépénalisation du délit de la presse
Par Bamporiki Chamira

Les milieux de la presse en République Démocratique du Congo n’ont pas arrêté de jubiler depuis la publication de la liste de membres du gouvernement central formé par le Premier Ministre Sama Lukonde, qui reprend en bonne place le nom de l’ancien journaliste et récemment encore député national Patrick Muyaya à qui revient l’important portefeuille de l’Information et des Médias.

La joie des professionnels de médias était encore lisible sur les visages de ceux d’entre eux qui ont tenu à assister, le mercredi 28 avril 2021, à la cérémonie de remise et reprise entre le Ministre entrant de l’Information et des Médias, Patrick Muyaya, et le Ministre sortant, Jolino Makelele.

Cette passation du bâton de commandement au ministère de l’Information et des Médias est porteuse d’espoirs pour les professionnels de ce secteur qui pensent que l’élévation de ce « fils maison » permettra de trouver solution à leurs préoccupations. Particulièrement en ce qui concerne les multiples taxes auxquelles font face les maisons de presse, et en ce qui concerne la subvention attendue de l’Etat mais qui se fait toujours attendre.

Poursuite de la collaboration

Dans son mot de circonstance, le nouveau ministre de l’Information et des Médias a indiqué que le plus important, dans les fonctions publiques, ce n’est pas toujours la durée, mais les actes posés. Et d’enchaîner: «Vous avez fait votre part, aujourd’hui, moi je prends le relais… j’ai toujours considéré que la réussite, la vôtre particulièrement, était la mienne.

Vous avez parlé de vos liens séculiers, ça veut dire que nous venons tous de quelque part… j’ai vu ce que vous avez pu faire et, avec cette petite dose de la jeunesse… je crois que nous allons nous y atteler pour être sûr que notre République, dans le domaine qui est le nôtre, avance. La sensibilité de notre domaine c’est que, quand vous êtes mauvais journalistes, on sait vous voir tout de suite.

La sensibilité c’est aussi l’image que nous renvoyons… d’abord, à l’intérieur du pays et, ensuite, à l’extérieur. Nous devons changer de narratif, parce qu’au Congo, il y a beaucoup de champions. J’en suis un, vous en êtes un. Mais, très souvent, quand on parle du Congo, on parle en mal.

C’est peut-être de notre propre responsabilité, de notre propre faute… la tâche qui est la mienne ici, je ne pourrai pas la remplir seul, parce que le principe même du travail de journaliste est un travail en chaîne. C’est pour ça qu’on parle de chaîne de télévision. C’est-à-dire qu’il n’y aura pas de réussite qui sera seulement mienne.

Ma réussite sera une réussite collective… le peuple sera très exigeant… la tâche que nous allons poursuivre dans l’ordre de ce que vous avez commencé, c’est de restaurer le lien qui doit être renforcé et qui doit répondre aux impératifs de la modernité. Il en va de l’honneur de notre pays…

Je me battrai pour la dépénalisation du délit de presse. Nous allons nous battre pour faire passer une nouvelle loi, car celle que nous avons est vieille de 25 ans. Tous ces objectifs ne pourront pas être relevés seulement par moi ou ceux qui vont m’entourer immédiatement. Ce sont des objectifs qui doivent impliquer la corporation dans son entièreté, les organisations professionnelles, mais aussi le monde académique, particulièrement l’IFASIC (Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication)… Car, le Premier ministre l’a dit il y a quelques jours, le peuple n’attend plus les mots, mais les actes.

Je terminerais en rendant un hommage appuyé au Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Chef de l’Etat, qui a écouté beaucoup de gens qui lui ont dit de puiser aussi dans la jeunesse… J’espère modestement que je serai en mesure de répondre à l’appel de la République…

Pour des besoins de continuité et prise en mains du cabinet, je crois que la collaboration va continuer… »
Patrick Muyaya se retrouve ainsi aux commandes de la presse en République Démocratique du Congo. C’est à lui de prouver désormais qu’il est réellement le messie longtemps attendu par ses anciens confrères pour sauver la profession, qui est la leur, de la débâcle qui la menace.

