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1er juin 2010-5 juin 2019 : Un vrai procès Chebeya-Bazana exigé

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1er juin 2010-5 juin 2019 : Un vrai procès Chebeya-Bazana exigé

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L’implication du chef de l’État très sollicitée pour éviter de fermer les yeux sur ce crime crapuleux

Plusieurs défenseurs des Droits de l’Homme et activistes pro-démocrates, ainsi que certaines autorités, notamment nationales, ont participé, hier mercredi 5 juin, à la cérémonie de commémoration du 9ème anniversaire, à travers la ville province de Kinshasa, de l’assassinat de Floribert Chebeya Bahizire, à l’époque directeur exécutif de la VSV (Voix des Sans Voix pour les droits de l’homme), et de la disparition forcée de son compagnon Fidèle Bazana Edadi.
Une cérémonie très émouvante, qui a eu lieu  au cimetière de Benseke Mfuti, pour un recueillement et le dépôt de gerbes de fleurs devant la tombe de Chebeya.

L’occasion a été ainsi donnée à un membre de la famille de l’illustre disparu de dire un mot et à l’actuel directeur exécutif de la VSV, Rostin Manketa, de  relever que cet énième anniversaire de ce qu’il a qualifié  de «crime d’État», perpétré le 01 juin 2010 à l’endroit de l’ancien directeur exécutif de la VSV et du chargé de dispatching de la même organisation, est intervenu après l’alternance politique au sommet de l’Etat en RD Congo.

Crime d’État

Le directeur exécutif de la VSV a rappelé la raison qui a fait que la cérémonie de commémoration du 9ème anniversaire de la disparition de  Flobert Chebeya et Fidèle Bazana Edadi soit reportée du 1er  juin, jour du drame, au mercredi 5 juin. C’était pour participer aux obsèques tenues à Kinshasa de feu Etienne Tshisekedi wa Mulumba, qui  a mené le même noble combat que le défunt directeur exécutif de la VSV pour un État de droit et l’avènement de la démocratie en RD Congo.

«Point n’a besoin de vous rappeler que chaque le 1èr juin reste et restera toujours une date commémorative où tous les défenseurs des droits humains et l’opinion tant nationale que internationale se mobilisent et se mobiliseront toujours davantage pour se souvenir de Floribert Chebeya et son compagnon d’infortune Fidèle Bazana, tous assassinés injustement pour leur combat en faveur de la démocratie, du respect des droits humains et des libertés fondamentaux. A travers eux, nous nous soutenons tous les autres collègues défenseurs des droits humains assassinés également injustement pour leur travail», a déclaré Manketa devant la tombe du défunt.

Réouverture du procès

Le directeur exécutif de la VSV a également relevé que la date de cette tragédie  doit être  une occasion, non seulement pour raviver la mémoire de l’opinion publique, mais aussi et surtout de rappeler la nécessité de poursuivre la lutte qu’a menée Floribert Chebeya. Il a, en outre, souligné que cela fait 9 ans que justice n’a pas été rendue à ce défenseur des droits humains et à son compagnons, qui ont été torturés et soumis à un traitement cruel, inhumain ou dégradant dans les installations de l’Inspection générale de la Police Nationale Congolaise (actuel Commissariat général de la Police Nationale Congolaise).

Rostin Manketa a fait, par ailleurs, allusion au procès tenu en son  temps, procès dans un contexte politique caractérisé par l’oppression, la peur et l’absence d’indépendance de ceux qui sont appelés à dire le vrai droit face aux plus forts politiquement et donc, dans une ambiance d’enchainement de la justice et de la vérité en RD Congo. C’est pourquoi, l’appel a été lancé au Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, en sa qualité de Magistrat suprême, à la réouverture du procès sur l’assassinat de Floribert Chebeya et  de la disparition forcée de son compagnon d’infortune. Et de dire, «pour la VSV, son excellence Monsieur le Président de la République doit savoir qu’il est impossible de bâtir un État de droit en fermant les yeux sur les crimes passés au nom des intérêts de la coalition avec l’ancien régime».

L’implication du chef de l’État sollicitée

La sollicitation de l’implication du chef de l’État issu de l’alternance politique intervenue dans le pays a constitué la préoccupation des animateurs de la conférence organisée, dans le même cadre de la commémoration de ce 9ème anniversaire, dans l’après-midi en la salle paroissiale de Notre-Dame de Fatima, à Gombe.

Axée  sur le thème: «Problématique de la réouverture du procès: assassinat Floribert Chebeya et Fidèle Bazana dans un contexte d’alternance démocratique», Maître Jean-Marie Kabengela Ilunga et Maître Jean-Claude Katende ont exposé respectivement les pistes pour la réouverture de ce procès et l’intervention des politiques pour faire avancer ce même procès.

Parmi les pistes soulevées par Me Kabengela, on peut reprendre le procès en faisant revenir tous les prévenus et ceux qui renseignent devant la haute cour militaire, même ceux qui sont à l’étranger et ont un rapport d’une manière ou une autre à cet affaire. On peut aussi obtenir du ministre de la Justice l’injonction de la réouverture de ce procès avec les moyens de refaire venir le général John Numbi pour être jugé, afin de permettre la tenue d’un procès véritablement équitable.

Pour Me  Katende, à l’issue de l’alternance politique réalisée au pays, le moment est plus que propice pour  obtenir l’implication du Président de la République dans l’organisation d’un procès effectivement équitable. Il a, par ailleurs, invité les défenseurs des droits humains à la mobilisation importante de toutes la population congolaise, afin d’obtenir la réouverture du procès.

«Ce qui est arrivé à Floribert Chebeya, peut arriver à chacun de nous», a-t-il insisté. C’est ainsi qu’il a sollicité l’implication du Président Félix A. Tshisekedi pour un vrai procès sur cette affaire d’assassinat d’un défenseur des droits humains. Il a même exigé la révocation de la police du général John Numbi, considéré jusque-là par certains comme le commanditaire de cet assassinat et de cette disparition. Surtout qu’un de ceux qui est présenté comme témoin dans cette affaire, en exil pour le moment au Sénégal, le major Paul Milambwe, a accepté de rentrer au pays pour participer au procès et donner sa version des faits.

Le  Film de  l’assassinat de Chebeya et de la disparition forcée de Bazana

Mais avant l’intervention des conférenciers, un film sur l’assassinat de Floribert Chebeya et le probable meurtre de son compagnon Fidèle Bazana a été projeté. Il a été interrompu pour laisser la place à la conférence.  La députée nationale, Eve Bazaïba, secrétaire général du MLC (Mouvement pour la Libération du Congo), est intervenue pour demander la projection de l’ensemble de ce film le 26 juin prochain, date consacrée à la Journée internationale contre la torture, afin de débattre sur les actions à mener pour éviter de pareils  crimes qui peuvent arriver non seulement aux défenseurs des droits humains et activistes pro-démocratie, mais aussi aux acteurs politiques, qui ont déjà eu à subir les violences des détenteurs du pouvoir au pays.

La cérémonie de la commémoration de l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana a été clôturée par une messe d’action de grâce, officiée dans la soirée à l’église Notre-Dame de Fatima.

Par LKT

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