Type de recherche

A cinq mois des élections : Le risque de violences plane sur la RDC

A la une La Tempête des Tropiques Nation POLITIQUE

A cinq mois des élections : Le risque de violences plane sur la RDC

Partager

La sonnette d’alarme vient d’être tirée par Human Rights Watch qui invite le Président Kabila à se retirer conformément à la Constitution, afin d’épargner le pays d’une instabilité à grande échelle

L’ONG américaine Human Rights Watch (HRW) a publié, le 29 juin 2018, un rapport où elle ne cache pas ses craintes de voir la République Démocratique du Congo connaître des violences politiques généralisées avant les élections présidentielle, législatives nationales et provinciales prévues le 23 décembre 2018.

Des craintes que HRW impute au non engagement clair de Joseph Kabila, actuel chef d’Etat dont le second et dernier mandat a déjà expiré depuis le 31 décembre 2016, de ne plus briguer un troisième mandat le 23 décembre prochain.

« Il y a toujours beaucoup d’incertitudes quant à savoir si le Président Kabila va se retirer en accord avec la Constitution, et permettre un scrutin crédible qui marquerait la première transition démocratique en RD Congo depuis son indépendance », a déclaré Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch.

« Si Kabila ne le fait pas, cela renforcera le risque de violences et d’instabilité à grande échelle, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour toute la région. », a notamment indiqué Ida Sawyer dans ce rapport. Les élections restent programmées pour le 23 décembre 2018. Mais l’ONG internationale regrette que Joseph Kabila n’a toujours pas déclaré publiquement qu’il se retirait.

Tout en déplorant la répression dont sont victimes l’opposition politique et les défenseurs des droits humains et de la démocratie, HRW  relève que ces violences à grande échelle aient également continué à affecter de nombreuses régions du pays, faisant près de 4,5 millions de personnes déplacées, plus que dans n’importe quel autre pays d’Afrique. Selon le rapport, la plupart des violences sont liées à la crise politique et certaines semblent faire partie d’une stratégie du chaos délibérée de la part du gouvernement pour justifier un éventuel report des élections.

Human Rights Watch note qu’au cours des manifestations d’ampleur nationale menées par les dirigeants laïcs de l’Église catholique le 31 décembre 2017, ainsi que les 21 janvier et 25 février 2018, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles et lancé du gaz lacrymogène dans l’enceinte des églises catholiques pour perturber des offices pacifiques et des marches de protestation organisées après la messe du dimanche.

 « Pour le moment, nous sommes en stand-by », a déclaré l’un d’eux. « Nous attendons que les Catholiques programment la prochaine manifestation, et alors nous organiserons des contre-manifestations. Cette fois-ci, ce sera terrible. », craint Ida Sawyer.

Comme pour illustrer ses inquiétudes, Human Rights Watch indique que le 25 avril dernier, les forces de sécurité ont brutalement réprimé une manifestation menée par le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) à Beni, et ont arrêté 42 personnes sans oublier des blessés graves issus de cette répression.

L’ONGDH note aussi que le 1er mai 2018, les forces de sécurité ont arrêté 27 activistes pendant une manifestation organisée par la LUCHA à Goma. Et le 10 juin, un des principaux activistes de la LUCHA, Luc Nkulula, est mort dans l’incendie suspect de son domicile à Goma.

L’imposition de la machine à voter fait craindre le pire

Human Rights Watch  signale par ailleurs que la confiance dans le processus électoral attendu en RDC a été sapée davantage par l’insistance de la commission électorale nationale (CENI) à imposer l’usage de machines de vote électronique, qui n’ont jamais été testées lors d’une élection en RDC ; et que l’opposition politique et les leaders de la société civile voient comme un outil pour faciliter les fraudes.

HRW indique aussi que de nombreuses irrégularités ont été récoltées dans l’audit du fichier électoral réalisé par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Notamment la présence de 16,6% de votants enregistrés sans empreintes digitales, qui suscite des inquiétudes supplémentaires.

Human Rights Watch  affirme avoir le sentiment que la CENI n’est pas indépendante, de même que la Cour Constitutionnelle et le système judiciaire de façon plus générale. L’ONG internationale déplore aussi le manque de transparence relatif au financement du processus électoral.

HRW   signale aussi la crainte des groupes de défense des droits et des experts de l’ONU sur les projets de loi à l’agenda de la session extraordinaire du parlement ne restreignent de façon drastique la capacité des Congolais et des organisations non-gouvernementales internationales à mener leurs opérations librement et indépendamment en RDC.

L’ONU et l’UA interpellées

Selon Ida Sawyer, la crise politique qui sévit en RDC était à l’agenda du 51ème Sommet de l’Union africaine qui se tient dans la capitale mauritanienne et dont la clôture intervient ce 02 juillet 2018.
La Directrice de Human Rights Watch pour l’Afrique centrale évoque les visites de certains hauts dirigeants envisagent d’effectuer en RDC dans les semaines à venir. Notamment la visite conjointe attendue du Secrétaire Général de l’ONU António Guterres, et du président de la Commission de l’UA Moussa Faki.

« Les visites de hauts dirigeants qui s’annoncent ainsi que les réunions régionales représentent autant d’opportunités cruciales pour délivrer des messages forts et coordonnés au Président Kabila et aux autres principaux responsables congolais », souligne Ida Sawyer.

« Les dirigeants en visite devraient signifier clairement que tous délais supplémentaires dans la tenue des élections du 23 décembre, une candidature de Kabila à sa propre réélection ou encore de nouvelles tentatives d’entraver les candidats de l’opposition sont des actes qui appelleront des conséquences graves. », tance la directrice pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch.

Par GKM

Laissez un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *