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Décryptant la dernière conférence de presse du chef de l’Etat congolais : Human Rights Watch relève des zones d’ombre dans les affirmations de J. Kabila

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Décryptant la dernière conférence de presse du chef de l’Etat congolais : Human Rights Watch relève des zones d’ombre dans les affirmations de J. Kabila

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Ida Sawyer, Directrice en charge de l’Afrique centrale à cette ONGDH de droit américain, accuse le chef de l’Etat de bouder la crise politique sur fond de répression

Ida Sawyer, Central Africa Director à Human Rights Watch a suivi attentivement  la dernière conférence de presse tenue le  vendredi dernier par  le président Joseph Kabila. Dans un communiqué, elle  a fait le décryptage de la dernière sortie médiatique du  numéro un congolais, qu’elle accuse de dédaigner la crise politique qui secoue la République démocratique du Congo,  sur fond de répressions sanglantes des manifestations pacifiques.

Pour la Directrice en charge de l’Afrique Centrale à HRW, Kabila a tenu des propos qui signalent que la crise politique en RD Congo est loin d’être résolue et qu’on peut s’attendre à de nouvelles répressions et restrictions aux libertés d’expression et de réunion dans le pays.

Elle regrette de voir que lors de sa conférence de presse – sa première depuis cinq ans- le locataire du Palais de la Nation n’a pris aucun de ces engagements. Tout en affirmant que le processus électoral était ” résolument engagé “, il a déclaré que seule la Commission Electorale Nationale Indépendante  (CENI) était habilitée à décider de la date exacte des élections. Quand une journaliste a demandé à Kabila s’il se représenterait, il n’a pas dit non, mais a demandé qu’une copie de la Constitution soit remise à la journaliste, s’indigne -t- elle.

En dépit du fait que le droit des Congolais de manifester pacifiquement est reconnu par la constitution du pays et par le droit international, Ida fustige les propos de  Kabila qui a affirmé qu’une nouvelle loi était nécessaire pour ” recadrer ” la légalité de telles manifestations, soulignant que ” la démocratie, ce n’est pas la foire.

” Il a déclaré qu’il ” s’éclatait ” quand il voyait ceux qui ” prétendent défendre la Constitution aujourd’hui. ” Malheureusement, ce que Kabila considère comme prêtant à rire, c’est le spectacle des forces de sécurité tuant par balles, blessant et emprisonnant des centaines de personnes qui appellent pacifiquement au respect de la loi fondamentale.

Kabila a également mis en cause le coût du processus électoral qui, selon lui, peut peser au détriment du développement du pays : ” Est-ce qu’il faut qu’on soit cité comme le pays le plus démocratique dans le monde ou bien c’est le développement qui compte ? “, a-t-il demandé. ” [A]u moment venu “, a-t-il ajouté, il faudra ” prendre des décisions courageuses “.

S’agissait-il là d’une allusion voilée à un prochain referendum ou à un changement du processus électoral qui permettrait à Kabila de se maintenir au pouvoir ?
Ida Sawyer signifie que les propos de Kabila ont été tenus deux jours après que le bureau des droits de l’homme des Nations Unies en RD Congo ait annoncé dans un rapport que 1 176 personnes avaient été exécutées de manière extrajudiciaire par des ” agents de l’Etat ” congolais en 2017, ce qui représente un triplement sur une période de deux ans.

Crise politique sur fond de répression sanglante

Le 21 janvier,  alors que des milliers de fidèles catholiques et d’autres citoyens congolais  manifestaient dans plusieurs villes, appelant Kabila à quitter le pouvoir et à permettre l’organisation d’élections, les forces de sécurité ont répondu en faisant usage d’une force injustifiée ou excessive, tirant des gaz lacrymogènes ou tirant à balles réelles pour disperser les attroupements, regrette HRW.

A en croire l’Ong, au  moins sept personnes ont été tuées dont une femme de 24 ans qui aspirait à la vie religieuse, tuée par balles devant son église.  HRW note que la répression du 21 janvier a fait suite à des manifestations similaires auxquelles avaient appelé des responsables laïcs de l’Eglise catholique de la RDC après la messe dominicale du 31 décembre, lorsque les forces de sécurité ont tué au moins huit personnes et blessé ou arrêté de nombreuses autres, dont plusieurs prêtres catholiques.

L’ONGDH signale qu’au cours des trois dernières années,  Joseph Kabila et son entourage ont recouru à des manœuvres dilatoires, l’une à la suite de l’autre, pour retarder les élections et enraciner leur pouvoir, par une répression brutale, des violences et des violations des droits humains à grande échelle, et en s’appuyant sur une corruption systémique.

Par GKM

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