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Alors que les Congolais attendent la convocation du corps électoral : Assises de Kananga, une distraction!

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Alors que les Congolais attendent la convocation du corps électoral : Assises de Kananga, une distraction!

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Retranché dans la ville meurtrie de Kananga, le président de la CENI prétend faire une évaluation du processus dont les conclusions lui sont déjà dictées par le pouvoir en place.

Alors que le processus d’enrôlement touche pratiquement à sa fin dans la grande ville de Kinshasa, le « Cnsa » mis en place, la tenue des élections promises cette année par Corneille Nangaa devient de plus en plus hypothétique. Car, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est, lui, déjà lancé dans une logique suicidaire de reporter ces scrutins, comme il l’avait d’ailleurs annoncé dernièrement en affirmant, à partir de l’étranger, que techniquement, il n’est plus possible de respecter le rendez-vous du 31 décembre 2017 comme convenu au centre interdiocésain.

La loi sur la répartition des sièges traine à être élaborée et votée au Parlement. Pourtant, Olenghankoy a été désigné président du Conseil national de suivi de l’accord sans soubassement juridique. Car la loi n’existe pas encore. Donc, sur le plan du droit, Olenghankoy n’est pas reconnu comme n°1 du Cnsa.

Après le calvaire subi par le Grand Kasaï, particulièrement Kananga, où des milliers de Congolais viennent d’être massacrés, les découvertes des fosses communes faisant foi, voilà que la même ville est choisie par les dirigeants pour décider d’une autre catastrophe, celle relative à un nouveau report des élections qui devraient avoir lieu depuis le 28 novembre 2016. L’avenir des élections se décide donc à Kananga, et le décor pour le report desdits scrutins y est déjà planté.

C’est dans ce cadre que le président de la Ceni et son staff y séjournent depuis quelques jours. Il vient d’être rejoint par quelques membres du gouvernement dont le VPM Ramazani Shadary de l’Intérieur, le ministre des Relations avec le Parlement, Lisanga Bonganga, le vice-premier ministre en charge des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba et bien d’autres cadres de la MP.

Du côté du prétendu Conseil national de suivi de l’Accord, le premier vice-président de cette structure, le professeur Lumanu Bwanansefu qui est aussi un cadre de la MP, a également effectué le déplacement de Kananga. Quelques députés et sénateurs sont aussi embarqués dans cette aventure, de même que certains diplomates pour donner un minimum de crédibilité à cette messe noire. Curieusement, apprend-t-on, Joseph Olenghankoy ne reconnaitrait pas la tenue cette rencontre, et serait encore à Kinshasa.

Ce qui est plus grave, la Ceni ne dispose pas encore de calendrier pour décider du report de ce scrutin. Pendant ce temps, le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement attend plutôt de la centrale électorale la convocation, dans un mois exactement, soit le 30 septembre prochain, du corps électoral.

Au cas contraire, la grande plate-forme de l’Opposition promet d’embarquer le peuple dans des actions de désobéissance civile, et ne reconnaitra plus Joseph Kabila comme président de la République, a averti Félix Antoine Tshisekedi.  La Ceni reste, en plus, muette sur la probable date à laquelle ces élections auront lieu, en cas du report. Mars, avril, mai 2017… aucune proposition n’est faite dans ce sens. Ce qui pousse certaines têtes d’affiche de l’Opposition à soutenir la thèse d’une transition sans Kabila après le 31 décembre 2017.

Malgré toutes ces incohérences, la Ceni se réunit avec le gouvernement et le Cnsa pour constater l’impossibilité d’organiser les élections cette année. Un passage en force devra être fait, et la thèse sera imposée à la population, comme d’habitude. Et comme cela coïncide avec la période annoncée par le Rassop sur des actions d’envergure, il y aura, sans nul doute, des heurtes entre les pro et les anti report.

Le G7 avait raison

Finalement, l’opinion donne raison au G7 qui, en 2015, avait claqué la porte de la Majorité présidentielle (MP) qu’il avait déjà soupçonné d’éviter les élections. Le porte-parole du gouvernement avait qualifié cet acte de « procès d’intentions », rassurant que Joseph Kabila était prêt à quitter le pouvoir le 19 décembre 2016. Aujourd’hui, l’avenir entérine la décision de Katumbi, Mwando Nsimba, Kamitatu, Lutundula, Endundo et Kyungu. Car, manifestement, la Majorité présidentielle ne veut pas d’élections, ni d’alternance au sommet de l’Etat.

Septembre 2017, un virage inquiétant

La République démocratique du Congo amorce le dernier virage vers les élections qui risquent de ne plus avoir lieu. Dans ce cas, des actions d’envergure sont prévues, dès le début du mois de septembre, par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Des accrochages ne manqueront sans nul doute pas entre la police et les manifestants.  Avec la grogne sociale qui affecte tous les secteurs de la vie nationale, à travers les grèves des enseignants de l’Epsp, de l’Esu, et des médecins, bientôt les magistrats, les manifestations du Rassop risquent d’avoir une autre ampleur.

Quid de la libération des prisonniers politiques ?

Des leaders politiques continuent de croupir en prison, alors que l’accord du 31 décembre a prévu la rubrique « Décrispation », et toutes les parties ont apposé leurs signatures. 9 mois après, les figures emblématiques telles qu’Eugène Diomi Ndongala, Jean-Claude Muyambo… ne sont toujours pas libérés. Au contraire la liste s’est allongée avec Franck Diongo dont l’état de santé est plus qu’inquiétant.

Comme si cela ne suffisait pas, d’autres leaders sont contraints à l’exil. Parmi eux, Moïse Katumbi, candidat déclaré à la prochaine présidentielle. Sindika Dokolo est aussi interdit de poser ses pieds dans son Congo natal. Les activistes des droits de l’homme et des membres de différents mouvements citoyens sont à la merci des « services » qui les arrêtent à leur gré. Des journalistes qui n’émettent pas sur la même longueur d’ondes que le pouvoir subissent le même sort.

Dans un tel climat politique, les conclusions des travaux qui se tiennent à Kananga sont connues d’avance. Une nouvelle feuille de route sera sans nul doute élaborée plus tard, que la Ceni soumettra, le moment venu, au gouvernement et au prétendu Cnsa. Le scenario est tel que les deux ne feront qu’entériner, moyennant quelques amendements.

Reste à savoir si le Rassemblement et le peuple dont les souffrances ne font que s’amplifier se sentiront concernés par les conclusions qui sanctionneront les assises de Kananga. Sinon, les jours à venir seront très houleux à Kinshasa et dans les principales villes du pays.

Par LM

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