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Et si le dialogue ne se déroulait pas ?

Débat & Opinion FORUM La Tempête des Tropiques

Et si le dialogue ne se déroulait pas ?

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Dans cette cinquième publication analytique sur les enjeux socio- politiques de l’heure en RDC, j’articule ma réflexion sous forme d’un questionnement pour éveiller la conscience des uns et des autres se plongeant dans l’inconscience suicidaire à conséquences incalculables.

En effet, à 5 mois de la convocation constitutionnelle du corps électoral, pour la tenue de l’élection présidentielle, concrètement, rien ne bouge ! Faudra-t-il considérer ce temps comme étant préélectoral en se basant sur les déclarations de bonnes intentions émises par la CENI ?

Etant donné que la nouvelle opération d’enrôlement des électeurs ne pourrait débuter qu’au mois de juillet, sans savoir, présentement, sa fin ! Est-il réellement possible que cette délicate et légitime opération s’achève en 3 mois pour que le corps électoral soit convoqué au mois de septembre ?

Nonobstant la volonté apparente et tardive du gouvernement de décaisser des sommes insignifiantes quant à une bonne budgétisation par la CENI de toutes les opérations électorales, et sans oublier l’absence de l’intervention substantiellement financière de nos partenaires extérieurs quant à ce, il est pratiquement impossible que la CENI conçoive, élabore et publie un nouveau calendrier électoral, même au cas où on privilégierait uniquement la présidentielle.

Si réellement la communauté internationale tient mordicus à la tenue des élections constitutionnelles, notamment la présidentielle dans les délais constitutionnels, c’est-à-dire dans 7 mois prochains, pourquoi elle ne s’exécute pas sur le plan financier comme en 2006 ? Doit-on arrêter l’élan des architectes de la continuité de ce régime par tous les moyens, sur base de vœux pieux ?

Plusieurs scénariis ont été conçus pour la matérialisation efficiente de ce qu’on redoute actuellement, en l’occurrence ” le glissement ou la glissade “, à savoir la mise en place précipitée et irrationnelle de nouvelles provinces afin de diviser pour mieux régner.

Vu l’état d’esprit actuel, la plupart de toutes ces provincettes connaîtront le sort de celles des années 60, c’est-à-dire de morts- nés. Ce, au regard de la situation socio-économico-politique de l’heure.

Certains peuples qui ont été lésés dans ce découpage, en transformant par exemple, toute une province en une localité, attendent le moment opportun pour rebondir en usant des mécanismes constitutionnels.

Un autre fait récent, c’est le simulacre d’élections de gouverneurs de nouvelles provincettes.

Que dire de la Cour Constitutionnelle ne bénéficiant pas de la confiance de la majorité de notre peuple ? La direction de la CENI est-elle crédible aux yeux de tous ? Accepterions-nous d’aller aux élections dans 7 mois, même si l’enrôlement se terminait, par l’absurde, au mois d’octobre, dans la configuration actuelle de la Cour Constitutionnelle et de la CENI ? Tout observateur intéressé par l’impasse actuelle peut enrichir ce questionnement non exhaustif.

Au regard de cette situation, je me pose et partage cette question aux hommes épris de paix : ET SI LE DIALOGUE NE SE DEROULAIT PAS ?

En effet, tenant compte de la dynamicité politique, le dialogue peut ne pas avoir lieu, soit par exemple, à une éventuelle démission du facilitateur E. Kodjo, soit par le retrait de M. E. Tshisekedi et l’UDPS, et l’indifférence de la communauté internationale ! La conséquence immédiate sera l’instabilité totale assortie d’un bain de sang.

C’est le camp le plus fort qui l’emportera. Et, malgré cela, tout se terminera à la table du dialogue.

Voilà pourquoi je lance un appel patriotique à notre Eglise Catholique de réactiver son comité de suivi de dernières consultations avec la classe politique, afin qu’en vertu de sa mission prophétique, parvienne, de l’une ou de l’autre manière, à emmener les acteurs sociopolitiques à un dialogue digne de ce nom, pour un consensus politique et électoral porteur de paix durable.

C’est dans ce contexte que j’apprécie les démarches constantes de bons offices offerts par le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, auprès de toutes les tendances politiques et sociales, sans oublier celles menées personnellement par le Nonce Apostolique.

Il est nécessaire que ces deux personnalités diplomatiques ne s’arrêtent pas à mi-chemin. Car, la résolution 2277 du Conseil de sécurité de Nations Unies qui relayent l’esprit de résolutions antérieures, insiste sur le respect de la constitution et la tenue d’un dialogue national inclusif.

Dans ce contexte, il est malheureux de constater que la classe politique congolaise, dans sa tendance oppositionnelle dite plurielle, multiformelle et multi-problématique, salue et évangélise cette résolution 2277, en focalisant plus l’attention sur l’aspect relatif au respect de la constitution, mais, en occultant, consciemment ou inconsciemment, un autre aspect en rapport avec la tenue d’un dialogue national.

D’ailleurs, lors de la conférence de presse tenue la fois passée par le chef de la MONUSCO, au sujet de cette résolution, il a explicité avec beaucoup de subtilités son contenu réel, notamment sur ces deux aspects fondamentaux sus-évoqués.

Le conte à rebours a commencé, pour la convocation du corps électoral ; c’est-à-dire dans 5 mois et la tenue du scrutin proprement dit, dans 7 mois.

Tout est bloqué ! Qu’est ce qu’on propose comme alternative concrète au dialogue, s’il ne se déroulait plus ? Donc, toute cette réflexion interrogative corrobore ma pensée : ” toute la classe politique congolaise, toutes tendances confondues, ont, consciemment ou inconsciemment préparé le lit au glissement ou à la glissade “! Cette pensée a fait l’objet de ma deuxième publication sur le jeu et les enjeux politiques de l’heure en RDC.

Fait à Kinshasa, le 02 mai 2016

Achille MUTOMBO-CYAJI
Acteur Sociopolitique, Philosophe

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