La réponse à cette préoccupation est à trouver dans l’organisation au pays d’un colloque de vérité sur la presse et le pouvoir en place à l’initiative du ministère en charge de l’Information et de Médias, et auquel devront prendre part tous les corps constitués de la République.

Identification de parties prenantes

En quoi consisterait justement ce colloque de vérité sur la presse et le pouvoir, une grande première dans le pays depuis son accession à l’indépendance jusqu’à ce jour?

Tout devrait commencer par l’identification de parties prenantes à ce forum, notamment les entreprises de presse implantées en République Démocratique du Congo, les promoteurs desdites entreprises de presse; les capitaux investis dans ces entreprises; les personnels œuvrant dans ces entreprises, plus particulièrement les journalistes. En ce qui concerne les capitaux investis, il y a obligation pour chaque entreprise de presse de préciser l’origine de capitaux investis et les éventuelles interventions financières de l’Etat. Obligation, il y a aussi pour chacun d’indiquer avec précision le régime fiscal auquel les entreprises concernées sont assujetties et, le cas échéant, d’un éventuel bénéfice d’exonérations de la part du gouvernement!

Enfin, obligation il y a aussi pour les entreprises de presse de présenter le contenu de leurs publications par rapport aux orientations du ministère de l’Information et Médias et plus précisément par rapport aux réformes annoncées par le Président de la République en échange des facilités auxquelles elles sont en droit de s’attendre dans le cadre, bien compris, de leurs activités qui doivent tenir compte constamment de leur rentabilité commerciale, financière et économique pour ne pas mourir d’asphyxie!

Dans l’état actuel de choses, l’immense majorité des entreprises de presse de la RDC se trouvent dans un état proche de la banqueroute faute de moyens! Sur quels médias le jeune ministre du secteur pourrait-il compter pour bien jouer son rôle au sein de la nouvelle équipe de l’Exécutif central? Attendons voir.

Un colloque souhaité

A la suite des entreprises de presse à identifier par Patrick Muyaya viendraient les journalistes et les organisations auxquelles ces derniers appartiennent; en premier lieu l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC) en sigle, qui se chargerait de rédiger le cahier des charges de la corporation à présenter au colloque de vérité sur la presse et le pouvoir en RDC que nous proposons d’organiser dans les meilleurs délais sous réserve d’éventuelles interventions individuelles ou de groupes d’individus allant dans le même sens!

Combien y-a-t-il de journalistes en République Démocratique du Congo? On parle tantôt de 3.000 journalistes, tantôt de 5.000 journalistes, tantôt de 10.000 journalistes disséminés à travers le pays! Combien sont-ils exactement les journalistes sur lesquels le nouveau Ministre de l’Information et Médias pourrait compter pour mener à bien sa mission combien exaltante au sein de l’équipe gouvernementale?

Quels rôles ces hommes et ces femmes de média auront-ils à jouer désormais au pays par rapport au passé où leur rôle était diversement apprécié par le public en général, par les autorités, par l’armée, par la police, par les responsables des instances judiciaires du pays et par les étrangers en particulier? Quel statut en conformité avec la législation du travail en RDC auront désormais ces hommes et ces femmes de média appelés à répercuter et à commenter les directives de responsables du pays en rapport avec les changements annoncés par le Président de la République?

Un colloque de vérité sur l’indispensable collaboration entre la presse et le pouvoir en République Démocratique du Congo est d’une nécessité vitale. Point n’est besoin de rappeler que jusqu’à une époque récente la presse dans ce pays avait toujours été considérée (et à juste titre) comme un véritable pouvoir à ne pas minimiser pour des raisons évidentes. Le Ministre Patrick Muyaya à qui nous souhaitons bonne chance et plein succès dans ses hautes fonctions gouvernementales mérite bien le soutien de ses anciens confrères.