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Discours de Sa Majesté le Roi

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Discours de Sa Majesté le Roi

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Monsieur le Président,

Il y a 62 ans, le Congo et la Belgique ont tourné une page essentielle de leur histoire commune. Depuis, votre pays a pris sa place, pleine et entière, dans le concert des Nations.

Aujourd’hui vous souhaitez écrire un nouveau chapitre dans nos relations et regarder vers l’avenir, encouragé par la formidable jeunesse du peuple congolais qui ne demande qu’à valoriser ses talents.
Ecrivons ce nouveau chapitre ensemble.

Sans oublier le passé, mais en l’assumant pleinement, afin de transmettre à la nouvelle génération une mémoire réfléchie et pacifiée de notre histoire commune.
Bien que de nombreux Belges se soient sincèrement investis, aimant profondément le Congo et ses habitants, le régime colonial comme tel était basé sur l’exploitation et la domination.
Ce régime était celui d’une relation inégale, en soi injustifiable, marqué par le paternalisme, les discriminations et le racisme.

Il a donné lieu à des exactions et des humiliations.

A l’occasion de mon premier voyage au Congo, ici même, face au peuple congolais et à ceux qui aujourd’hui encore en souffrent, je désire réaffirmer mes plus profonds regrets pour ces blessures du passé.
Sincères regrets que j’avais exprimés dans la lettre que je vous ai adressée, Monsieur le Président, il y a deux ans maintenant, pour le 60èmeanniversaire de l’indépendance.

Monsieur le Président,

Vous et moi sommes trop jeunes pour avoir vécu le Congo d’avant son indépendance.
Mais pour vous, comme pour moi, la présence belge au Congo, avant 1960, laisse aussi un héritage qui a ancré le pays dans ses frontières actuelles.

La préservation de l’intégrité territoriale du Congo est une préoccupation majeure que nous partageons.
Avant même l’indépendance, le futur Premier ministre Lumumba prônait déjà le maintien de l’unité de la nation congolaise.

Aujourd’hui, l’instabilité à l’Est du pays où règnent trop souvent une violence inhumaine et l’impunité, demeure une grande source d’inquiétude pour nous tous. Cette situation ne peut plus durer. Il en va de notre responsabilité à tous d’y remédier.

Vous pouvez compter sur le soutien de la Belgique, au sein des instances internationales, à toute initiative visant à la stabilité et au développement harmonieux de l’Afrique des Grands Lacs. La reprise progressive de notre coopération militaire s’inscrit dans la même logique.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Au-delà des relations d’Etat à Etat, nos deux peuples ont su tisser, grâce à une affinité toute particulière, des liens interpersonnels riches et variés qui nous aident aujourd’hui à construire ensemble l’avenir.
Je rencontre régulièrement chez nous des Belges d’origine congolaise qui contribuent intensément à la vie sociale, économique et culturelle de la Belgique.

Nous leur en sommes reconnaissants.

Nous n’oublions pas non plus vos soldats qui ont combattu aux côtés des nôtres sur différents champs de bataille des deux guerres mondiales. Nous avons un devoir de mémoire à l’égard de leurs sacrifices, comme j’ai tenu à le souligner ce matin en dé­corant le dernier ancien combattant congolais de 40-45.

Dans les domaines de la santé et de l’éducation, des réalisations constantes unissent nos deux pays encore aujourd’hui.
La découverte du virus Ebola est due à la fois à un Congolais et à un Belge, les doc­teurs Muyembe et Piot.
Comme l’a rappelé le dernier Sommet Union européenne-Union Africaine de février, nous, Européens et Africains, sommes proches par la géographie et interdépendants dans le monde globalisé actuel.

Nous avons donc tout intérêt à unir nos forces pour répondre ensemble à nos nombreux défis communs.
Cela requiert un grand sens de la collaboration, un vrai partenariat d’égal à égal, et une créativité à la hauteur des défis actuels.

La voix des Congolais et des Africains doit être entendue et prise en compte par rapport à tous les grands enjeux contemporains.

A cet égard, Monsieur le Président, je tiens, surtout en ces moments difficiles pour votre pays, à saluer vos efforts pour remettre le Congo sur la carte du continent, en renouant le dialogue avec vos voisins et en cherchant ensemble des solutions globales aux problèmes de la région.

Déjà en 1970, le Roi Baudouin notait que « le Congo au cœur de l’Afrique, la Belgique au cœur de l’Europe, ne peuvent plus formuler leurs problèmes en termes exclusivement nationaux ».
L’avenir des générations futures, en Europe et en Afrique, dépend en grande partie de notre capacité, dès aujourd’hui, à coopérer en ce sens, avec lucidité et conviction.

Au fil des décennies, la coopération entre nos deux pays a connu des hauts et des bas. Ces dernières années, elle avait même perdu de son dynamisme.
Il était temps de la faire revivre. Aujourd’hui, les bases d’un nouveau partenariat bilatéral sont posées. Le Congo reste ainsi notre partenaire le plus important en Afrique.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
Les prochains jours, la Reine et moi aurons la chance de nous déplacer à Lubumbashi et Bukavu.
Ici comme là, nous aurons l’occasion de visiter de nombreux projets portés par des femmes et des hommes de votre si vibrante société civile.

Tant de Congolaises et de Congolais s’investissent sans compter, souvent de façon anonyme, au service de leur communauté et des plus fragiles d’entre eux. Aujourd’hui, nous voulons leur rendre hommage.
Et saluons ici particulièrement le Prix Nobel de la paix et Prix international Roi Bau­douin pour le Développement, le docteur Denis Mukwege, pour l’action admirable qu’il mène avec courage et détermination.

Par ce voyage, nous voulons souligner que la Belgique continuera de soutenir toutes les initiatives qui contribuent au bien-être de votre pays et qui offrent au peuple congolais un surcroît tellement nécessaire de bonne gouvernance, de prospérité, de santé, de sécurité et de justice. Notre engagement vis-à-vis de la RDC reste le même : celui d’un soutien ferme à la stabilisation et la démocratisation du pays ainsi qu’au respect des droits humains.

Les opportunités de la République démocratique du Congo sont immenses, ses atouts sont nombreux :
une biodiversité exceptionnelle;
vos forêts primaires, si importantes pour la captation du CO2 ;
les ressources de votre sous-sol ;

un immense complexe fluvial capable d’alimenter ce qui pourrait devenir le plus grand réseau hydroélectrique du monde et ainsi permettre la production d’énergie propre pour toute la région.
Ce sont votre énergie, votre dynamisme, votre travail à vous tous, qui transformeront ces atouts en une valeur ajoutée au bénéfice du Congo.

C’est avec confiance en l’avenir que nous formons les voeux les plus ardents, à vous, Monsieur le Président, et à tout le peuple congolais.

Le Congo a tellement à offrir au continent africain et au monde entier !
VIVA CONGO. BONINGA KATI NA BELGIQUE NA CONGO E WUMELA!
IISHI CONGO. URAFIKI KATI YA BELGIQUE NA CONGO UNADUMU.
CONGO NZINGA. KIMPANGI YA BELGIQUE NA CONGO NZINGA
BUTUMBI KUDI CONGO. BUTUMBI KU MALANDA PANKATSHI PA BELGIQUE NE CONGO
Vive le Congo, vive l’amitié belgo-congolaise !

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