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30 Juin 1960 – 30 Juin 2017, La RDC : la désillusion, 57 ans après !

A la une La Tempête des Tropiques Nation POLITIQUE

30 Juin 1960 – 30 Juin 2017, La RDC : la désillusion, 57 ans après !

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Colonisés hier par des Belges, les Congolais sont clochardisés aujourd’hui par leurs propres dirigeants. Les droits de l’homme bafoués, la corruption mine l’économie du pays, les détournements de deniers publics constituent une mode de gestion, l’Opposition muselée, la démocratie chiffonnée, le respect des textes ignoré, l’insécurité sévit à travers le pays, des fosses communes découvertes ça et là… voilà ce à quoi ressemble la République démocratique du Congo aujourd’hui, après le départ de l’homme blanc  

mobutu-sese-seko30 juin 1960 – 30 juin 2017. Cela fait 57 ans depuis que la RDC a accédé à sa souveraineté nationale et internationale. Malheureusement, l’évènement est loin de constituer aujourd’hui un motif de fierté pour les 70 millions de Congolais dont la majorité vit dans une misère noire.

Si, hier, les Congolais étaient colonisés par les Belges, aujourd’hui, on peut dire qu’ils le sont par leurs propres dirigeants. Le peuple est maltraité par ses propres

moise-tshombedirigeants. L’accès à l’éducation et aux soins de santé est devenu un casse-tête ; les droits de l’homme sont bafoué ; la corruption mine l’économie du pays dont les signaux sont au rouge.

Les détournements de deniers publics constituent la mode de gestion. Comme si cela ne suffisait pas, l’Opposition est muselée, la démocratie chiffonnée, le respect des textes ignoré, les Congolais sont tués comme des mouches, comme en témoignent les fosses communes découvertes ça et là.

Les activistes des droits de l’homme et des mouvements citoyens sont persécutés… voilà ce à quoi ressemble la République démocratique du Congo, 57 ans après son accession à la souveraineté tant nationale qu’internationale. Pendant que les dirigeants congolais crient à qui veut les entendre que « la RDC est un pays souverain », cet argument est devenu ridicule.

Car, l’économie de ce pays est, jusqu’à ce jour, extravertie, donc, tournée vers l’extérieur. Le Congo ne peut pas faire son budget national sans miser sur l’appui extérieur. Et même pour organiser les élections, l’homme blanc est appelé à mettre la main à la poche ! Même pour vider les poubelles à Kinshasa, l’Union européenne est mise à contribution !

Sur le plan politique, la RDC peine à opérer l’alternance au sommet de l’Etat, alors que le départ du dictateur Mobutu avait suscité tant d’espoirs dans le coeur des Congolais. Une situation décriée aussi bien par ce peuple aujourd’hui clochardisé que par la communauté internationale.

Ceux qui tirent la sonnette d’alarme pour dénoncer ces faits sont traités comme des ennemis par les dirigeants actuels de la RDC. Même les évêques de l’Eglise catholique en sont victimes constamment, leur péché est de dire aux Congolais d’être « debout », tel qu’entonné dans l’hymne national.

Rappel historique

Le 30 juin 1960, le Congo Belge devient indépendant. Après de grandes émeutes nationalistes qui soulèvent le pays, les partis politiques sont légalisés en 1959, et des élections ont lieu en mai 1960. Elles sont sanctionnées par la victoire des partis nationalistes. Joseph Kasa-Vubu est élu ainsi président par le Parlement, tandis que Patrice Lumumba est désigné Premier ministre. Une situation qui ne durera pas.

L’indépendance a conduit à Léopoldville le roi Baudouin, acclamé par la population aux côtés de Joseph Kasavubu, chef du nouvel Etat congolais. Le palais de la Nation a attiré la foule : le roi a proclamé l’indépendance du Congo devant les deux chambres réunies et de nombreuses personnalités étrangères, parmi lesquelles l’abbé Fulbert Youlou venu du Congo voisin. Deux signatures dont celle de Patrice Lumumba, chef du gouvernement congolais, ont mis fin à 80 ans de souveraineté belge.

La fête de l’indépendance a donc eu lieu le 30 juin 1960 à Léopoldville (Kinshasa), en présence du roi des Belges, Baudoin. Malheureusement, des Congolais ont versé dans de graves scènes de lynchage dans les rues de Léopoldville au lendemain de l’indépendance qui a porté au pouvoir Lumumba et Kasavubu, farouches adversaires politiques. Lumumba sera assassiné en 1961 au Katanga, et Joseph Kasavubu évincé par le coup d’État du colonel Mobutu en 1965. Il mourra en résidence surveillée, au Kongo-Central, en 1969.

57 ans après, le discours de Patrice Émery Lumumba reste d’actualité

Il y a 57 ans jour pour jour, Patrice Émery Lumumba s’exprimait à l’occasion de l’indépendance congolaise. À Léopoldville, le premier ministre évoquait, devant un roi des Belges médusé, la lutte pour l’émancipation. Retrouvez son discours en intégralité. « Combattants de l’indépendance aujourd’hui victorieux, Je vous salue au nom du gouvernement congolais. À vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez.

À vous tous, mes amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté. Car cette indépendance du Congo est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal. Nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais

de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang. C’est une lutte qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage, qui nous était imposé par la force.

Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres.

Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers. Qui oubliera qu’à un noir on disait « Tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « Vous » honorable était réservé aux seuls blancs !

Nous avons connu nos terres spoliées au nom de textes prétendument légaux, qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort. Nous avons connu que la loi n’était jamais la même, selon qu’il s’agissait d’un blanc ou d’un noir, accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou, croyances religieuses : exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même.

Nous avons connu qu’il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillotes croulantes pour les noirs ; qu’un Noir n’était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits ‘européens’ ; qu’un Noir voyageait à même la coque des péniches au pied du blanc dans sa cabine de luxe. Qui oubliera, enfin, les fusillades où périrent tant de nos frères, ou les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’une justice d’oppression et d’exploitation !

Ensemble mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur. Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail.

Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir lorsqu’il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique toute entière. Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.

Et pour tout cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l’assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu’elle sera loyale et qu’elle ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu’elle soit.

Ainsi, le Congo nouveau que mon gouvernement va créer sera un pays riche, libre et prospère. Je vous demande à tous d’oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l’étranger. Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise. L’indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain. Notre gouvernement fort -national- populaire, sera le salut de ce pays.

J’invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants de se mettre résolument au travail, en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique. Hommage aux combattants de la liberté nationale ! Vive l’indépendance et l’unité africaine ! Vive le Congo indépendant et souverain ! »

Par LM

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