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Congés techniques à la CAA : L’Etat congolais indexé !

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Congés techniques à la CAA : L’Etat congolais indexé !

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Au niveau du ministère des Transports et de l’Autorité de l’aviation civile, les raisons avancées sur cette mesure d’interdiction ne sont pas convaincantes en ce qui concerne  l’importation du nouvel Airbus de cette compagnie aérienne, l’une des rares qui opère, pour le moment, dans un secteur où les investissements coûtent énormément chers, et qui vient d’envoyer plus de 700 agents au chômage!

Plus de 700 agents de la CAA (Compagnie Africaine d’Aviation) viennent d’être renvoyés, depuis quelques semaines, en congé technique. La principale raison avancée est l’incapacité de la compagnie de supporter un effectif de quelque  800 agents et cadres, alors qu’elle ne dispose que d’un aéronef de grande capacité d’accueil pouvant lui permettre de  desservir ses nombreuses lignes à travers le pays.

La CAA dispose pour le moment de deux fokkers, qui ne sont pas en mesure d’exploiter ses lignes, soit 24 destinations aux fréquences respectées, en cette période où son ancien gros porteur continue de poursuivre son check-up en Afrique du Sud.

C’est ainsi que la direction générale de cette compagnie s’est procurée un nouvel Airbus A321 en France, mais dont les autorités congolaises ont refusé d’accorder, en janvier dernier, le certificat de navigabilité dans le pays, selon les sources syndicales de la CAA.

Faire faillite

Du côté de l’AAC (Autorité de l’Aviation Civile), il faut se conformer à l’arrêté ministériel de 2012 interdisant l’importation d’aéronefs de plus de 15 ans, pris à l’époque par  Justin Kalumba, ancien ministre des Transports et Voies de communication. L’avion Airbus A321 de la CAA est vieux de plus de 18 ans, ce qui justifie son interdiction d’exploiter dans l’espace aérien congolais.

La raison avancée n’a pas convaincu la délégation syndicale de la CAA, qui pointe du doigt certaines autorités congolaises, lesquelles, à travers cette mesure d’interdiction, veulent voir cette compagnie aérienne sombrer dans la faillite. Surtout que, le fameux arrêté brandi par l’autorité de régulation, n’a jamais été publié dans le Journal officiel.

Il faut dire que la procédure d’importation d’un aéronef a été bien suivie du côté de la CAA. C’est ce qui a provoqué la colère des syndicalistes, comme quoi l’autorisation de faire venir l’avion a été accordée. A son arrivée à Kinshasa, après avoir payé la douane, le certificat de navigabilité lui a été refusé. Les syndicalistes dénoncent «la politique de deux poids, deux mesures». Allusion faite aux avions plus âgés que celui de la CAA, à qui on a toujours accordé des certificats d’exploitation.

En dehors de la raison d’âge de plus de 18 ans de l’Airbus de la CAA, rien n’a été dit. Tout le monde s’est tu du côté du ministère de tutelle et de l’AAC. Ce qui n’est pas de nature à arranger les choses, surtout dans un secteur comme celui de l’aviation, où les investissements coûtent énormément chers.

Beaucoup de compagnies qui ont exploité dans ce secteur ont fait faillite. La toute dernière est la compagnie Korongo, qui malgré ses deux puissants avions Boeing, n’a pas pu exploiter. Cette compagnie d’investisseurs belges a été contraint de fermer.

La CAA mérite d’être félicitée, quand on sait que la plupart des compagnies aériennes en RD Congo ont connu des crashs. C’est pour cette raison que  la RD Congo est classée sur la liste noire de l’Union européenne. Les compagnies aériennes ne peuvent exploiter les lignes européennes et de l’Amérique du Nord.

Pour un secteur qui mérite d’être encouragé, les décisions prises par les autorités ne facilitent pas son développement. Dans les pays africains comme le Kenya, l’Ethiopie et tant d’autres, l’aviation est source de croissance économique. Ce qui n’est pas le cas en RD Congo où les opérateurs économiques, pour un secteur aussi difficile comme celui de l’aviation civile, sont poussés à l’abandon.

Craintes

Autre problème, pour un pays à la dimension continentale comme la RD Congo dont les voies de communication sont précaires, avec des réseaux routiers et ferroviaires très faibles, seul le transport aérien peut permettre l’accessibilité vers l’intérieur. Il faut dire qu’avec l’avion, on sait accéder seulement à des grandes villes. Parce qu’il y a des coins où ni  moto, ni autres véhicules ne peuvent pénétrer.

Beaucoup sont ceux qui craignent la fermeture de la CAA, pourtant la seule compagnie capable de faciliter les déplacements des voyageurs à l’intérieur du  pays. Cela malgré la présence d’un nouvel opérateur public dans le secteur aérien, en l’occurrence Congo Airways, confronté de plus en plus à d’enormes difficultés. En l’espace de deux ans, cet opérateur public a dégraissé déjà son personnel à deux  reprises.

Par Lucien Kazadi T.

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