Type de recherche

Violences au Kasaï : Rapport accablant des experts de l’ONU contre la RDC

A la une La Tempête des Tropiques Nation POLITIQUE

Violences au Kasaï : Rapport accablant des experts de l’ONU contre la RDC

Partager

Ce document qui sera présenté le 3 juillet à Genève devant le Conseil des droits de l’homme par le Haut-Commissaire des Nations Unies pointe du doigt les forces de défense et de sécurité congolaises

Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, présente le 3 juillet 2018, devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le rapport complet des conclusions de l’équipe des experts internationaux qu’il avait nommée sur la situation au Kasaï.

Il s’agit du Sénégalais, Bacre Ndiaye, du Canadien Luc Coté et de la Mauritanienne Fatimata M’Baye à qui le chef des Droits de l’homme des Nations Unies avait confié la mission de mener une enquête approfondie sur les allégations de violences et abus graves des droits de l’homme commises au Kasaï.

Le document, déjà fuité dans la presse, accable les forces de défense et de sécurité d’être auteurs de violences au Kasaï, de même que les milices locales, de crimes contre l’humanité et crimes de guerre.
Selon ce rapport, les attaques menées par les forces de défense et de sécurité, la milice Kamuina Nsapu et les milices Bana Mura « ont été menées contre les populations civiles avec un caractère généralisé ou systématique, et dans la poursuite de la politique d’un Etat ou d’une organisation ayant pour but une telle attaque ».

L’équipe d’experts est d’avis que ces attaques ont été menées contre des civils de divers groupes ethniques avec un caractère généralisé ou systématique.
« Certaines exactions peuvent être qualifiées de persécution pour des motifs ethniques », soulignent les enquêteurs dans leur document qui fait état de crimes et destructions qui se sont produits deux années après le début du conflit, continuant de provoquer le déplacement des populations, alors que des femmes sont réduites en esclaves.

Les enquêteurs onusiens pointent du doigt les forces de défense et de sécurité congolaises, ainsi que la milice Kamuina Nsapu et les milices Bana Mura pour avoir « délibérément tué ces civils, dont nombre d’enfants, et commis des atrocités à l’encontre de la population civile – notamment des mutilations, viols et autres formes de violences sexuelles, tortures, et exterminations ».
« La milice Kamuina Nsapu a également procédé à l’enrôlement d’enfants, filles et garçons », note le document.

Ces faits constituent des crimes contre l’humanité, selon les experts qui citent des actes de meurtre, viol, réduction en esclave, notamment sexuel, persécutions et autres actes inhumains. Mais, le groupe d’experts onusien déplore qu’« un très sérieux problème d’impunité subsiste au regard de l’ampleur et de la gravité des crimes ».

« Certaines des exactions commises par les forces de défense et de sécurité, les milices Bana Mura (soutenues par l’armée, ndlr) et la milice Kamuina Nsapu (rébellion, ndlr) constituent des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre, ainsi que des violations et des atteintes aux droits de l’homme », a indiqué le groupe d’enquêteurs de l’ONU dans les conclusions de leur rapport.

 L’impunité bloque toutes les procédures judiciaires

Selon l’ONU, cette vague de violences au Kasaï depuis 2016 s’inscrit dans un contexte national de tensions autour des élections présidentielles, et de pouvoir coutumier, lié étroitement à l’identité ethnique.
Dans ces conditions, les enquêteurs de l’ONU plaident pour une reddition des comptes des auteurs de ces crimes.

« Nous sommes choqués par la situation désastreuse qui a coûté la vie à plusieurs milliers de personnes et qui perdure dans la région sans attirer ni l’attention ni au plan national ni international, » a déclaré le président de l’équipe d’experts. « Il est grand temps que la justice mette fin à l’impunité de ces crimes si l’on ne veut pas que la dimension ethnique de ce conflit ne s’aggrave encore », a ajouté Bacre Waly Ndiaye.

L’équipe d’experts internationaux demande en outre que soit urgemment mis en place une politique de désarmement des milices ainsi qu’un processus de réconciliation afin d’éviter une nouvelle vague de violences et de permettre le retour des déplacés et réfugiés.

Le groupe d’experts internationaux, composé de Bacre Waly Ndiaye, Fatimata M’Baye et Luc Côté, s’était entretenu avec 524 victimes, témoins, auteurs présumés et d’autres sources. Des documents, photographies et vidéos appuyant les témoignages ont été collectés, notamment sur les incidents les plus graves d’atteintes au droit à la vie et à l’intégrité physique, notamment les violences sexuelles et basées sur le genre, ou encore les violences faites aux enfants.

Une violence sans pareille

Le Grand- Kasaï a été le théâtre, en 2016 et 2017, d’un violent conflit qui a débuté après la mort, le 12 août 2016, du chef traditionnel Kamuina Nsapu. Le bilan des affrontements entre les miliciens Kamuina Nsapu et les forces de sécurité, soutenues, selon le rapport, par les milices Bana Mura, est de plus de 3.000 morts et 1,4 millions de déplacés, selon le rapport des Nations Unies et de l’Eglise catholique.

Les enfants affectés

Ces violences ont d’ailleurs particulièrement affecté les enfants du Kasaï. Ces derniers ont été à la fois les principales victimes et acteurs des violences. Alors que le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a dénombré 1 220 garçons et 658 filles recrutés et utilisés par la milice Kamuina Nsapu au 30 août 2017, l’équipe d’experts estime que leur nombre est beaucoup plus élevé et que le recrutement continue.

Beaucoup d’enfants ont été enlevés, blessés, mutilés, détenus ou exécutés. Certains ont vu leurs parents battus, décapités ou leurs mères violées. « Beaucoup d’enfants ont été forcés à combattre, placés en première ligne sans armes ou avec des armes factices ou traditionnels, alors que d’autres ont été forcés à tuer et décapiter », a expliqué l’experte Fatimata M’Baye.

Nombre de femmes ont été aussi violées, parfois par de multiples assaillants simultanément ou de manière répétée, devant leurs maris, leurs enfants ou d’autres membres de leurs familles. Un grand nombre de femmes victimes de violences sexuelles et principalement de viols ont témoigné des difficultés médicales et psychologiques endurées auxquelles elles doivent faire face, outre les difficultés médicales et psychologiques endurées.

Notons que deux experts de l’ONU, Michael Sharp et Zaida Catalan, ont été tués en mars 2017 sur l’axe Bukonde-Tshimbulu alors qu’ils enquêtaient sur les violations des droits de l’homme au Kasaï.

Par GKM

Laissez un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *