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Exploitation illégale des minerais via le Rwanda : Apple dans le collimateur de la RDC

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Exploitation illégale des minerais via le Rwanda : Apple dans le collimateur de la RDC

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Par DMK

Alors que le Chef de l’État congolais, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’apprête à effectuer une visite officielle en France, sur invitation d’Emmanuel Macron, la République Démocratique du Congo vient d’adresser, via ses avocats, William Bourdon, Vincent Brengarth, et Robert Amsterdam, une mise en demeure de semaines à deux filiales de la société américaine ” Apple ” fonctionnant sur le territoire français.

Dans cette sommation, qui pourrait ouvrir la voie à une procédure judiciaire contre Apple, la RDC accuse cette dernière ” d’utiliser dans ses produits des minerais stratégiques achetés au Rwanda “, pays agresseur de la RDC et qui est indexé comme un ” acteur central de l’exploitation illégale des minerais “, notamment l’étain et le tantale, extraits en RDC par voie de contrebande et au prix de graves violations des droits humains dans l’Est de la RDC. Selon Kinshasa, ces minerais et bien d’autres transitent par le Rwanda, avant d’être intégrés dans la chaîne d’approvisionnement mondiale. La mise en demeure indexant Apple et dont des copies sont parvenues à l’AFP indique que les minerais exploités illégalement par le Rwanda et quelques multinationales dont Apple proviendraient en grande partie de mines congolaises au sein desquelles les droits humains sont massivement violés.
C’est pourquoi, les avocats mandatés par la RDC ont adressé un courrier similaire à la maison mère du géant américain de la haute technologie qui commercialise notamment l’iPhone et les ordinateurs Mac. Le courrier ne manque pas de rappeler que le sous-sol congolais regorge plusieurs minerais, dont le cobalt et le cuivre que le petit Rwanda n’a pas.

La sommation évoque aussi le rapport de l’ONG ” The Enough Project ” publié en 2015 et qui relève que ” les sites miniers exploités illégalement à l’Est de la RDC apparaissent souvent contrôlés par des groupes armés qui contraignent, par la violence et la terreur, des civils à y travailler et à transporter ces minerais “. Plus grave encore, des enfants sont également forcés à travailler dans ces mines.

Pour le Gouvernement congolais, c’est l’une des raisons pour lesquelles le régime sanguinaire de Paul Kagame soutient la rébellion du M 23 qui est à l’offensive depuis plus de deux ans dans la province du Nord-Kivu.

Selon les avocats de la RDC, ” la responsabilité d’Apple et, au-delà de grands fabricants de high tech quand ils utilisent des minerais du sang, est resté depuis longtemps une boîte noire “. Aussi, jugent-ils ” notoirement insuffisants ” les différents engagements et précautions pris par Apple, soit d’initiative, soit en application de la loi, s’agissant de l’utilisation des minerais achetés vau Rwanda.

En menaçant de poursuivre en justice Apple, Kinshasa dit vouloir ” moraliser le secteur de l’extraction des minerais rares “. Surtout, lorsque ces derniers sont extraits au prix de la commission des crimes les plus graves et, parfois, au bénéfice de ceux qui les commettent.

Pendant qu’Apple prétend s’en tenir au Programme Initiative de la Chaîne d’Approvisionnement (ITSCI), l’ONG britannique ” Global Witness ” emboîtait le pas au Gouvernement congolais, en affirmant, dans un rapport publié en avril 2022, que ledit programme ne fait que contribuer en RDC au blanchiment de minerais liés à des conflits, au travail des enfants ou issus de trafic et de contrebande.

A en croire les avocats de la RDC, toutes les options sont désormais sur la table après la mise en demeure qui expire dans deu semaines. Le sujet ne manquera pas d’être évoqué par Emmanuel Macron au cours des entretiens qu’il aura dans quelques jours à l’Elysée avec son homologue congolais, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.