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Suite à la crise économique et financière de plus en plus criante en RDC : Le gouvernement face à l’équation de relancer la croissance

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Suite à la crise économique et financière de plus en plus criante en RDC : Le gouvernement face à l’équation de relancer la croissance

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La tâche est loin d’être facile pour Samy Badibanga et son équipe qui travaillent sans budget, alors qu’ils ont fait des promesses fermes de diversifier l’économie, mobiliser les recettes et procéder à la redistribution. Ce qui ne se réalise pas jusque-là!

La réunion interinstitutionnelle tenue le 21 mars dernier au Palais de la Nation a permis de formuler un certain nombre de mesures à appliquer pour permettre la stabilité et la relance économique dans le pays. Une rencontre présidée par le chef de l’Etat, Joseph Kabila, avec la participation du premier ministre Samy Badibanga Ntita, en sa qualité de chef du gouvernement, et d’autres chefs des institutions dont les présidents des deux chambres du parlement (Sénat et Assemblée nationale), le président de la Cour constitutionnelle, le procureur général de la République, le président de la Haute cour militaire, le gouverneur de la Banque centrale du Congo et bien autres.

Les résolutions prises lors de cette réunion, de manière résumée, sont la réduction du train de vie de l’Etat, l’audit des contrats d’amodiation et de partenariats miniers, la rigueur dans l’octroi des exonérations et la réduction des taxes pour certains produits importés. Face à la crise financière et économique de plus en plus criante dans le pays, le gouvernement est, une fois de plus, devant une équation difficile à résoudre pour la relance de la croissance.

Sans budget

La tâche est loin d’être facile dans la mesure où Samy Badibanga et son équipe travaillent sans budget, alors qu’ils avaient fait des promesses fermes, lors de l’investiture à l’Assemblée nationale, de diversifier l’économie, mobiliser les recettes et procéder à la redistribution des richesses. Promesses qui ne se réalisent pas jusque-là!

Les difficultés du gouvernement à stabiliser la monnaie nationale qui ne cesse de se déprécier face à la devise étrangère, élaborer le nouveau budget pour cette année 2017, alors que le pays fonctionne avec une ligne de crédit qui doit expirer à la fin de ce mois de mars 2017, et autres difficultés liées à la baisse des prix des matières premières qui tiennent l’économie congolaise.

Badibanga doit mettre en application les mesures prises lors de la réunion interinstitutionnelle, alors qu’il ne sait pas donner des réponses aux promesses faites aux députés nationaux lors de l’investiture de son gouvernement, en décembre 2016.

Il avait fait, à cette occasion, une analyse pertinente de la situation économique. Il y a cependant un écart entre l’analyse, bien que pertinente, et la pratique à laquelle doit se livrer ce dissident de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (Udps), désormais gestionnaire des affaires publiques dans le pays.

Analyse pertinente de la situation économique du pays

Dans cette analyse, le Premier ministre avait soutenu que l’économie congolaise traverse une période très difficile. Après une croissance moyenne de 7,8% entre 2010 et 2014, avec un pic à 9,5% en 2014, la croissance a ralenti en 2015, se situant à 6,9%, avant de décrocher en 2016, s’établissant à 4,3%, suivant les données officielles de fin juin.

Il a poursuivi en se référant aux données de la Banque Centrale du Congo, qui stipulait qu’on devrait s’attendre à une situation bien pire les jours à venir. Ce qui était arrivé à la fin du mois de décembre 2016. Cela, au regard de la poursuite de la dégradation de l’environnement économique actuel.

Certaines sources ont même parlé, selon Samy Badibanga, d’un chiffre en deçà de 3%, avec les conséquences budgétaires que chacun peut comprendre. Surtout que, malgré la forte croissance économique enregistrée entre 2013 et 2015, le pays n’avait pas connu une réduction significative du taux de pauvreté.

