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Samedi dernier à la Fikin : Tshibala dans un meeting sans message

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Samedi dernier à la Fikin : Tshibala dans un meeting sans message

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Le premier ministre est passé à côté de l’essentiel, alors que l’opinion l’attendait sur des questions relatives à l’adhésion ou non des ministres de l’ « Opposition » à la Majorité présidentielle, le financement du processus électoral par le gouvernement…

Le premier ministre Bruno Tshibala Nzenzhe a tenu, samedi 26 mai 2018, un meeting à la Foire internationale de Kinshasa (Fikin). Un message « creux », à en croire plusieurs acteurs politiques aussi bien de l’Opposition que de la Majorité présidentielle.

Le « peuple » présent à ce rendez-vous s’est plus préoccupé de frais de transport promis pour gonfler les rangs de la « base » de Brutshi. Personne n’a capté le message. Toute l’attention focalisée sur la cagnotte. Et comme à l’accoutumée, des bagarres s’en sont suivies entre les chefs des délégations et d’autres membres.

Pour d’aucuns, « il s’agit d’un meeting tenu dans la précipitation », pour répondre à la démonstration de force de Félix Tshisekedi du 24 avril dernier à la Place Sainte Thérèse de N’Djili. Pourtant, à voir l’évolution de la situation sociopolitique sur le terrain, le débat n’est plus autour de l’affluence.

La Majorité présidentielle attendait, plutôt, du premier ministre, de se prononcer sur les préparatifs de l’entrée de tous les ministres « opposants » dans la Majorité présidentielle. Ce que l’Udps a toujours qualifié de « Majorité recomposée ». Tshibala n’a rien dit à ce propos.

Pourtant, lors de son passage, la semaine dernière, à une radio privée de la place, le ministre d’Etat en charge des Relations avec le parlement, Lisanga Bonganga, a reconnu que la MP a engagé une démarche dans ce sens, mais « nous devons d’abord nous référer au premier ministre ». Lisanga a même soufflé qu’une commission est déjà mise sur pied pour étudier cette question.

Visiblement, Bruno Tshibala a manqué le courage d’aborder les vrais problèmes. Il s’est, par contre, attardé sur la Machine à voter, tirant ainsi à boulet rouge sur l’Opposition qui conteste cette technologie, évoquant les préoccupations liées notamment à la transparence. Pour lui, il n’y a aucun mal à utiliser cet outil, alors que ce dernier n’est reconnu par la loi électorale, encore moins par le calendrier du 5 novembre 2017.

Dans un autre chapitre, Tshibala a promis, pour la énième fois depuis qu’il est à la tête du gouvernement, d’améliorer le social de la population. Un rêve qui ne s’est jamais réalisé jusqu’à ce jour.
Le locataire de la primature est allé jusqu’à dire que des efforts sont fournis par le gouvernement, sous l’impulsion du président de la République, pour vivre le changement que le peuple est entrain de constater, notamment la stabilité de la monnaie locale face à la devise étrangère.

Il oublie qu’il a connu, depuis son arrivée, des grèves dans tous les sens : à l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel, à l’Enseignement universitaire, chez les médecins, à la Société commerciale des transports et des ports, ex Onatra, à l’Office de gestion du frêt maritime (Ogefrem), voire chez les transporteurs en commun.

La hausse de prix du carburant a causé l’augmentation du tarif de transport en commun. Les prix des biens de première nécessité ont pris, par conséquent, de l’ascenseur.  Tous ces détails, Tshibala n’en a pas fait allusion. L’orateur a abordé certaines questions cruciales comme un communicateur de la Majorité présidentielle.

Il soutient Corneille Nangaa avec sa Machine à voter alors que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), dans son rapport, trouve énormément à redire sur cette question, de même qu’à propos du fichier électoral audité. C’est peut-être une manière pour lui de préparer l’opinion sur une probable adhésion de tous les membres de son gouvernement issus de l’Opposition, à la Majorité présidentielle restructurée.

Aujourd’hui, tout le monde se montre sceptique sur la tenue, cette année, des élections, conformément au calendrier du 5 novembre de la Commission électorale nationale indépendante. Nangaa lui-même l’a dit, en des termes à peine voilés, lors d’une de ses tournées à l’intérieur du pays. Félix Tshisekedi a dit la même chose en Europe.

La communauté internationale manifeste déjà des inquiétudes dans ce sens. Mais Tshibala s’évertue de dire que son gouvernement organisera des élections, chose qu’il n’a pas pu faire en décembre 2017, tel que consigné dans l’accord de la Saint Sylvestre.

En bref, même la Majorité présidentielle reconnait qu’à la Fikin, Tshibala a fait piètre figure, avec une prestation « médiocre », comme disent certains Congolais épris du changement et de l’alternance au sommet de l’Etat.

Par Lefils Matady

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