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César 2025 : un Guinéen sans papier sacré meilleur espoir masculin du cinéma français

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César 2025 : un Guinéen sans papier sacré meilleur espoir masculin du cinéma français

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Jusqu’à il y a peu le jeune homme était visé par une obligation de quitter le territoire

Par YHR

Abou Sangaré, sacré meilleure révélation masculine espoir masculin du cinéma français au César 2025 pour son rôle dans  » L’Histoire de Souleymane « , connait une destinée singulière. A 23 ans, le Guinéen était visé par une obligation de quitter le territoire français.

En effet, le jeune homme vit comme clandestin dans l’hexagone. Parti de Guinée à l’âge de 15 ans, où il travaillait dans la petite ferme familiale, puis dans la mécanique, l’adolescent arrive en Algérie. Il veut y gagner de quoi soigner sa mère, atteinte de violentes crises d’épilepsie. Au bout de trois mois à travailler dans le bâtiment à Alger, il comprend qu’il n’est pas suffisamment bien payé pour envoyer de l’argent chez lui. Mais il a assez en poche pour payer des passeurs qui l’emmèneront en Libye, puis vers l’Europe sur un Zodiac.

Quitte son pays à l’âge de 15 ans

Après avoir failli couler sur une embarcation surchargée, Abou Sangaré accoste en Italie. Puis rejoint la France. Débarqué à Paris, où il ne connaît personne, il préfère partir pour Amiens, dans le Nord de la France.

Abou Sangaré y suit une formation en peinture, puis un bac pro de mécanicien poids lourds. Il effectue des stages et commence un contrat d’apprentissage… Mais il ne parvient pas à avoir de papiers. Ses employeurs tentent de l’embaucher à plusieurs reprises, mais les titres de séjour d’Abou Sangaré sont refusés. L’administration objecte qu’il n’a pas de visa étudiant, qu’il est entré en France de façon irrégulière et que sa famille d’attache est en Guinée… Même s’il assure ne presque plus avoir de contact avec son pays d’origine.

En 2023, l’association d’aide aux migrants dans laquelle Abou Sangaré est bénévole, lui dit qu’une équipe de cinéma recherche un Guinéen. Il se présente, voyant là une autre opportunité de travailler. C’est lors d’une séance d’improvisation qu’il convainc le cinéaste Boris Lojkine pour  » l’Histoire de Souleymane « . Le comédien en herbe répète pendant deux mois, effectue deux semaines de stage avec un livreur à vélo et deux mois de tournage.
Venu pour un job de mécanicien

Mais lorsque le film de Lojkine est sélectionné à Cannes, le jeune homme a reçu son troisième refus de titre de séjour et est visé par une obligation de quitter le territoire français, la trop fameuse OQTF. Le producteur du long métrage engage une avocate pour faire abroger cette décision. Le 8 janvier dernier, Abou Sangaré obtient enfin un titre de séjour salarié d’un an.  » Le jour où je suis allé à la préfecture pour le retirer, ça a été le plus beau moment depuis le début du casting « , a confié le Guinéen mi-janvier.

 » L’Histoire de Souleymane  » décrit 48 heures de la vie de Souleymane, jeune Guinéen travaillant comme livreur à vélo. Il se prépare à être auditionné par l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA), dans le cadre de sa demande d’asile à Paris.