Pour l’heure, le pays continue à subir de plein fouet la chute des cours mondiaux des matières premières, a-t-il encore relevé, avant d’expliquer que la production minière sur laquelle reposait la croissance a fortement ralenti, et les exportations ont évidemment suivi la même tendance, alors qu’elles représentent 95% des recettes d’exportations.

Pour lui, la baisse des exportations réduit les échanges commerciaux et impacte la balance des paiements. La conséquence logique est d’une part, la chute des réserves nationales de change, et d’autre part, la dépréciation de la monnaie nationale par rapport au dollar américain.

La conséquence, c’est que les réserves de devises ont dangereusement baissé, passant de 1,744 milliard de dollars américains en 2013, à 881,3 millions USD au 5 décembre 2016, couvrant moins de quatre semaines d’importations. Cela pendant que la monnaie nationale restée stable pendant les années de forte croissance, entre 2009 et 2015, a connu une dépréciation de près de 35% en une année.

Il avait aussi donné les facteurs ayant joué en faveur de la présente crise, à savoir l’absence d’un programme formel avec les partenaires de Bretton Woods, ce qui a empêché au pays de bénéficier des appuis budgétaires, pourtant prévus dans les différentes lois de finances successives depuis 2012 et la faiblesse du rendement fiscal due aux insuffisances de la réforme de la TVA, et l’accumulation de la dette de l’Etat vis-à-vis des entreprises qui l’ont payée en amont, situation qui a affaibli les opérateurs économiques.

Les autres facteurs sont la baisse des crédits à l’économie compte tenu des taux bancaires, élevés et variés, selon qu’ils sont en francs congolais ou en dollar américain. Et ce, malgré la baisse du taux directeur à 2%, remonté à 7% à ce jour et l’exécution du budget de l’Etat, en violation constante de la loi de finances publiques, en dépassement injustifié pour certains postes, avec une augmentation sensible des dépenses exceptionnelles.

Sans oublier que le secteur privé est, lui, étranglé par le non-paiement de la dette intérieure, la persistance des tracasseries et la création de nouvelles taxes dans des provinces. Quand aux entreprises publiques, leurs réformes s’avèrent difficiles à entreprendre.

Les mesures pour la relance de l’économie

Ainsi, face à la crise dans laquelle le pays se trouve plongé, des mesures ont été levées par le Conseil interinstitutionnel. Elles portent sur la lutte contre la fraude fiscale, douanière, dans les secteurs économiques, des télécommunications et des transports par la constitution des équipes mixtes à cette fin, l’évaluation et l’audit des contrats d’amodiation ainsi que de partenariat conclus avec les sociétés minières de l’Etat.

Ces mesures qui sont au nombre de 28, reprises dans le compte-rendu par le ministre des Communication et Médias, se traduiront par plus de rigueur dans l’octroi des exonérations, la réduction des taxes à l’exportation de certains produits, l’encadrement des principaux centres d’ordonnancement du pays, le contrôle accru dans le secteur des transports, la stricte application de la limitation du nombre des services opérant aux frontières, le marquage moléculaire du carburant, le renforcement du contrôle des Sim box et l’autorisation donnée à l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications du Congo (ARPTC) de signer des contrats de partenariat avec des sociétés spécialisées.

Il a été soutenu, en outre, qu’en prenant toutes ces mesures, le gouvernement poursuit les objectifs d’accroître les recettes publiques et la résilience de l’économie nationale. Et en parallèle, il tient à installer la transparence, l’équité et la diversification tant horizontale que verticale dans le partenariat avec les sociétés minières. Aussi, les autorités politiques de la RDC entendent éradiquer les tracasseries, la fuite des capitaux et la dilapidation des ressources du trésor national, et rationaliser la gestion du portefeuille de l’Etat.

D’autre part, la volonté de l’exécutif congolais est d’attirer les nouveaux capitaux dans le pays grâce à la normalisation des rapports d’investissement, dans un climat des affaires serein. Le gouvernement voudrait, à cet effet, promouvoir et encourager le partenariat «Public–Privé» pour impliquer le secteur privé dans l’activité du gouvernement.

Par Lucien Kazadi T.

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