En marge de la commémoration du génocide rwandais
Pourquoi les autorités de la RDC n’osent-elles pas porter le massacre des compatriotes devant les instances judiciaires internationales pour arbitrage ?

Hier lundi 7 avril, le peuple rwandais a célébré le 20ème anniversaire du génocide survenu sur l’ensemble de son territoire le 7 avril 1994 et les jours suivants (ou parle vaguement de cent jours).

La cérémonie organisée en vue de rappeler ce triste événement à la face du monde s’est déroulée au Stade A’Mahoro (la paix) situé non loin du quartier administratif et d’affaires de la capitale sous la direction du Chef de l’Etat rwandais, M. Paul Kagame !

D’après de nombreux témoins étrangers dont des diplomates représentant leurs pays respectifs auprès du gouvernement de Kigali, l’ambiance ayant prévalu lundi pendant ladite cérémonie était plutôt glaciale malgré la diversité de prestations prévues au programme pour retenir l’attention du public le plus longtemps possible ! Et pour cause ?

On ignore encore les causes profondes de la froideur constatée à la cérémonie de lundi, mais des spécialistes de questions rwandaises interrogées dans la plus grande discrétion à Kigali même ou à l’étranger affirment que l’opinion publique au pays de mille collines ” sur le génocide de 1994 a beaucoup évolué et que l’unanimité artificiellement créée hier autour de la personnalité de Paul Kagame et de son régime ne cesse de s’effriter au contact de nombreux courants favorables au changement qui se manifestent depuis un certain temps à l’intérieur et à l’extérieur de ce pays.

A l’intérieur même du Rwanda il y a des forces politiques qui agissent déjà à travers des actions (pacifiques ou violentes) et regroupant invariablement des Hutu et des Tutsi en vue d’amener Paul Kagame et son establishment à passer le témoin après vingt ans de règne sans partage !

A l’extérieur de ce pays, l’opposition à Paul Kagame et à son régime est manifestement plus inquiétante qu’à l’intérieur. En témoignent la présence plus ou moins active des FDLR autour des localités congolaises voisines du Rwanda ; la présence d’anciens proches collaborateurs de Paul Kagame en Afrique du Sud, en Tanzanie et dans plusieurs Etats Occidentaux d’où ces derniers pourraient lancer des offensives contre le régime mis en place dans ce pays par le précité, etc.

Les autorités doivent s’expliquer !

Mais il y a aussi l’incident survenu la veille de la cérémonie de lundi entre l’Etat français et l’Etat rwandais au point d’amener la délégation de l’Hexagone à ne pas effectuer le déplacement de Kigali.

La célébration du 20ème anniversaire du génocide rwandais n’a pas laissé le monde indifférent. A cette occasion, les peuples épris de justice se sont souvenus du génocide arménien et de Kurdes, mais aussi du massacre de six millions de Congolais par la soldatesque rwandaise qui avait conduit à une course poursuite systématique contre les réfugiés Hutu lors de la campagne militaire de l’AFDL à partir des provinces de l’Est de la RDC pour s’emparer du pouvoir à Kinshasa en mai 1997 !

C’est tout le monde qui se souvient de ce massacre, mais très peu gens s’offrent pour demander des comptes à leurs auteurs qui gouvernent tranquillement à Kigali et, dans une moindre mesure, à Kampala.

Mais le fait le plus grave est certainement le mutisme observé depuis près de 20 ans par les autorités de la RDC devant la mort gratuite de 6 million de compatriotes dont l’unique faute a été d’afficher un fasciés à tout point semblable à celui des Hutu que l’Armée Patriotique Rwandaise s’était ingénié à pourchasser sur l’itinéraire suivi deux ans plus tard par l’AFDL.

Pourquoi donc les autorités de la RDC n’osent-elles pas porter cette grave affaire (ce génocide oublié) devant les instances judiciaires internationales pour arbitrage avant la disparition de leurs auteurs matériels et moraux pourtant très bien connus d’elles ?

Par Kambale Mutogherwa