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Plus de 450 Casques bleus déployés au Kasaï

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Plus de 450 Casques bleus déployés au Kasaï

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Pour suivre de près cette crise qui a occasionné plus de 1,4 million de déplacés dont plus de 800.000 enfants, la MONUSCO  a ouvert un bureau à Kananga

Des milliers de personnes souffrent de la violence, de maladies et de malnutrition suite à la crise qui secoue le Kasaï, région où la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) affirme avoir  déployé plus de 450 Casques bleus, afin de répondre aux besoins sécuritaires susceptibles de soulager tant soit peu  les populations meurtries de cette partie de la RDC.

    Ce conflit, qui a éclaté en août 2016, touche à ce jour 8 des 26 provinces que compte le pays, ont fait remarquer hier mercredi les agences du système des Nations Unies. C’était au cours d’une conférence de presse consacrée spécialement à cette crise.

Malgré l’intensité de violences, les agences humanitaires des Nations unies  comme le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM), l’Organisation Mondiale de la santé (OMS), Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), FAO…continuent à apporter leur aide aux personnes vulnérables.

Selon ces organisations, un grand nombre de personnes ont fui leurs villages en raison du conflit et ont tout perdu: habits, nourritures, argent… A ce jour, les Nations Unies enregistrent plus de 1,4 million de déplacés, dont 850 000 enfants, qui, en l’absence de structures formelles d’accueil, vivent dans des églises voire dans la brousse ou sont hébergés au sein de communautés qui sont déjà parmi les plus pauvres du pays.

Les populations de cette région ont totalement raté deux saisons agricoles depuis le début de la crise et risquent de perdre la grande saison agricole 2017-2018, a déploré l’ONU. A cause de la violence au Kasaï, les populations fuyant les  combats ont perdu leurs stocks de nourriture et de semences ainsi que leurs outils aratoires et leur bétail, y compris leurs titres de propriété, dans leur fuite ou dans les incendies de leurs villages.

2,8 millions de personnes en situation de crise alimentaire

La région compte environ 2,8 millions de personnes en situation de crise alimentaire et de moyens d’existence aiguë : 1,8 million de personnes en phase 3 (crise) et 1 million en phase 4 (urgence) selon le résultat du 15e cycle de l’analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publié le 14 août 2017. De plus, avec un taux d’inflation dépassant 100 %, les denrées alimentaires deviennent inaccessibles pour une grande partie de la population.  Ainsi, selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), plus de 500 000 personnes seront probablement prochainement confrontées à des pénuries alimentaires sévères.

Les enfants paient un lourd tribut à cette crise

 Au moins 100 d’entre eux ont été tués de janvier à mars 2017 et plus de 500 cas d’enfants utilisés comme combattants ou boucliers humains par des milices ont été enregistrés. 5 000 enfants, qui ont été séparés de leurs familles, courent le risque d’être recrutés par des milices et d’être victimes de violences ou d’abus. 600 cas de violences sexuelles ont été enregistrés depuis le début de la crise en août 2016.

Des enfants sont également privés de soins de santé, les rendant ainsi plus vulnérables aux maladies et à la mort. Un centre de santé sur quatre dans la région du Kasaï ne fonctionne plus correctement depuis les destructions, les pillages et la fuite du personnel de santé. Une autre conséquence grave de la violence qui sévit dans cette région est l’absence de scolarisation pour des milliers d’enfants. A cause de l’insécurité permanente, enfants et professeurs ne veulent ou ne peuvent pas retourner en classe, alerte l’ONU.

Malgré le retard que connaît le financement du Plan de Réponse Humanitaire (d’un montant de 748 millions de dollars américains) ainsi que le plan d’urgence pour la région du Kasaï (d’un montant de 64,5 millions USD), des activités de réponse se mettent progressivement en place, notamment à Tshikapa. Les besoins sont énormes suite au manque de nourriture, d’abris adéquats, de soins de santé, d’eau potable et d’assainissement.

Les agences humanitaires du système des Nations Unies travaillent jour et nuit pour venir en aide aux victimes de violences au Kasaï. Elles appellent à garantir un accès sécurisé pour les personnels humanitaires, afin d’apporter une assistance aux personnes les plus vulnérables.

Plus de 4 300 ménages secourus par la FAO

A Tshikapa, la FAO a déjà soutenu plus de 4 300 ménages, soit 26 000 personnes qui sont en majorité des femmes, avec la distribution d’outils aratoires (houes, râteaux, arrosoirs) et de semences (tomates, amarantes, gombo, aubergines) afin de cultiver 200 hectares qui pourront produire au moins 500 tonnes de nourriture pour une valeur d’au moins 150 000 dollars américains.  Les légumes de ce projet sont déjà disponibles sur les marchés.

A Tshisimbi, Mukumbi, Miabi, Tshilundu, et Kabeya -Kamuanga, des semences et des boutures saines de manioc ont été distribuées tout comme des outils aratoires et 60 silos métalliques fabriqués localement. Deux marchés et quatre moulins ont été construits. L’élevage de lapins est encouragé. Au total, 4 752 ménages, soit environ 28 500 personnes, sont bénéficiaires de ce projet mis en œuvre conjointement avec Save the children.

