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A six mois des scrutins prévus en RD Congo : Les Evêques catholiques haussent le ton

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A six mois des scrutins prévus en RD Congo : Les Evêques catholiques haussent le ton

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Appelant à  l’alternance démocratique et à des élections conformes à la Constitution ainsi qu’à l’Accord de la Saint Sylvestre, les prélats déplorent  le climat sociopolitique tendu, la précarité de la situation sécuritaire et humanitaire et le non respect des droits humains

« Ayant payé de son sang pour l’alternance démocratique, le peuple congolais, debout, attend impatiemment la tenue des élections le 23 décembre 2018 et non plus au-delà.», SAUVONS LE PROCESSUS ÉLECTORAL ».

« Le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu » (Mt 18, 11). Voici le  Message dévoilé   par  l’Abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) lors de la conférence de presse tenue le vendredi 29 juin 2018 au Centre interdiocésain à Kinshasa à l’occasion de la clôture de la 55ème Assemblée plénière tenue à Kinshasa du 25 au 28 juin 2018.

Mus par la sollicitude à l’égard du peuple congolais dont ils ont la charge pastorale, les prélats catholiques se disent « très préoccupés par les incertitudes » qui planent  sur la RDC. À six mois de la tenue des élections présidentielle, législatives nationale et provinciale, ont-ils dit, le climat sociopolitique demeure tendu, la situation sécuritaire et humanitaire précaire et les droits de l’homme sont bafoués.

La sortie de crise passe par l’organisation de bonnes élections

Donatien Nshole relève que l’épiscopat congolais reste convaincu que « la sortie pacifique de la crise qui sévit dans notre pays passe nécessairement par l’organisation de bonnes élections. Les Evêques insistent sur le fait que le processus électoral doit être sauvé.

Reconnaissant certaines avancées accomplies dans le processus électoral, notamment l’existence d’un fichier électoral, la mise en œuvre partielle des mesures de décrispation du climat politique et un timide respect de la liberté des manifestations publiques, les princes de l’Eglise catholique romaine de la RDC indiquent aussi dans leur message qu’au lendemain de la convocation du corps électoral, les avancées susmentionnées ne rassurent pas au regard des inquiétudes comme le climat politique,  le fichier électoral, la machine à voter ainsi que la sécurité.

Mesures de décrispation inachevées

Concernant le climat politique, les évêques notent le non parachèvement des mesures de décrispation prévues dans l’Accord de la Saint Sylvestre et le maintien en exil des cas emblématiques pour leurs opinions. Les prélats se disent aussi préoccupés par le fait que le fichier électoral divise les parties prenantes sur les 16, 6 % d’électeurs sans empreintes digitales, soit 6,7 millions d’enrôlés, selon l’audit réalisé par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).

Au sujet de la machine à voter, les pasteurs constatent qu’il n’y a toujours pas de consensus et s’interrogent sur le plan sécuritaire.  Cette insécurité, vraisemblablement entretenue, risque de servir de prétexte au refus d’organiser les élections dans le délai, estiment-ils.

Elections conformes à la Constitution et à l’Accord de la Saint Sylvestre

A en croire les évêques membres de la CENCO, les élections que le peuple congolais veut doivent être, pour leur crédibilité, « conformes à la Constitution et à l’Accord de la Saint Sylvestre, capables de garantir l’alternance. » Ils s’opposent à un troisième mandat de l’actuel Président de la République, Joseph Kabila, et disent « NON aux élections biaisées ». Depuis plusieurs décennies, indiquent les évêques, « les différents systèmes de gouvernance qui se sont succédé ont mis le pays à genoux.

Dès lors, la RD Congo a besoin de l’alternance, d’un nouveau leadership et d’une nouvelle classe politique qui placent les intérêts des Congolais au centre de toutes les préoccupations politiques. » Et pour y parvenir, précisent-ils, « il faut avoir aux commandes de l’Etat des hommes et des femmes compétents et intègres qui aiment réellement le pays. » Les membres de la CENCO ont également évoqué la question de transfèrement des eaux de l’Ubangi au Lac Tchad.

Quelques recommandations

Au chapitre des recommandations, la CENCO demande : – au Chef de l’Etat d’assumer ses responsabilités devant la Nation et de prêter l’oreille aux aspirations du Peuple congolais  en veillant au respect de la Constitution et de l’Accord de la Saint Sylvestre ; – au peuple congolais de continuer à exiger des élections crédibles suivant le calendrier électoral publié, sans céder à la peur, à la résignation ou à la violence.

Les évêques exhortent les jeunes à ne pas se laisser manipuler et à se préparer dès maintenant à assumer leurs responsabilités, car, disent-ils, l’avenir du pays leur appartient. Aux parlementaires, il est recommandé de relayer les aspirations profondes du peuple au changement ; le  gouvernement est appelé, quant à lui, à parachever les mesures de décrispation du climat politique, d’assurer le décaissement des fonds au rythme des besoins de la CENI et de sécuriser effectivement la population pour des élections apaisées sur toute l’étendue du pays.

A la CENI, les prélats demandent de publier le plus tôt les listes provisoires pour rassurer que les 6,7 millions d’enrôlés sans empreintes digitales ne sont pas fictifs et d’apaiser la Nation sur la gestion de 1,2 millions de surplus de cartes d’électeurs non utilisées ; d’accéder à la demande d’une expertise nationale et internationale de la « machine à voter » pouvant aider à trouver un consensus ; – aux acteurs politiques de s’engager de bonne foi dans le processus électoral et d’éviter tout extrémisme qui plongerait le pays dans une crise plus profonde encore.

La CENCO demande à la Société civile d’accompagner la population par l’éducation civique et électorale ;  et à la Communauté internationale de poursuivre l’accompagnement du processus électoral et de placer l’intérêt supérieur du peuple congolais au centre des négociations diplomatiques.

Les évêques membres de la CENCO ont, pour conclure, invité le peuple congolais et les hommes de bonne volonté à demeurer assidus dans la prière pour la sauvegarde du processus électoral en cours. Car, soutiennent-ils, dans le livre des Psaumes 127, 1, il est dit : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que peinent les bâtisseurs ; si le Seigneur ne garde la ville, en vain la garde veille ».

Par Thony Kambila

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