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Enquêtes sur les abus sexuels en rapport avec la riposte à Ebola en RDC: l’OMS promet des sanctions contre les coupables

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Enquêtes sur les abus sexuels en rapport avec la riposte à Ebola en RDC: l’OMS promet des sanctions contre les coupables

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L’agence onusienne a profité de l’occasion pour présenter des excuses aux survivants
de ces actes ignobles commis par certains employés de sa structure
Par GKM

Le Directeur de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a a présenté ses excuses aux survivantes d’exploitation et d’abus sexuels commis par certains employés de cette agence onusienne dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, pendant la période de la riposte à Ebola, de 2018 à 2020.

Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus a présenté ces excuses lors d’une conférence de presse tenue à Genève, en Suisse, à l’occasion de la publication du rapport de la commission d’enquête indépendante diligentée dans la partie Est de la RDC. Il a promis de sanctionner les coupables.

«La première chose que je tiens à dire aux victimes et aux survivantes, c’est que je suis désolé. Je suis désolé, désolé de ce qui vous a été imposé par des personnes qui étaient employées par l’OMS pour vous servir et vous protéger», a déclaré le mardi 29 septembre dernier le Dr Tedros, en promettant des «conséquences sévères» aux responsables de ces actes ignobles.

«Ce qui vous est arrivé ne devrait jamais arriver à personne. C’est inexcusable. C’est ma priorité absolue de m’assurer que les auteurs ne sont pas excusés, mais qu’ils sont tenus de rendre des comptes. En tant que Directeur général de l’OMS, j’assume la responsabilité ultime du comportement des personnes que nous employons et de toute défaillance de nos systèmes qui a permis ce comportement», a-t-il ajouté.

Cela avant d’affirmer «qu’il assumerait personnellement la responsabilité d’apporter les changements nécessaires pour éviter que cela ne se reproduise à l’avenir». Pour lui, «la commission a fait un travail remarquable afin d’entendre la voix des victimes et des survivantes. Mais seulement, l’enquête n’est pas terminée et nécessitera des travaux supplémentaires».

Défaillances et négligences déplorées

Dans le rapport, des «défaillances structurelles» et des «négligences individuelles» ont été déplorées. Des dizaines de femmes se sont vu proposer du travail en échange des rapports sexuels ou ont été victimes de viol. La commission d’enquête a identifié, à cet effet, 83 auteurs présumés des exploitations et abus sexuels, dont 21 étaient des employés de l’OMS.

C’est au mois d’octobre 2020 que le chef de l’OMS avait mis en place la commission d’enquête, qui a été co-présidée par l’ancienne ministre des Affaires Etrangères du Niger, Aïchatou Mindaoudou, et l’activiste congolaise, Julienne Lusenge. Outre les deux co-présidentes, la fameuse commission était composée de cinq autres experts. Le chef de l’OMS a promis d’agir dans trois domaines.

Premièrement, le chef de l’OMS veut fournir un soutien, une protection et la justice aux victimes et aux survivantes. L’OMS a mis fin, dès la publication du rapport, au contrat de quatre de 21 présumés auteurs employés par cette agence onusienne. Les autres avaient des contrats de courte durée et n’étaient alors plus employés.

Ils se verront exclus de tout emploi futur. En outre, l’OMS transmettra les allégations de viol aux autorités nationales en RDC pour qu’elles enquêtent, ainsi que dans les pays d’origine des présumés auteurs. L’OMS veut également fournir des services et un soutien aux victimes et aux survivantes, même si elle n’a pas encore connaissance de leur identité.

Deuxièmement, l’OMS veut prendre des mesures pour remédier aux défaillances. «Nous devons avoir une tolérance zéro pour l’exploitation et les abus sexuels, et une tolérance zéro pour l’inaction à leur égard. Je regrette profondément que les souffrances des victimes aient pu être exacerbées par les défaillances apparentes dans la manière dont l’Organisation a traité les signalements», a encore soutenu le Dr Tedros.

Deux hauts responsables ont été placés en congés administratifs, «et nous prenons des mesures pour nous assurer que d’autres personnes susceptibles d’être impliquées soient temporairement déchargées de tout rôle décisionnel dans cette affaire», a également précisé le chef de l’OMS. Il a annoncé qu’un organisme externe sera chargé d’identifier les manquements individuels au sein de l’OMS.

De l’opprobre sur l’OMS

Dr Tedros juge nécessaire une «réforme complète des structures et de la culture». «La commission a identifié le besoin de changements fondamentaux dans nos structures et nos capacités institutionnelles pour prévenir, détecter et répondre à l’exploitation et aux abus sexuels dans les communautés que nous servons», a-t-il fait savoir. Et de conclure, «c’est un jour sombre pour l’OMS. Mais en mettant en lumière les échecs des individus et de l’Organisation, nous espérons que les victimes sentent que leurs voix ont été entendues».