Tolérés, les footballeurs binationaux jouissent d’une certaine légalité pendant  que sur le plan politique, c’est une autre réalité  

Les réactions enregistrées autour de la double nationalité montrent à quel point ce dossier prend une ampleur inquiétante en RDC à quelques mois des élections prévues en décembre prochain. La toile s’enflamme au jour le jour avec des révélations inédites. Qui dit vrai ? Et qui est aujourd’hui responsable de cette situation mal prise en charge lors de la législature post élections de 2006 ? Voilà autant de questions qui reviennent à l’esprit.

Sur le plan politique, le moratoire sur la double nationalité initié en 2009 est resté sans suite, tandis que du côté des sportifs binationaux il y a une certaine légalité. Pour preuve, il est fait régulièrement appel à ces compatriotes de la diaspora pour renforcer l’équipe nationale.

C’est à la grande satisfaction des Congolais vivant au pays quand ces joueurs viennent pour renforcer les Léopards. Des missions sont même encouragées au frais du Trésor public pour aller les chercher dans leurs différents pays d’adoption. Et quand ils arrivent, on constate que certains de ces joueurs binationaux n’ont la maitrise d’aucune langue nationale. Malgré cela, ils sont tout simplement tolérés, acceptés et même applaudis dans nos stades au fur et à mesure.

La situation est curieusement toute autre sur le plan  politique. L’ancien Directeur de cabinet du Président de la République s’est vu refuser l’accréditation en Belgique, au motif qu’il n’a jamais renoncé à la nationalité belge détenue par devers lui.

Aujourd’hui, il représente les intérêts de la RDC en Angola. Samy Badibanga Ntita a été nommé premier ministre en novembre 2016 au sortir des Concertations politiques tenues à la Cité de l’Union africaine. Il s’est délaissé de sa nationalité belge tout en étant en fonction, sur base d’un document brandi par son ministre en charge de la Justice. Le Dr Tharcisse Loseke  a encore de la peine à défendre son action en justice contre Jean-Marc Kabund de l’UDPS.

Il lui est reproché lors de la première audience intervenue le mercredi 28 mars au Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Matete, le défaut de qualité dans une affaire concernant en principe les Congolais. S’étant servi d’un passeport belge à titre de voyage, d’après un message sur les réseaux sociaux lui attribué, Tharcisse Loseke doit présentement passer un sale temps susceptible de compromettre son avenir politique.

Ancien ministre en charge du Commerce extérieur, élu de la circonscription électorale de Miabi au Kasaï oriental et même candidat à la magistrature suprême, Roger Lumbala Tshitenge avait brandi sa nationalité française lors d’une altercation dans une ambassade africaine.

Un autre ministre en fonction garde encore sa nationalité étrangère, en contradiction avec la Constitution en vigueur en RDC. Les cas cités concernent des personnalités proches de la Majorité présidentielle qui fait de la double nationalité son problème.

Face à cette situation, Delly Sesanga de la plateforme politique de soutien à Moïse Katumbi Chapwe conseille la prudence. Se confiant le mardi 28 mars à RFI, il a déclaré notamment : « nous mettons en garde les uns et les autres sur le fait que ces dérapages sur la question de nationalité est une pente glissante qui peut ramener le pays à des souvenirs que nous ne voulons pas revivre ».

Son collègue du mouvement « Ensemble pour l’alternance »  et porte–parole de ce regroupement promet de déballer les origines de tout le monde. Il en a fait mention sur son compte Twitter en indiquant de livrer au moment opportun les éléments concernant la nationalité de Moïse Katumbi.

Comme on le voit, cette affaire de double nationalité est un couteau à double tranchant qui appelle à beaucoup de  délicatesse pour la traiter, afin d’éviter un chaos inutile au pays. Surtout que dans tous les camps politiques en présence, on se trouve devant plusieurs cas de binationaux.

Par MKM