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La coopération belge en RDC mise en cause dans un rapport d’ONG belges

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La coopération belge en RDC mise en cause dans un rapport d’ONG belges

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Elle est accusée de participer l’exploitation de trois plantations d’huile de palme qui posent des problèmes aux populations locales

La plateforme d’ONG de développement belges CNCD-11.11.11, met en cause la coopération belge pour sa participation à l’exploitation de trois plantations d’huile de palme au nord et au nord-est du pays (ex-Equateur et ex-Province orientale) par l’entreprise canadienne Feronia. Elle demande à Alexandre De Croo, le ministre belge de la Coopération à changer de cap.

D’après le lalibre.be, c’est au terme d’une mission en Rd Congo, que le CNCD-11.11.11 a découvert que Feronia a racheté trois plantations, d’une superficie totale de 100.000 hectares, pour 2,6 millions d’euros, au groupe  Unilever, qui les exploitait depuis 1911. L’entreprise canadienne entendait surfer sur l’accroissement  de la demande internationale d’huile de palme.

Accaparement de terres ?

Elle aurait perçu, selon la plateforme d’ONG belges, « plus de 100 millions de dollars » d’institutions publiques de financement du développement de pays occidentaux, dont 11 millions de Bio – société publique belge d’investissement dans les pays en développement – au nom de « l’emploi rural », en dépit des mises en garde de plusieurs ONG, dont le CNCD-11.11.11, sur le risque d’appuyer un cas d’accaparement de terres. Feronia s’est en effet présentée comme vecteur de développement, étant le principal pourvoyeur  d’emplois dans des régions très pauvres de RDC.

A l’issue sa  mission sur le terrain, le CNCD-11.11.11 confirme de  nombreux problèmes posés par les plantations de palmiers à huile, qui poussent sur un tiers des surfaces acquises par l’entreprise canadienne. Il y a les salaires payés aux travailleurs congolais, qui  ne leur permettent pas une vie décente, avec moins d’un euro par jour (sous le seuil d’extrême-pauvreté défini par l’ONU), soit le quart du nouveau minimum légal congolais.

Feronia assure que faire passer le salaire journalier des travailleurs congolais à 4 euros/jour, comme le prévoit maintenant la loi, mettrait la survie de l’entreprise en danger. Le CNCD-11.11.11 signale que « les salaires des dirigeants » de l’entreprise canadienne « sont plus de 1000 fois supérieurs à ceux des ouvriers ».

Plus d’accès aux terrains

Par ailleurs, d’après  les responsables des communautés villageoises proches des plantations, le nombre d’emplois créés par Feronia est bien inférieur au nombre de personnes ayant  perdu la capacité de se nourrir, en perdant leur accès à la terre depuis que l’entreprise canadienne s’y est installée.

En effet, quand Unilever a abandonné ses activités, les villageois ont commencé à cultiver certaines des terres les plus proches de chez eux. En outre, les deux tiers des terres acquises par Feronia sont des forêts, où les populations trouvaient de quoi compléter leurs besoins alimentaires par la chasse, la pêche ou encore la cueillette des plantes médicinales. Actuellement, les gardes de Feronia leur en  interdisent l’accès.

Le CNCD-11.11.11 explique qu’il y a encore des contestations par des communautés villageoises voisines des plantations d’une partie des titres fonciers acquis par Feronia. Deux d’entre elles ont déposé une plainte contre l’entreprise canadienne le 15 janvier 2019 devant une commission gérant les plaintes auprès des banques de développement allemandes, néerlandaises et françaises.

De plus l’huile de palme que produit Feronia s’avère  inaccessible pour la majorité des habitants des régions concernées, trop pauvres. Le liquide oléagineux est exporté vers l’industrie du savon, loin des plantations de l’entreprise canadienne. Pourtant la ville de  Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, la ville la plus proche, en manque pour son usage alimentaire, ce qui en maintient des  prix hauts.

Routes bloquées

Les communautés se plaignent aussi de n’avoir pas été dûment consultées, même si des dirigeants locaux ont signé des cahiers des charges après avoir subi « des pressions », accuse le CNCD-11.11.11. Et les obligations de Feronia – construire des écoles et des centres de santé, comme promis – sont très peu respectées par l’entreprise canadienne.
Ne voyant pas leurs doléances rencontrées, des habitants de trois villages,  Bolombo, Wamba et Bokala-Wamba,  ont même  bloqué des routes utilisées par les plantations pour évacuer les grappes de graines à huile, depuis le 16 mars dernier. Et la tension ne semble pas retomber, selon le CNCD-11.11.11.

Par YHR

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