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Goma : scène de désolation et d’imbroglio dans la ville volcanique

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Goma : scène de désolation et d’imbroglio dans la ville volcanique

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Par N.T.

Les conséquences néfastes de l’éruption depuis samedi du volcan Nyiragongo qui surplombe la ville de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu sont encore loin de s’estomper. Il est vrai que la ville a été épargnée par la coulée de lave qui s’est arrêtée avant d’entrer dans cette métropole de plus ou moins 650.000 habitants. Mais de très nombreux mouvements sismiques (tremblement de terre et ses répliques) continuent à secouer la ville jusqu’à écrouler des immeubles.

C’est tard dans la nuit de mercredi à jeudi que le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le lieutenant-général Constant Ndima a annoncé sur la radio-télévision nationale congolaise (RTNC, chaine officielle) la décision de faire évacuer les habitants de 10 quartiers de Goma vers Sake, localité située à plus ou moins 20 km de la ville, dans le territoire de Masisi.

Bien que le général Ndima ait appelé à une évacuation dans le calme et avec les moyens de transport mis à disposition par les autorités, on a assisté jeudi à une ruée incontrôlée sur la route qui mène à Sake. C’est une véritable marée humaine que l’on a vu à pied, sur des motos et sur des automobiles bondées.

Cette évacuation a provoqué des embouteillages monstres sur plusieurs kilomètres. C’est à une véritable scène de désolation et d’imbroglio que l’on a assisté jeudi dans la ville volcanique. Hommes, femmes, vieillards et enfants, bagages à la main ou à la tête, quittaient précipitamment la ville devenue dangereuse à cause de la colère du Nyiragongo.

Les différents ports de Goma sur le lac Kivu sont bondés de passagers qui quittent Goma pour se réfugier à Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu, à 200km plus au sud. La route nationale qui relie Goma et Bukavu, impraticable à plusieurs endroits, est aussi bondée des véhicules pleins de gens qui fuient la ville volcanique.

Qu’est-ce que les autorités et les scientifiques redoutent ?

Dans son message, le gouverneur militaire du Nord-Kivu dit notamment : ” Les données actuelles de la sismicité et de la déformation du sol indiquent la présence de magma sous la zone urbaine de Goma, avec une extension sous le lac Kivu “. Le général Ndima a averti en ces termes : ” On ne peut actuellement pas exclure une éruption à terre et sous le lac qui pourrait advenir sous très peu, voire sans aucun signe précurseur “.

Il a encore fait cette mise en garde : ” Des risques supplémentaires sont liés à l’interaction entre la lave et l’eau “. Il a fait allusion à un scenario catastrophe pour le lac Kivu, à savoir le risque de déstabilisation du gaz sous le lac. Les scientifiques parlent d’une ” éruption limnique “.

Le scénario d’une éruption limnique est particulièrement effrayant : ” Les gaz dissous dans les eaux profondes du lac montent, surtout le CO², et asphyxient tous les êtres vivants autour du lac Kivu du côté congolais et rwandais “, indique une note de l’Observatoire volcanique de Goma (OVG) citée par l’AFP. Pour l’OVG, ” il y aurait des milliers de morts ” dans les deux pays.