A Kabeya-Kamuanga, 2 200 ménages, soit environ 13 200 personnes, ont reçu des outils aratoires alors qu’à  Kananga, des semences ont été distribuées à 2 812 ménages, soit environ 17 000 personnes, et des formations en maraîchage et cultures vivrières ont été organisées à Tshimbulu dans le territoire de Dibaya. Les distributions de semences et les formations se poursuivent dans les provinces du Kasaï, Kasaï Central, Kasaï Oriental et Tanganyika au bénéfice de 10 000 ménages, soit environ 60 000 personnes.

Plusieurs défis à relever  

Difficultés d’approvisionnement en semences vivrières, attente de l’aide humanitaire afin de préparer la grande saison culturale, attaque des insectes (chenilles ravageuses) sur les cultures, accès difficile à la terre spécialement pour les femmes malgré les actions des églises et autorités locales. Pour répondre à l’insécurité alimentaire dans la région du Kasaï, la FAO souhaite mobiliser au plus vite entre 2 et 3 millions de dollars USD.

De son coté, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) soutient les enfants sortis des milices et libérés de détention en leur fournissant des soins médicaux d’urgence et un soutien psychosocial.  Ses partenaires ont mis en place des espaces d’accueil pour les enfants afin de les aider à surmonter leurs traumatismes et continuer leur scolarisation. L’UNICEF et ses partenaires ont également mis en œuvre un programme d’assistance en espèces,
d’assistance en espèces, visant la mise à disposition d’argent liquide aux ménages (100 USD par ménage), pouvant être librement utilisé pour se reconstruire une vie.

 Grâce au Mécanisme de Réponse Rapide (RRM), l’UNICEF atteint les zones les plus isolées. Ainsi, plus de 50 000 ménages vont recevoir des articles essentiels tels que des bâches, des tapis de sol et des ustensiles de cuisine. L’UNICEF a également soutenu 3 600 enfants afin qu’ils puissent passer l’examen final d’école primaire en juin et juillet 2017. Des cours de soutien sont organisés et du matériel scolaire ainsi que des uniformes sont distribués pour leur permettre de poursuivre leur scolarisation.

Fin juillet, l’UNICEF avait pu apporter une assistance à près de 160 000 personnes en besoin humanitaire urgent dans le Grand Kasaï. L’UNICEF a estimé à 40,2 millions USD son plan de réponse à cette crise pour six mois. Fin juillet, 40 % des fonds nécessaires avaient été sécurisés.

L’OMS offre des soins de santé primaires aux personnes affectées

L’OMS offre des soins de santé primaires aux personnes affectées par la crise à travers l’Agence Adventiste d’Aide et de Développement (ADRA), Action et intervention pour le développement social (AIDES) et International Rescue Committee (IRC). Les activités d’approvisionnement en médicaments, de prise en charge des malades dans les structures de soins sélectionnées et de formations des prestataires de soins et relais communautaires sont en cours d’exécution, en dépit de quelques défis qui persistent en raison de l’insécurité et de l’augmentation excessive des bénéficiaires dans les zones d’intervention, entrainant des ruptures précoces des stocks des médicaments.

Le PAM et son partenaire World Vision ont lancé mi-août une opération d’urgence pour fournir une assistance alimentaire à 42 000 personnes en situation d’insécurité alimentaire dans les provinces du Kasaï et du Kasaï Central. Cette assistance sera fournie aux personnes qui ont fui leurs villages en raison du conflit dans la région.

 Là où un accès sécurisé est possible, le PAM envisage d’apporter son assistance à 25 000 personnes déplacées dans le Kasaï central et 17 000 personnes dans la province du Kasaï. Le PAM a toutefois urgemment besoin de 17,3 millions de dollars américains pour soutenir le développement des opérations d’assistance en faveur de 250 000 personnes vulnérables dans ces provinces de septembre à décembre 2017.

Un service aérien assuré pour atteindre les vulnérables

En plus des distributions de vivres, le PAM dirige le Cluster logistique qui fournit un soutien technique et logistique aux organisations humanitaires.  Une plateforme logistique (transport et entreposage) est opérationnelle à Kananga et Tshikapa. Quelques intrants du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et du PAM ont été réceptionnés et stockés à Kananga.

 Par ailleurs, le Service humanitaire PAM/UNHAS a étendu ses services aériens dans cette région. UNHAS RDC vient de positionner un avion de type Caravane à Kananga de façon permanente afin d’offrir une plus grande mobilité aux acteurs humanitaires dans leurs actions salvatrices aux plus vulnérables de cette région.

 Après avoir évalué et travaillé en étroite collaboration avec les communautés / autorités locales sur la réhabilitation des pistes d’atterrissage, UNHAS offre maintenant l’accès à sept pistes d’atterrissage dans le Kasaï et Kasaï Central, à savoir Luiza, Lusambo, Kamonia, Ilebo, Tshikapa, Kananga et Mbuji-Mayi. Les pistes de Mweka, Kamako et Luebo seront desservies prochainement après des travaux de réhabilitation.

Cette augmentation substantielle des services aériens permet non seulement de faciliter le transport vers les zones difficiles d’accès mais aussi de faciliter les vols de connexion vers l’ouest et l’est du pays.

Par Godé Kalonji

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