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Kitshil, un phénomène ayant hypothéqué l’avenir de plusieurs femmes

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Kitshil, un phénomène ayant hypothéqué l’avenir de plusieurs femmes

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Depuis la nuit des temps, le phénomène  communément appelé Kintuidi fut décrié par plusieurs personnes appartenant à d’autres tribus de la République Démocratique du Congo (RDC). Il s’agit d’une union entre deux personnes consanguines, issues d’un ancêtre commun.

Le phénomène, révèle une femme Dinga, tribu de la province du Kwilu, ex Bandundu, ne s’observe pas que chez les Yansi, comme pensent plusieurs personnes. D’autres tribus de la même province en pratiquent autant sous une diverse appellation.

Selon cette dame d’une soixantaine d’années, cette pratique est également observée chez les Dinga. Pour ces derniers, dit-elle, Kitshil, c’est le fait qu’une femme donne ses filles en mariage aux enfants de ses tantes paternelles (cousines à son père) ou encore aux enfants des tantes paternelles issues du même ancêtre que son père. En d’autres termes, ces jeunes hommes ont le droit sur les jeunes filles en question, considérées comme leur propriété privée concernant l’union conjugale, en conformité avec la coutume. Cependant, affirme-t-elle, les filles de ces tantes paternelles peuvent être également prises en mariage par les petits-fils de ces dernières.

Motif et inconvénient

Kitshil a été initié tout simplement dans le souci de renforcer encore la relation familiale entre les membres partageant le lien consanguin, rapporte la dame. Et de poursuivre « cela ne se fait pas de manière automatique parce que tout dépend de la famille concernée par le Kitshil. Il faut savoir que si les filles à épouser n’affichent pas un très bon comportement, elles ne seront pas non plus sollicitées ».

Pour elles, plusieurs responsables de famille, surtout la maman, se soumettaient à cette pratique par crainte de perdre leur vie étant donné que la maman était toujours accusée d’entêter ses filles à ne pas contracter ce genre de mariage. Par peur de ce pouvoir occulte, les jeunes filles du village devraient se plier à la coutume pour sauvegarder aussi leur propre vie ainsi que leur maternité. « Celles qui se mariaient en dehors de la tradition étaient condamnées parfois à rester stériles le reste de leur vie. C’était une façon de les punir pour avoir défier le rituel traditionnel », révèle la femme Dinga.

L’oratrice a fait savoir que l’avenir de beaucoup de filles a été hypothéqué à cause de Kisthil. Il y a de celles qui se sont retrouvées entres les mains des maris analphabètes quand bien même qu’elles étaient passées sur le banc de l’école. « Cette situation a été compliquée à vivre dans plusieurs familles puisque l’on devrait souvent s’y conformer par crainte de la sorcellerie ou encore des forces occultes qui agissaient derrière ce rite.

C’est en quelque sorte une pilule amère qu’on devrait avaler malgré soi. Néanmoins, celles qui avaient la chance de se marier avec des intellectuels, évoluaient sans aucun problème  », a-t-elle renseigné.

Une pratique révolue

Avec l’évolution de la mentalité et l’exode rurale vers des grandes villes, les jeunes filles ne veulent plus s’accorder avec une telle coutume jugée rétrograde à ces jours. « Suite à cela, tout se limite actuellement au niveau de la dot, c’est-à-dire que les personnes ayant droit sur ces filles perçoivent une grosse partie de la dot après le père biologique, et les oncles maternels viennent en troisième position.

Je vous assure qu’au cas où le marié verserait une partie de l’argent seulement, c’est d’abord ‘’les propriétaires’’ de la jeune fille qui en bénéficieront en premier étant donné qu’ils ont ‘’vendu’’ leur femme », conclut la sexagénaire.

Par Tantia Sakata

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