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Atteinte à la liberté de la presse: Olpa préoccupé par la sécurité des journalistes à l’Est de la RDC

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Atteinte à la liberté de la presse: Olpa préoccupé par la sécurité des journalistes à l’Est de la RDC

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Par GKM

Dans une lettre adressée au ministre de la Défense et des Anciens combattants, le 26 janvier 2021, avec ampliation au premier ministre, au vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières et au chef d’Etat-major général des Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC), l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA) exprime ses inquiétudes sur la sécurité des journalistes dans les provinces de l’Ituri, du Nord et du Sud-Kivu, dans la partie Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Olpa énumère dans sa lettre plusieurs cas de menaces des journalistes documentés entre les mois d’octobre 2020 et janvier 2021, et interpelle l’autorité à prendre des mesures urgentes pour sécuriser les journalistes. Le cas de Synthe Awacango Nicolas et Freddy Upar, respectivement rédacteur en chef et journaliste à Radio Canal Révélation (RCR), station communautaire émettant à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, qui vivent en clandestinité depuis le 19 janvier 2021, après avoir reçu plusieurs menaces de mort de la part des miliciens du groupe armé « Force de résistance patriotique et intégrationniste du Congo » (FPIC) qui accusent ces derniers de diffuser régulièrement sur les antennes de RCR des informations relatives aux attaques perpétrées par ce groupe armé dans le territoire d’Irumu et dans la périphérie de Bunia, ralentissant ainsi l’invasion de Bunia par cette milice.

Calvaire

Au Sud-Kivu, Olpa fait part de Jacques Mulengwa, directeur à Radio Kalembelembe (RAKA FM), station communautaire émettant à Ngandja, dans le territoire de Fizi, à 80 kms de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, a également reçu des menaces de mort proférées par les miliciens du groupe armé Maï-Maï Alida dirigé par Alonda Bita Alida.

Des menaces consécutives à la diffusion sur les antennes de RAKA FM, le 13 janvier 2021, d’une information relative à l’attaque du village de Kazimia, le 12 janvier 2021. Les Maï-Maï Alida reprochent à la Radio Kalembelembe d’avoir diffusé les déclarations du lieutenant Kalunga, commandant des forces loyalistes dans la région, attribuant cette attaque au groupe Maï-Maï Alida. Craignant pour sa sécurité, Jacques Mulengwa est entré en clandestinité.

Difficile travail des journalistes au Kivu

Olpa rappelle qu’au cours du dernier trimestre 2020, trois journalistes du Nord-Kivu n’ont pas été épargnés des menaces. Il s’agit de Moussa Didy Bunakima, directeur de Kivu 1, station privée de radio émettant à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Il a reçu plusieurs menaces téléphoniques, le 28 décembre 2020, de la part des individus non autrement identifiés.

Ils accusaient le journaliste d’avoir diffusé une émission intitulée « Le Magazine », le 26 décembre 2020, dont l’invité était Kakule Saasita, député provincial et un des initiateurs de la motion de défiance du 16 décembre 2020 contre Carly Nzanzu, gouverneur de province. Les auteurs des menaces ont promis des représailles au journaliste s’il rediffusait cette émission ou s’il accordait la parole à d’autres initiateurs de la motion précitée. De son côté, Keren Miburo, journaliste basée à Rutshuru, territoire situé à 70 kms de Goma, et correspondante de Caseraconte.net, média en ligne basé à Goma, a reçu plusieurs menaces de mort par téléphone, le 31 octobre 2020.

Elles ont été proférées par des personnes non autrement identifiées qui accusaient la journaliste d’avoir publié sur le site d’informations Caseraconte.net des articles intitulés « Nord-Kivu : Rutshuru n’est ni pour les Hutu moins encore pour les Nande » et « Le président de la jeunesse Nande en territoire de Rutshuru, Willy Katembo Kahodokya, recadre les propos de l’honorable Eugène Serufuli ». Ces articles reprenaient les réactions des notables de la région autour du débat sur une possible scission du Nord-Kivu. La journaliste a quitté précipitamment Rutshuru pour trouver refuge ailleurs alors que les auteurs des menaces exigeaient la suppression des articles précités.

Il ya aussi le cas de Rosen Kalafulo, journaliste à Pole FM, station émettant à Goma, qui a quitté précipitamment la ville de Goma, peu après le 8 octobre 2020, après avoir appris, par personnes interposées, que les officiers militaires planifieraient son assassinat pour avoir posé la question Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, président de la République, sur l’affairisme de certains officiers de l’armée dans l’Est, lesquels seraient impliqués dans le commerce du bois, du cacao et du café.

Pour Olpa, la mission régalienne de l’Etat est de sécuriser les personnes et leurs biens. Les menaces subies par les professionnels des médias sont de nature à porter gravement atteinte à la liberté de presse garantie par la loi congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits humains dûment ratifiés par la République démocratique du Congo, a martelé l’association.
Tout en condamnant vigoureusement ces menaces à prendre au sérieux, Olpa invite l’État congolais à prendre des mesures urgentes pour garantir la sécurité des journalistes dans les provinces de l’Ituri, du Nord et Sud-Kivu.