Par Marcel Tshishiku

La ville de Kolwezi, chef-lieu de la province du Lualaba, a été, hier lundi 3 mars, le théâtre des affrontements violents entre les forces de l’ordre et les creuseurs artisanaux au quartier Tshamundenda, en périphérie de ce centre urbain. Selon actualite.cd, ces scènes de violences ont eu lieu après la démolition, la semaine dernière, de plusieurs dépôts d’achat de minerais érigés dans un quartier résidentiel proche de l’entreprise Kamoto Copper Company (KCC). Cette décision a été prise par le Gouvernement provincial dans le cadre de la lutte contre le trafic illégal de minerais, en l’occurrence le cobalt, dont l’exploitation est strictement réglementée en République Démocratique du Congo.

Face à cette situation, le ministre provincial de l’Intérieur et sécurité, Philippe Roy Kaumba, a justifié cette opération par le souci de mettre fin à la recrudescence des vols de minerais dans la concession de KCC. À en croire le ministre, ces dépôts favorisaient la commercialisation de minerais extraits illégalement, souvent en dehors des circuits officiels.

La RD Congo, qui détient plus de 70 % des réserves mondiales de cobalt, a mis en place un cadre réglementaire strict pour contrôler l’exploitation de ce minerai stratégique. L’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques veille à ce que seules les coopératives et les entreprises en règle puissent extraire et commercialiser le cobalt. 

Paralysie des activités socioéconomiques

Pendant ce temps, les activités socioéconomiques sont suspendues. « Depuis le matin de ce lundi, les creuseurs artisanaux ont protesté contre la fermeture des dépôts de Tshiala. Ils veulent continuer l’exploitation pour leur survie. Ils ne savent plus quoi faire. Les agents de l’ordre sont venus mettre de l’ordre, mais rien n’a été fait. Ce sont des troubles qui ont commencé. Les creuseurs ont brûlé les pneus dans les rues. C’est compliqué ici à Luilu », affirme un habitant de cette partie de la ville.

Cependant, de nombreux creuseurs artisanaux, souvent sans permis, tentent d’accéder aux gisements en marge de la loi, ce qui entraîne des tensions récurrentes avec les autorités et les entreprises minières. Dans plusieurs cités minières du Lualaba, ces réglementations sont perçues comme une entrave à la survie économique des populations locales. Pour beaucoup de jeunes sans emploi, l’exploitation artisanale du cobalt reste la seule source de revenus, malgré les risques et les restrictions imposées par l’État. En raison de ces affrontements, toutes les activités sont actuellement paralysées dans cette partie de la ville de Kolwezi. Des barrages ont été érigés par les manifestants, perturbant la circulation entre la ville et la cité de Luilu. Les forces de l’ordre tentent de rétablir le calme, mais la situation demeure volatile.

Protection des nationaux contre les mastodontes étrangers

Pour leur part, les analystes avertis appellent l’autorité compétente à prendre des dispositions visant à donner aux creuseurs artisanaux la possibilité d’exploiter les minerais puisés de la terre de leurs ancêtres. Ils estiment que la création de la classe moyenne en RD Congo passe aussi par la protection des entrepreneurs nationaux face aux investisseurs étrangers qui disposent de grands capitaux.