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Modernisation de l’État-civil congolais et lutte contre la drépanocytose: le RENADHOC appelle le Parlement à prendre les choses au sérieux

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Modernisation de l’État-civil congolais et lutte contre la drépanocytose: le RENADHOC appelle le Parlement à prendre les choses au sérieux

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Par GKM

Le Réseau National des ONG des Droits de l’Homme de la République Démocratique du Congo(RENADHOC), se dit préoccupé par la vétusté et l’archaïsme du système de l’état-civil en République Démocratique du Congo, d’une part, et d’autre part, par la situation alarmante de la drépanocytose, qui affecte gravement le bien-être des millions de Congolais et particulièrement des enfants. C’est ainsi que cette plateforme des Ongdh exhorte le Parlement congolais à prendre les choses au sérieux.

D’après le docteur Placide Manzombi, médecin spécialiste de la drépanocytose, 2 à 3% des congolais souffrent de la drépanocytose ou de l’anémie SS. Le RENADHOC constate avec regret que le fonctionnement actuel des services de l’état civil est totalement suranné et archaïque, et ne correspond pas aux standards internationaux, ni aux ambitions de la RDC de devenir un Etat moderne et prospère.

“Alors que nous sommes à l’ère du numérique, l’enregistrement des faits et des déclarations à l’état-civil continue de se faire manuellement et dans des registres en papiers dont la conservation des données démographiques s’avère hypothétique. Il est de plus en plus difficile, voire impossible aujourd’hui, de retrouver avec fiabilité les données sur la population congolaise au niveau des différents services de l’état civil.

D’autant qu’avec l’augmentation exponentielle du nombre d’habitants, la tenue des registres de l’état-civil relève d’un véritable parcours du combattant. Il convient de noter que la non-maîtrise des données de l’état civil a un impact négatif réel sur le développement du pays, d’autant plus que ce sont les données statistiques de l’état civil qui permettent de planifier, d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques de développement dans tous les domaines de la vie, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’habitat, de l’eau, de l’énergie, de l’emploi, de l’agriculture, des infrastructures, … et par ricochet, permettent d’allouer les ressources appropriées à ceux qui en ont le plus besoin, conduisant ainsi à éviter le gaspillage des moyens disponibles et à réduire les disparités au sein de la population” note Franck Citende, secrétaire exécutif national ai de RENADHOC.

Moderniser le système de l’état civil congolais

A en croire Citende, sans la maîtrise des données démographiques réelles, le développement de la RDC est quasi impossible et demeurera chimérique malgré les multiples initiatives du gouvernement en la matière. C’est pour cette raison que le RENADHOC plaide pour la modernisation, dans les meilleurs délais, du système de l’état-civil, qui se trouve être la condition sine qua none pour le développement intégral de la République Démocratique du Congo.

Et cela, à travers la réforme du Code de la famille, notamment dans ses dispositions relatives à l’état civil. Il va s’agir, entre autres, de l’introduction dans le Code de la famille des numéros d’identification des personnes, à savoir : le Numéro d’Identification Nationale (NIN), le Numéro d’Identification de l’Etranger (NIE) et le Numéro d’Identification du Réfugié ou de l’Apatride (NIRA).

Il s’agira, selon le secrétaire exécutif national ai de RENADHOC, de la création d’un service public dédié spécialement à l’état civil dans le but d’améliorer la qualité et la fiabilité de ses prestations, de la création des Bureaux secondaires de l’état-civil dans les structures de santé (uniquement pour les naissances et les décès) et dans les ambassades et missions diplomatiques congolaises, de l’informatisation du système de l’état-civil, c’est-à-dire Tenue des registres de l’état civil sur supports électroniques et Déclarations des faits et actes de l’état-civil par voie électronique.

Cela offrira un avantage certain : meilleure conservation et meilleur archivage des données démographiques sur supports numériques, consultation facile des données statistiques sur la population.

Pour l’institution du certificat médical prénuptial

Franck Citende a fait part de l’institution d’un Certificat médical prénuptial en vue de protéger les familles contre la drépanocytose. Ce certificat, note l’homme, sera exigé par l’officier de l’état-civil aux futurs époux avant la célébration du mariage. L’objectif poursuivi en menant ce Plaidoyer est de permettre dorénavant aux deux fiancés d’être conscients de leurs états hémoglobiniques et de décider en toute responsabilité de la poursuite d’une union qui présenterait des risques de contraction de la drépanocytose dans le chef de leur progéniture.

L’ongdh indique, par ailleurs, que le contenu et les modalités de délivrance de ce certificat seront fixés par arrêté conjoint des ministres ayant la justice et la santé dans leurs attributions. Pour le RENADHOC, l’institution du Certificat médical prénuptial doit être comprise comme un moyen légal pour l’Etat de lutter contre l’expansion de la drépanocytose en République Démocratique du Congo, dont le bilan sanitaire demeure actuellement très affligeant. Car, selon le docteur Manzombi, la RDC est le 3ème pays au monde le plus touché par la drépanocytose après l’Inde et le Nigéria.

Sur une population estimée à plus de 90 millions d’habitants, 25 à 30% des Congolais sont porteurs du gène de la maladie (hétérozygotes AS) et peuvent le transmettre à leur tour à leurs enfants. En plus, la drépanocytose constitue à ce jour l’une des causes de mortalités infantiles en RDC. Au moins 2% des nouveaux- nés sont homozygotes SS et la moitié d’entre eux meurent avant l’âge de cinq ans.

Concrètement, le Certificat, qui reflètera le résultat d’un test médical prénuptial effectué sur les deux fiancés qui aspirent à se marier, pourra offrir un bilan médical, une prévention obstétricale et une prise de conscience des futurs époux sur leurs états hémoglobiniques, et ainsi éviter si possible de répandre l’anémie SS.

Des élus nationaux interpellés

Le RENADHOC lance donc un cri d’alarme à l’endroit des députés nationaux afin qu’ils examinent et adoptent en toute urgence la proposition de loi modifiant et complétant le Code de la famille dans ses dispositions relatives à la personne (état civil). Cela permettra, sans nul doute, de stopper si pas de ralentir l’expansion de la drépanocytose (anémie SS) en RDC, qui fait déjà d’énormes ravages dans de nombreuses familles congolaises ; mais aussi de moderniser le système de l’état-civil, qui deviendra, tout bien pesé, un véritable outil de développement de la République Démocratique du Congo.

De surcroît, cela permettra aussi au gouvernement Sama Lukonde de matérialiser ses ambitions contenues dans son Programme d’actions 2021-2023 intitulé ” Construire un Etat fort, prospère et solidaire “, et de traduire en actes son engagement de réaliser les Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030.